SYRIE-François Fillon s'explique
DR-François Fillon, fermement opposé, comme la Russie,
à des frappes sur la Syrie, reproche ainsi au président
François Hollande d'être aligné sur la position du
président américain Barack Obama - AFP
Par François Fillon, 20 septembre 2013
Mes propos tenus en Russie provoquent quelques remous. Il en faut davantage pour me faire tanguer et me faire taire.
Qu’ai-je dit ? "Nous avons, vous et nous, Russes et Européens, une influence déterminante sur les deux camps qui s'opposent en Syrie. Je souhaite à cet
égard que la France retrouve cette indépendance et cette liberté de jugement et d'action qui, seules, lui confèrent une autorité dans cette crise."
Mes propos sont mesurés, bien en deça des réserves et critiques que j’exprime depuis plusieurs semaines à l’égard de la stratégie du président de la République
dans l’affaire syrienne. J’ajoute que mes paroles sont bien plus respectueuses que celles que François Hollande prononçait à Bruxelles en 2011, lorsqu’il affirmait que « c'est Mme Merkel qui
décide et M. Sarkozy qui suit".
La réaction brutale et faussement outrée de quelques socialistes est dérisoire. Elle montre que je suis devenu une cible pour la gauche dont je ne crains ni
les coups ni les intimidations. Mais surtout, cette réaction prouve que j’ai touché juste. N’en déplaisent à ceux qui pensent que servir la France c’est platement taire les erreurs de son
gouvernement, je persiste et je signe : face au drame syrien, le Chef de l’Etat a fait preuve de précipitation en négligeant le rôle de l’ONU, en se plaçant sans prudence dans le sillage de nos
amis américains, en ignorant nos partenaires européens, en oubliant le rôle de la Russie, en sous-estimant surtout les conséquences d’une action militaire sans buts politiques
clairs.
En Russie, ma liberté de parole ne s’est d’ailleurs pas arrêtée à l’action de notre diplomatie. J’ai eu l’occasion de dire devant le Président Poutine qu’il
fallait condamner les violences « à commencer par l’atroce utilisation des armes chimiques qui est maintenant avérée par l’ONU dont il est inutile et dangereux de mettre en doute les
conclusions». Et j’ai ajouté la nécessité de parvenir à une résolution de l’ONU à la fois «constructive et dissuasive», car le régime de Bachar el Assad doit savoir que la communauté
internationale est prête à réagir en cas de non-respect des engagements.
Il se dit que François Hollande n’a pas apprécié mes propos tenus en Russie. Je lui rétorque que je n’ai pas apprécié ses choix dans cette crise. C’est ma conviction et c’est mon droit le plus absolu de l’exprimer. Plus qu’un droit, je dirai même, mon devoir.
Source: blog-fillon.com