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Publié par Saoudi Abdelaziz

 

 

 

« L'hypothèse d'une incompétence opérationnelle de la lutte anti-terroriste, elle, est peu citée pour expliquer l'exceptionnelle longévité de Abdelmalek Droudkel », note El Kadi Ihsan dans Maghreb Emergent, qui rapporte les autres raisons avancées en Kabylie pour expliquer pourquoi Le chef terroriste est passé à travers les mailles du filet. Le journaliste note une évolution : « Une source proche des services de sécurité de l'armée estime pourtant cette fois que les jours de Droudkel seraient comptés ».

 

 

 

 

Droukel, le chef de l’AQMI, nargue l’armée algérienne depuis neuf ans en Kabylie

 

 

Par El Kadi Ihsane

 

 

L'émir d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, a été "encore" condamné mercredi dernier à la peine capitale par le tribunal de Tizi Ouzou (Kabylie). Sur le terrain, il dirige un maquis en Kabylie depuis la fin de l'été 2004. Sans que l'armée algérienne n'arrive à le réduire. L'efficacité de l'armée tchadienne avec Abou Zeid va peut-être changer la donne.

 

Le tribunal de Tizi Ouzou a jugé l'émir d’ Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droudkel, et 34 de ses hommes pour l'attaque du 15 avril 2011, qui a coûté la vie à 17 militaires, surpris à la tombée de la nuit dans leur campement à la sortie nord de la ville d'Azzaga, en lisière de la forêt de Yakouren. Sur le plan judiciaire, l'émir Droudkel, alias Abou Mossâab Abdelwadoud, en est à sa troisième peine capitale. Il est pourtant, depuis le second semestre 2004, le plus haut chef de la guérilla islamiste en Algérie, qu'il a rejointe en 1993.

 

La longévité de Abdelmalek Droudkel n'a pas d'équivalent dans l'histoire deux fois décennales du terrorisme islamiste en Algérie. L'espérance de vie des premiers chefs du GIA ne dépassait pas l'année. Mansouri Meliani, Djaffar Al Afghani, Cherif Gousmi, Abdelhak Layada, se sont rapidement succédés entre 1992 et 1994. Djamel Zitouni a "flambé" deux années pour tomber en juillet 1996. Son successeur, le sinistre Antar Zouabri, a survécu près de cinq ans à la tête d'un GIA en décomposition finale. Hassan Hattab, fondateur du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en 1998, s'est rendu aux autorités au bout de cinq ans. Nabil Sahraoui, qui a repris l'émirat du GSPC, n'a pas dépassé l'année. Il est le dernier émir national à avoir été abattu par les forces de sécurité algériennes. Cela remonte à juillet 2004.

 

 

 

Un palmarès criminel "époustouflant"

 

 

Abdelmalek Droudkel, natif de Meftah, dans la plaine de la Mitidja, au sud-est d'Alger, a une formation d'ingénieur, et aurait fait un rapide passage par l'Afghanistan, avant de rejoindre l'insurrection islamiste en 1993. Il s'est avéré un émir très entreprenant depuis son avènement en 2004 à la tête du GSPC. Il a rattaché le Djihad en Algérie, au Djihad "planétaire" d'Al Qaida en 2006, ce que les autorités d'Alger redoutaient plus que tout. Il a "modernisé" la communication de son organisation, en devenant un acteur sur le web, ou il fait poster les vidéos de ses attaques meurtrières. Il s'est même autorisé le luxe d'une interview "accordée" au New York Times (juin 1998) à partir de son maquis, quelque part dans l'arrière-pays de Beni K'sila, dans les massifs frontaliers des wilayas de Tizi-Ouzou et de Bejaïa. Mais surtout, Abdelmalek Droudkel a gâché la "concorde civile" du président Boutéflika, en portant la guerre à nouveau à Alger en 2007, et en organisant une trentaine de grandes opérations contre des convois, des campements militaires ou des commissariats de police en Kabylie et à l'est d'Alger. Il a fait souffler le siège du palais du gouvernement en mai 2007, puis le siège du conseil constitutionnel (El-Biar), et celui de la mission de l'ONU à Alger (Hydra), le même 11 décembre 2007, avec à chaque fois des victimes par dizaines. Droudkel, en se raccordant à Al Qaida, a renforcé le transfert d'hommes et de moyens du nord de l'Algérie vers la région sahélo-saharienne, pour y encadrer les groupes AQMI. Il a ainsi entraîné l'Algérie dans une complication géopolitique majeure au Nord Mali.

 

 

 

Le soupçon kabyle d'une complaisance de l'ANP

 

 

En dépit de tout ce palmarès qui fait objectivement de Abdelmalek Droudkel le risque le plus nuisible pour la sécurité nationale, l'émir d'AQMI sévit toujours à partir des maquis de Yakouren à Akfadou, en Kabylie du nord. Il communique régulièrement, donne des orientations stratégiques à ses troupes jusqu'au lointain Sahel, menace des capitales étrangères, réagit sur Internet. Comme s'il tenait un quartier général. Pour une partie importante de l'opinion kabyle, l'ANP ne veut pas se débarrasser de Abdelmalek Droudkel et du terrorisme islamiste en général dans la région. Un ancien élu à Azazga pense même en détenir des indices troublants: "nous avons eu, au moins deux fois, écho de la présence de Droudkel entre ici et Yakouren, mais les opérations de ratissage sont mise en route toujours quelques jours plus tard. Si on voulait, l'épargner on ne ferait pas autrement", dit-il.

 

Le mobile d'une telle "complaisance" - si tant est qu'elle est réelle - n'est pourtant pas partagé par tous: "ils veulent punir la Kabylie à cause du printemps noir de 2001. La preuve, les kidnappings sont devenus un fléau chez nous", affirment les uns. "Ils veulent montrer à Boutéflika qu'ils sont toujours indispensables et que le danger terroriste est toujours là", estiment les autres. "Ils", ce sont les "haut gradés" militaires algériens, bien sûr.

 

L'hypothèse d'une incompétence opérationnelle de la lutte anti-terroriste, elle, est peu citée pour expliquer l'exceptionnelle longévité de Abdelmalek Droudkel. Une source proche des services de sécurité de l'armée estime pourtant cette fois que les jours de Droudkel seraient comptés. L'attaque deTiguentourine, près d’In Amenas, est passée par là. La haute hiérarchie de l'armée est dos au mur. Elle a besoin de redorer vite un blason terni. Son renseignement a été défaillant, sa coordination opérationnelle décriée. Et l'armée tchadienne est venue - de très loin - montrer comment on élimine sans coup férir le numéro deux ou trois d'AQMI, l'émir Abou Zeid, en une semaine de campagne au Nord Mali. Signe accablant du sort pour l'ANP, Abderezak Al Para, ancien chef du GSPC, spécialiste des embuscades contre l'armée algérienne, a été neutralisé par un mouvement d'opposition armé... tchadien.

 

24 mars 2013. maghrebemergent.com

 

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