Un Wali : "Jijel est une vierge qu’il faut déguster"

La
chronique du Condjador (78)
Depuis que je défriche mon terrain de Boughedir, j’éprouve au fond de moi le sentiment que je vais trouver sous terre des objets anciens appartenant à ceux qui
avaient habité il y des millénaires sur ces hauteurs de Jijel.
Ici, l’endroit est vierge de toute action humaine. Après ma visite des ruines de Dar al Batah en compagnie de Karim Hadji,
l’idée de découvrir quelque chose ici est inévitable compte tenu des similitudes entre les terrains et leurs implantations. Les anciens choisissaient toujours
les hauteurs comme tours d’observation.
Oui, le pressentiment d’une trouvaille s’est avéré juste, seulement au lieu de traces laissées par l’homme, j’ai trouvé… des fossiles laissés par la nature.
C’était merveilleux, ce mercredi 13 mars 2013 d'autant plus que la découverte avait un rapport avec moi, un marin! J’ai bien lavé la surface de la pierre, ensemble de couches dures et de
couches argileuses de différentes couleurs. C’est ainsi que sont apparues des branches de corail marin (voir photo plus haut).
Ce genre de trouvailles reste inexploitable à Jijel, où elles rencontrent l’indifférence totale des autorités. Comme pour
ce sépulcre romain antique, découvert par Karim Hadji et qu’il a baptisé le Dormant de Dar el Batah. Il se trouve à un jet de pierre du centre-ville de Jijel !

Le
Dormant de Dar el Batah. Photo Karim HadjiJijel-Archéo
Les lettres de Karim Hadji pour informer de cette découverte sont restées sans réponse. Dans cette wilaya, l’histoire de Jijel n'a commencé que le
1er novembre 1954. Les millénaires d’histoire, on veut les faire oublier aux habitants. Une forme de bâtardise culturelle. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Rappelons-nous les
propos de cet ancien wali qui disait : « Jijel est une vierge qu’il faut déguster ». Cette volonté d’effacer le patrimoine
culturel de cette ville est une façon de rendre cette ville sans droit sur elle-même.
Jijel, le 14 mars
2013