Révisions doctrinales nécessaires pour fonder le petit impérialisme algérien
Par Saoudi Abdelaziz, 7 mars 2013
Comme on le sait, une nouvelle stratégie a été mise au point pendant le premier mandat d’Obama pour préserver, dans un contexte de débacle, l’hégémonie des intérêts américains dans les régions utiles du monde. Cette revision doctrinale a été imposée par l’échec de la ligne néoconservatrice. L’armée américaine a évacué l’Irak et se prépare à plier bagages en Afganistan. Au plan économique, l’hégémonie américano-occidentale est battue en brêche par les puissances économiques émergentes coordonnées dans les BRICS.
Le programme du deuxième mandat consiste à approfondir les révisions déjà engagée. Il faut éviter d’utiliser directement la puissance militaire et technologique pour contrôler les zones à fort potentiel de ressources. Le rapport des forces mondiales ne le permet plus. Comment mettre en place des intermédiares régionaux sûrs ? C’est l’un des enjeux de la nouvelle politique américaine dans notre région. On sait qu’une offensive diplomatique et économique et militaire sans précédent est menée par l’administration américaine en direction de l’Algérie. Les Américains mènent leur campagne de séduction pour que notre pays réunisse les conditions pour être acceptée dans le rôle de puissance régionale relai.
Le clivage entre partisans et adversaires de l’intervention militaire française au Mali semble s’estomper ces dernières semaines parmi les faiseurs d’opinion installés. Se profile entre eux un concensus pour une nouvelle real politic. L’enjeu chez ces intellectuels organiques semble, à la veille des présidentielles 2014, est de partciper à l'élaboration des programmes de gouvernement des équipes préparant l’après Bouteflika.
Mohamed Chafik Mesbah sera l’un des premier à exposer la nécessité d’une revision doctrinale : « Je ne suis pas niais au point de considérer que les slogans éculés du non-alignement sont toujours de mise. Désormais, Il n’existe plus d’alternative au dialogue stratégique avec l’Occident ».
D’autres analystes opèrent le même glissement conceptuel, estimant aujourd’hui que l’Algérie aurait du abandonner sa ligne de non intervention au Sahel pour assurer elle-même l’éradication des groupes terroristes et djihadistes qui évoluent dans des pays frontaliers. Kharroubi Habib s’inspirant d’une déclaration du président maurétanien, écrit ce matin : « Avec l'ONU coiffant la force d'intervention militaire au nord du Mali, l'Algérie peut moins craindre que celle-ci soit instrumentalisée pour des fins géopolitiques contenues dans des agendas régionaux et internationaux allant à l'encontre de ses intérêts nationaux de puissance régionale ».
Abed Charef, affirme haut et fort : « l’Algérie est prisonnière de sa propre doctrine militaire, qui refuse le déploiement de militaires algériens à l’étranger, y compris dans des pays frontaliers (…) En Libye, elle a paralysé l’Algérie, qui a assisté, impuissante, a une guerre où l’OTAN a imposé sa solution ».
L’Algérie puissance régional ! Le grand mot est lâché : « Si l’Algérie aspire à jouer le rôle d’une puissance régionale, elle doit se doter de ces moyens. A défaut, elle continuera à voir le monde se rétrécir autour d’elle. Bientôt, l’encerclement sera achevé. Et elle sera de nouveau exclue du jeu, alors que tout le Sahel, de l’Atlantique à la Mer rouge, entre dans une nouvelle restructuration ». (…) Quant à la doctrine de non intervention, elle peut être utile, le jour où il faudra revenir aux fondamentaux du conflit malien pour tenter d’amorcer une réconciliation nationale. Mais une doctrine est une arme de guerre, pas un prétexte pour ne rien faire, et justifier qu’on se contente d’un rôle de spectateur face à tous ces bouleversements aux frontières de l’Algérie ». (...) « En ces temps modernes où les frontières sont devenues de simples fictions »
Les Américains vont-ils livrer leurs drones à cette « Algérie, future puissance régionale » et ainsi confirmer notre candidature de leader régional, ou bien faut-il comme pour les rafales leur permettre de survoler notre territoire ? C’est la misérable alternative du jour dans le microcosme. L’Algérie est tombée bien bas.
Ces révisions doctrinales pour asseoir ce petit impérialisme algérien vont-elles entraîner le déplacement du centre de gravité des urgences du développement national et maghrébin. Vaste problème…