Syrie : Hollande et Cameron pour les armes
DR-A Homs
Une analyse de l’Humanité
La France et la Grande-Bretagne tablent sur une solution militaire malgré les risques de déstabilisation régionale et le poids des islamistes. Cela peut conduire une guerre civile.
Il est sujet sur lequel les gouvernements français et britannique s’entendent comme larrons en foire : le dossier syrien. Les deux marchent de conserve pour pousser toujours plus à la guerre. Mardi, le premier ministre britannique, David Cameron, avait indiqué que son pays pourrait se désolidariser de l’embargo de l’UE en cours, en fournissant des armes à l’opposition syrienne pour lutter contre le président Bachar Al Assad. « Il n’est pas impossible que nous procédions comme bon nous semble », disait David Cameron. « C’est possible. Nous sommes encore un pays indépendant, nous pouvons avoir une politique étrangère indépendante », insistait-il.
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, lui emboîtait immédiatement le pas. Il a expliqué sur France Info que Paris et Londres demanderaient à leurs partenaires européens d’avancer la réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept prévue le 22 avril pour réexaminer le maintien de l’embargo reconduit le 1er mars dernier jusqu’au 31 mai. « On ne peut pas accepter ce déséquilibre actuel, d’un côté la Russie et l’Iran qui livrent des armes à Bachar et de l’autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre », a-t-il dit. Oubliant au passage non seulement les livraisons d’armes auxquelles procèdent l’Arabie saoudite et le Qatar (vraisemblablement avant même le déclenchement de la révolte) mais également l’existence de camps d’entraînement, notamment en Turquie, encadrés par des spécialistes américains et européens. Interrogé sur la réaction française si les Européens n’acceptaient pas une levée de l’embargo, Fabius, qui se défend d’abandonner toute solution politique, a répondu que la France « est une nation souveraine», laissant ainsi entendre qu’elle était prête à s’en affranchir ! La Coalition nationale syrienne (qui ne fédère pas toute l’opposition), qui réclame des armes depuis des mois, a salué la nouvelle position de Paris et Londres. « Nous considérons que c’est un pas dans la bonne direction », a déclaré Walid Bounni, le porte-parole.
Pourtant, même le très sérieux et respecté Institut international d’études stratégiques (IISS) basé à Londres souligne que « si le président Bachar Al Assad peut ne pas gagner, les rebelles peuvent toujours perdre ». Dans son rapport, l’IISS prévient que l’absence chez les rebelles d’une direction politique et militaire forte entraîne des risques accrus de combats entre factions au sein de l’opposition au régime. « Cela peut conduire le pays à sombrer dans une guerre civile dans laquelle le gouvernement serait la faction la plus importante parmi d’autres, ce qui accroît les risques de déstabilisation de la région. »
15 mars 2013. L’Humanité