Pour un Etat unique palestinien
Jean-Claude Lefort, en votre qualité de président de l’AFPS, et alors qu’Alexandrie approche, que ressentez-vous après avoir vaincu la forte zone de turbulences grecque ?
"Un sentiment de joie, incontestablement. Imaginez un peu : Israël avait reçu le soutien de la Grèce, de l’Union européenne, du secrétaire général de l’ONU, pour empêcher par tous les moyens le départ de la Flottille de la Liberté numéro 2 ! Nous avons tous été coincés à Athènes, d’autres ont vu leur bateau saboté, et voilà qu’un petit bateau français "Le Dignité" - riche de ses valeurs - a réussi à passer et navigue, à présent, dans les eaux internationales. Avec à son bord, des Français, mais aussi un Grec, un Suédois et un Canadien... Imaginez la tête de ces Messieurs ! Nous sommes passés, comme le droit devra passer au Proche-Orient!".
Quelle est votre analyse politique du blocus de Gaza, mais également du blocus qui s’étend jusqu’en Europe, la communauté internationale pliant continuellement l’échine devant les injonctions israéliennes ?
"Ce qui vient de se produire est énorme. En effet, on nous a dit : "On interdit la Flottille car c’est dangereux". Mais le danger vient de qui ? C’est clairement d’Israël ! Or, au lieu de mettre en cause et en garde les dangereux, ce sont les pacifistes et les porteurs du droit qu’on a voulu frapper ! C’est l’inverse qui devrait être. Si un voleur connu rôde dans un endroit, on ne lui dit pas : "On vous enferme parce que c’est dangereux", on enferme le voleur, non ? En vérité cette Flottille, outre le fait qu’elle met en pleine lumière la situation à Gaza, qui est non seulement illégale mais insupportable humainement, survient dans un contexte précis : les Palestiniens ont décidé de demander l’adhésion de la Palestine à l’ONU et ceci sur la base des frontières de 67 avec Jérusalem-Est comme capitale.
Les Israéliens sont farouchement contre cette idée. Car évidemment la Palestine c’est la Cisjordanie, mais aussi Gaza. Alors qu’ils ne veulent pas d’Etat palestinien, et encore moins un Etat unique, ils multiplient les manœuvres de toute sorte. Ce qui est grave, c’est que des gouvernements soutiennent aveuglément la stratégie israélienne. Or voilà qu’avec cette Flottille II, nous mettons en évidence ce fait majeur : c’est aux peuples qu’il revient de se prononcer ! Plus de 60 ans de vaines promesses et toujours pas d’Etat, c’est assez ! La présence citoyenne dans ce débat, qui plaide pour une résolution du conflit favorable aux deux peuples, voilà aussi ce que nous défendons. Une perspective que d’aucuns refusent, car ils ont bien compris que cette intervention populaire sur la base du droit et pour sa stricte application sera déterminante dans la pacification de la région. Ils ont peur de cela !".