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Publié par Saoudi Abdelaziz

L’une des principales préoccupations de l’appareil de l’UGTA est actuellement de garder le contrôle de la CNAS, des différentes caisses sociales, des mutuelles et des œuvres sociales. Ces organismes censés améliorer la protection sociale,  constituent leur garde-manger et une réserve de privilèges pour l’establishment (voyages et soins à l’étranger et pas seulement à la Mecque, prêts divers, etc.) mais aussi le cas échéant de liquidités pour les banquiers (Affaire Khalifa Bank).  

La montée des syndicats autonomes a commencé à remettre en cause ce monopole, notamment dans les œuvres sociale de l’éducation nationale, qui pourraient renouer avec la tradition imprimée, au lendemain de l’indépendance, par le regretté Mohamed Farès, secrétaire général de la FTEC.

Le contrôle de ces institutions  paritaires avait été concédé par le régime, dans le cadre d’un deal "gagnant-gagnant" conclu de longue date entre la bureaucratie de l'UGTA et le pouvoir, en échange de la paix sociale. Ce deal est garanti aujourd’hui par les tandems Sidi Saïd-Djenouhat d’un côté, Ouyahia-Louh de l’autre.

Le 19 mai dernier  à Tizi-Ouzou par Sidi-Saïd rappelait le crédo de la paix sociale : « Nous privilégions le dialogue, cet instrument universel de règlement des conflits à la place de la contestation. Notre devoir n’est pas d’enflammer les gens ». (Liberté du 21 mai)

La hiérarchie syndicale, après avoir fait le dos rond devant la montée du mouvement revendicatif, monte au créneau depuis quelques semaines, car les salariés ne revendiquent pas que pour l’estomac, comme l’espéraient les dirigeants du FLN-RND. Les revendications sur les salaires et les conditions de travail sont de plus en plus inséparables, pour les salariés, de l’exigence d’élire leurs représentants dans les actions et les négociations.

                                            méthode Ould Abbas

Le 23 mai, cinq jours après ce discours, les représentants des sections syndicales de la Caisse national d’assurance sociale (CNAS) de 36 wilayas se rassemblent à la Maison du Peuple, siège de la centrale syndicale, pour remettre une déclaration à Sidi Saïd. Ils demandent que la Centrale cesse de soutenir la commission qu’elle a mise en place pour bidouiller la préparation du congrès de la fédération des travailleurs de la Sécurité sociale et représenter les salariés aux négociations. Cette crise, qui se développait depuis quelque temps, n’est sans doute pas étrangère au limogeage, deux semaines auparavant, par le ministre du travail Louh en personne, du directeur de la CNAS de Constantine et de plusieurs gestionnaires de caisses, jugés favorables aux salariés

Après l’ultimatum du 23 mai, la réaction de la bureaucratie syndicale centrale est féroce. Les intimidations et menaces de l’administration, les pressions des unions locales  se multiplient. «Des responsables de l'UGTA s'emploient à des méthodes de répression incroyables jusqu'à enquêter sur la situation de chaque syndicaliste de manière à trouver une faille pour l'exploiter» (Le Temps, 25 mai). Le siège de la fédération, rue Didouche Mourad, où les contestataires se réunissaient, est fermé par la Centrale. Cela ne décourage pas la contestation. Une grève est imminente, le mot d’ordre circule et fait tâche d’huile.

Sept jours plus tard, c'est-à-dire hier, la « Commission de préparation » parachutée par la Centrale annonce la signature d’un accord pour un nouveau régime indemnitaire et une nouvelle valeur du point indiciaire avec effets rétroactifs. Bien sûr, dans leur communiqué, les courageux négociateurs n’oublient pas de remercier « le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ainsi que le secrétaire général de l'UGTA pour avoir donné une impulsion décisive aux négociations et à leur conclusion dans le sens des attentes légitimes des travailleurs ».

Ghania Oukaci écrit dans le Quotidien d’Oran du 31 mai : « Il est curieux qu'à peine une semaine de l'aboutissement des négociations, les coordinateurs et secrétaires généraux des wilayas représentant les travailleurs de la sécurité sociale se sont réunis pour lui dénier le droit de représenter les travailleurs du secteur.

Comme on l’aura compris, Sidi Saïd et le retors Ouyahia utilisent ce que les syndicalistes nomment la « tactique Ould Abbas », mise en œuvre dans le conflit avec les médecins : satisfaire les revendications lorsque la pression des salariés est très forte mais en attribuer le mérite aux « jaunes », pour casser l’interlocuteur syndical. Les travailleurs seront-ils reconnaissants à l'égard de la commission jaune. On verra.».

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