Perspectives à gauche : deux groupes s’expriment
Quelles priorités après les législatives ? Le PST, d’obédience trotskiste, a présenté sans succès des candidats dans une demi-douzaine de circonscription et voudrait, après cet insuccès sur le terrain électoral, faire prioritairement capitaliser les luttes des travailleurs : « Nous pensons que le mouvement social avec ses forces, ses syndicats, ce magma riche, doit se retrouver autour d’une table, discuter, réfléchir et élaborer ensemble une plateforme de gauche ».
Deuxième groupe, férocement concurrent du précédent, le PADS, fait habituellement de la reconnaissance du bilan positif de l’URSSS et du Camps socialiste la pierre de touche de toute démarche unitaire. Il est animé par quelques anciens cadres du PAGS, autoproclamés héritiers exclusifs du PCA et du PAGS et porte parole des « communistes algériens ». Se plaçant, comme le PST, sur le terrain social, ce groupe est plus maximaliste et "partisan" : « Les travailleurs doivent se battre en renforçant leur unité, en créant des syndicats de classe indépendants, en se battant pied à pied pour le travail, le pain et la dignité, en rejoignant leur parti de classe, le parti des communistes algériens ».
Regardons plus en détail les analyses de ces deux groupes. Nous publierons prochainement les contributions d’autres cercles de gauche.
Mahmoud Rachedi, secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs
« L’heure est au rassemblement des forces de gauche »
Par Mohand Aziri
Dans sa déclaration du 1er mai dernier, votre parti a appelé à la constitution d’un pôle syndical et politique. Vous avez lancé l’idée d’une «plateforme de gauche». Pouvez-vous identifier les forces de gauche avec lesquelles vous souhaiteriez composer ? Et qu’entendez-vous verser dans cette «plateforme» ?
L’appel en question n’est pas destiné uniquement aux forces politiques mais à tous les partisans du projet socialiste, aux militants syndicaux et associatifs, à tous les militants de gauche individuels ou collectifs. Pourquoi un tel appel ? C’est que nous avons constaté, bien avant cette campagne électorale, qu’il y a une attente en la matière. Même si au niveau des masses populaires, des travailleurs, il y a comme une forme de désintérêt, de désaffection pour le militantisme politique et que l’action politique est discréditée. C’est dû à un certain nombre de facteurs : ce n’est pas pour autant de la résignation collective. Les Algériens se sentent trahis par leurs élites, abandonnés dans la catastrophe libérale.
Ce n’est pas de la résignation ; la preuve ? Cette vitalité extraordinaire du front social au point où il serait difficile pour tout office des statistiques de compter le nombre de grèves, mouvements sociaux, émeutes. Toutefois, cette vitalité ne trouve pas son prolongement politique, ne se traduit pas par des revendications politiques. Cette situation, concrète, nous dicte cette initiative. Il est temps pour l’avènement d’un tel pôle. Quand on voit le contexte international marqué par des crises économiques et financière aigues, structurelles ; quand on assiste à l’agonie du système capitaliste mondial ; quand on voit les révoltes populaires embraser toute la région, on ne peut évidemment pas ne pas penser à appeler à un rassemblement des forces de gauche, très opportun. Qu’est-ce qu’on propose, concrètement ? Nous pensons que ce mouvement social avec ses forces, ses syndicats, ce magma riche, doit se retrouver autour d’une table, discuter, réfléchir et élaborer ensemble une plateforme de gauche.
C’est un projet qu’on doit, dans notre pleine diversité, nous approprier. Ainsi, on se définira dans un cadre commun, même si on restera, chacun, dans son inclinaison propre. Le but étant de pouvoir agir ensemble et ne pas rester dans les professions de foi. Cette plateforme n’est pas une fin en soi : les trans-croissances sont permises et la gauche algérienne peut proclamer, le moment venu, un cadre politique commun de type «grand» parti de la gauche populaire. Nous devons, pour les générations futures, construire ce pôle. Le contexte nous y oblige et les enjeux de l’heure ne nous laissent pas d’autre choix.
Exit les syndicats ouvriers ; quand vous évoquez les forces de gauche, vous pensez à des partis comme le FFS qui s’est dit récemment favorable aux privatisations, et/ou le PT. Une alliance avec des partis de ce genre est-elle envisageable ?
Le PT, c’est différent : il n’est pas pour les privatisations. Ce n’est pas le cas du FFS. Et même le MDS qui a des prises de position droitières sur certaines questions économiques. Mais est-ce que c’est le cas de tout le collectif MDS ? Je ne le pense pas. Le PT est antilibéral, anti-impérialiste. Par ailleurs, les fractures, les clivages du XXe siècle ne nous intéressent plus, et dans cette recomposition de la gauche que nous souhaitons, il n’y a plus d’URSS, plus de maoïstes, ni de trotskistes, ni de staliniens etc.
En substance, votre projet consiste à construire un «grand» parti de gauche, une sorte de déclinaison «algérienne» du NPA (le Nouveau parti anticapitaliste), ou du Front de gauche, en France ?
Ce que nous allons construire sera propre à nous, spécifique à l’Algérie. Ce pôle doit être bâti en prenant en considération nos racines, notre histoire. Le NPA est une expérience conduite dans un contexte qui n’est pas le nôtre et elle est avec le bilan que l’on sait aujourd’hui. Nous ne sommes pas dans une démarche de copiage. La démarche est destinée à ceux et celles qui se reconnaissent dans la lutte antilibérale, dans un projet socialiste, de classes. Ceci ne nous empêchera pas de faire partie d’autres fronts de type démocratique, de défense des libertés, etc.
Pour nombre d’Algériens qui ont connu l’expérience, le socialisme maison n’a pas laissé que de bons souvenirs. Comment vous y prendriez-vous pour remettre cet idéal au goût du jour ?
Entendons-nous bien : nous parlons de socialisme, non pas de communisme. Moi je témoigne à partir de mon expérience durant la campagne électorale pour les élections législatives de mai dernier, à Hassi R’mel, Laghouat, Béjaïa, etc. : le discours que nous tenons suscite une adhésion incroyable. En fait, ceux qui disent que le socialisme est mort et enterré ne recyclent en réalité qu’une antienne, une propagande qui a préparé le terrain au libéralisme. Mais aujourd’hui, on parle bien de la crise du capitalisme et non pas de la crise du socialisme. Hormis l’alternative socialiste, réponse rationnelle, scientifique, objective et historique, je n’en vois aucune autre. Maintenant, les discours sur la «fin de l’histoire», la mort du modèle socialiste, etc., ne tiennent pas la route.
L’histoire des luttes continue. La chute du Mur de Berlin a sonné le glas du stalinisme, d’un certain modèle de socialisme. Ce modèle a certes échoué, mais l’idéal socialiste, lui, ne l’est pas. Et si le socialisme n’est pas un modèle supérieur au capitalisme en matière de libertés, ce n’est certainement pas du socialisme. La liberté a toujours été une question fondamentale. On parle de liberté pour la majorité, non pas la liberté des empereurs nouveaux, des puissances de l’argent, du pouvoir financier, comme on le voit aujourd’hui dans l’affaire Cevital où le patron du groupe, qui a bâti son empire avec l’argent public, se permet de licencier impunément des travailleurs qui ont osé revendiquer une section syndicale, des salaires dignes et quelques primes de panier.
Le socialisme veut dire une société sans discrimination de classes ; ce sont les hommes et les femmes qui vont le construire, ensemble, avec leur expérience propre, leur engagement. C’est un projet où la propriété privée n’aura pas le dessus mais plutôt la propriété collective ; une économie orientée vers le besoins des êtres humains et non pas le contraire ou, pire, orientée pour satisfaire les besoins du marché ou d’une minorité de possesseurs. Mais en tant que tel, le socialisme est un projet lointain ; dans l’immédiat, on se bat pour un SMIG à 35 000 DA, la titularisation de tous les travailleurs précaires ; nous nous battons pour que les chômeurs puissent avoir un emploi, sinon une indemnité équivalente au moins à la moitié du SNMG. Et si les pouvoirs publics sont incapables d’offrir du travail à tous les Algériens, qu’ils baissent l’âge du départ à la retraite à 55 ans, ce qui est à même de libérer d’un coup 500 000 postes ; qu’ils baissent le volume horaire à 35 heures par semaine. Par ailleurs, ne dit-on pas qu’on dispose de 200 milliards de dollars de réserves placés dans la FED ? Cet argent, qui sert à faire tourner l’économie américaine, pourquoi ne servirait-il pas à régler nos problèmes à nous ?
Vous en êtes à votre énième participation à une élection alibi : vous justifiez votre démarche participationniste par le souci d’exploiter la fonction tribunitienne (de ces élections). Le PST, parti qui a des prétentions révolutionnaires, héritier du Groupe communiste révolutionnaire (GCR), ne risque-t-il pas d’y perdre son âme ?
Oui, on a participé à quatre élections législatives et on a failli participer à une présidentielle, n’était le problème des parrainages. On n’a pas perdu notre âme pour autant. Au contraire. Nous estimons que les élections, dans les systèmes capitalistes, riment avec pouvoir de l’argent. Aux USA, avant chaque campagne électorale, on ne parle que d’argent. Est-ce démocratique ? Lorsque Papandréou, en Grèce, a voulu organiser un référendum autour des mesures d’austérité dictées par l’UE et le FMI, il a essuyé une volée de bois vert. Bref, voilà leur démocratie qui consiste à aller secourir les civils de Benghazi menacés par El Gueddafi, alors que quelques mois auparavant, les civils de Ghaza, bombardés au phosphore par les avions de Tsahal qui décollaient de la base américaine du Qatar, n’avaient pas suscité l’émoi des démocraties occidentales.
Votre démarche participationniste n’est-elle pas antinomique avec le caractère révolutionnaire du PST ?
On a toujours dit que nous utilisons les élections comme tribune. Les campagnes électorales sont de nature, au moins, à susciter un intérêt pour les débats politiques. Il serait en effet
contreproductif de ne pas y prendre part, de faire entendre notre voix et nos propositions. Il s’agit en effet de forger les consciences, de les faire progresser. C’est ce que nous faisons, même
avec peu de moyens.
Les révoltes arabes n’ont pas propulsé les forces de gauche au-devant de la scène. Contrairement à certains pays du continent américain où des partis ouvriers accèdent au pouvoir, dans le monde arabo-musulman, les islamistes raflent la mise. Qu’est-ce qui explique un tel échec ?
L’islamisme est apparu comme une alternative possible et a surfé sur l’échec des nationalismes arabes. Il s’agit en fait d’un repli identitaire. L’impérialisme mondial a misé sur l’islamisme parce que sur les questions fondamentales, il est un allié objectif. En Libye, la charia, que certains voudraient voir s’appliquer, a voyagé dans les porte-avions de l’Otan. Pour revenir à votre question, la gauche est identifiée au nationalisme arabe et, historiquement, l’échec du nationalisme arabe, le nassérisme, le baâthisme, n’a pas résolu la question de l’oppression. Nous appartenons toujours aux nations opprimées.
Or, en Algérie, notre courant a été constitué en 1974, en opposition au régime de Boumediène. Pour nous, Boumediène n’était pas «ichtiraki», un socialiste, autrement, on ne se serait pas opposé à lui. Le fait qu’au niveau des masses, on associe l’échec du nationalisme arabe au socialisme rend inextricable la confusion. Nous avons tout de même été des militants antistaliniens. L’essence même de la «4e internationale», fondée en 1938, était une réponse à la dégénérescence de l’Union soviétique. Mais à l’échelle des masses, la confusion est inévitable : on vous identifie sur les grosses catégories et vous renvoie à l’échec de ces modèles que nous avons, nous même combattus. Il s’agit aujourd’hui de construire le socialisme du XXIe siècle.
Justement, la réhabilitation du rôle historique des militants de gauche, de la «4e internationale», leur contribution à la lutte de Libération nationale ne transparaissent pas dans l’histoire officielle. Le moment est-il venu, d’après vous, de remettre enfin les pendules à l’heure ?
Absolument. Les militants de gauche, d’extrême gauche n’ont pas été rétribués à leur juste valeur. Bien qu’indéniable, leur contribution, à la naissance même du Mouvement national dans les années vingt, avec l’Etoile nord-africaine (ENA) née dans le monde ouvrier sous la «3e internationale», l’Internationale communiste, a souffert et souffre encore de l’ostracisme des historiographes officiels. C’est bien Abdelkader Hadj Ali, pionnier du mouvement révolutionnaire algérien, militant communiste de la première heure – et qui n’apparaît pas dans l’histoire officielle – qui encadra Messali Hadj et l’introduisit dans le milieu syndical, au sein de la CGTU notamment, etc. Plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, la «4e internationale» a apporté un soutien franc à la lutte des peuples pour leur émancipation du colonialisme. Michel Pablo, un des leaders de la «4e internationale» était même devenu, à l’indépendance de l’Algérie, conseiller du président Ben Bella.
Il faut aussi mettre en relief, réhabiliter le rôle déterminant que les militants ont joué durant la Guerre de Libération, dans les «maquis rouges», dans la constitution de réseaux de soutien – le réseau Jeanson par exemple –, l’usine d’armement construite au Maroc par la «4e internationale» pour l’ALN-FLN et j’en passe.
Propos recueillis par Mohand Aziri, 3 mai 2012. El Watan
Après la proclamation des résultats des élections législatives du 10 mai
Une analyse du PADS
Après la proclamation des résultats des élections législatives du 10 mai
Se mobiliser, s’organiser et s’unir :
pour les revendications sociales et politiques des travailleurs
pour contrer les plans impérialistes
Les résultats définitifs des élections législatives du 10 mai proclamés par le Conseil Constitutionnel traduisent un divorce flagrant entre le régime et les aspirations sociales et politiques de l’écrasante majorité des citoyens.
Le taux de participation officiellement proclamé a à peine dépassé les 43%. C’est un taux évidemment très bas même si on ne tient pas compte des manipulations traditionnellement opérées par les autorités pour masquer l’ampleur de la désaffection populaire et favoriser les partis du gouvernement aux dépens d’autres. Le taux des suffrages exprimés, 35,2%, est encore plus bas si l’on prend en compte les 1,7 millions de bulletins nuls. En livrant ces chiffres, le régime reconnaît qu’il est nettement rejeté par 2 citoyens sur 3. Le décalage entre les gouvernants et les citoyens est en fait plus criant quand on sait que d’innombrables électeurs ont choisi d’exprimer leur rejet de la coalition présidentielle et des partis qui se camouflent sous l’Islam en votant "au hasard" pour un des partis parmi les dizaines de faux partis créés à la hâte par le pouvoir ces deux derniers mois.
Les deux principaux partis de la coalition présidentielle - Front de Libération Nationale et Rassemblement National Démocratique - n’ont obtenu ensemble que 1 million 848 000 voix sur un total de 9 millions 340 000 votants, soit 19, 7% de ces votants. Rapporté au nombre d’électeurs inscrits (21,6 millions) ce taux n’est que de 8,5%. Un citoyen seulement sur douze les soutient !
Mais grâce à la mise en place par les autorités d’un injuste système de report des voix obtenues par les listes qui n’ont pas atteint le seuil de 5%, un système de truquage "scientifique" qui présente à l’envers le poids réel des partis dirigeants dans l’APN, le FLN se voit attribuer à lui seul 221 sièges au sein de cette assemblée. Ainsi, malgré sa faible représentativité le duo FLN-RND s’adjuge 291 sièges sur les 462 "mis en jeu", soit 63% du total des députés !
Les divers partis agréés ("Algérie verte", "Addala", "Front du Changement") qui font de l’Islam un paravent idéologique pour tromper les travailleurs sortent défaits. Ils ont ramassé ensemble moins de 882 000 voix, soit 9,4% des suffrages exprimés. Ils crient à la fraude parce que les "pronostics" de l’ambassade US n’ont pas été confirmés. Le fait que les rêves de conquête du pouvoir de ces partis soient déçus reflète l’aspiration de larges secteurs abstentionnistes à ne pas confier le pays aux forces les plus réactionnaires ni à ouvrir la voie à des interventions extérieures dans la foulée du prétendu "printemps arabe" et de la "vague verte". Il ne faut cependant pas en tirer la conclusion fausse que les franges ultra réactionnaires de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie qui utilisent l’Islam pour tromper le peuple ont perdu toute influence. Le gros de leurs troupes agit dans la clandestinité et a appelé au boycott. Leur influence persistante ne doit pas être sous-estimée. A preuve le régime a fait des concessions à leur idéologie rétrograde dans les amendements qu’il a introduits l’an dernier dans les lois sur les partis, les associations et l’information.
Les "vainqueurs" de ces élections ont tort de faire la fête
Leur régime ne tient en place que parce que la redistribution des ressources pétrolières lui permet de neutraliser la révolte qui couve. Il est clair que ses appuis se limitent essentiellement aux couches sociales qui profitent le plus et à divers degrés du pillage des ressources du pays et de l’exploitation des travailleurs. Un certain nombre de citoyens qui ne font pas partie des privilégiés de ce système de pillage et d’exploitation ont certes voté pour eux. Ils ne l’ont fait que pour écarter le risque d’ingérences étrangères en pensant à tort que ce régime est capable de résister aux prétentions des puissances impérialistes à dicter leurs volontés à l’Algérie.
Les puissances impérialistes jubilent. Elles font le constat qu’un régime aussi décrié leur facilitera la tâche. L’Algérie devient une proie facile pour l’exécution de leurs plans de domination. Par la voix des représentants de l’Union européenne et de leurs porte-parole, les puissances impérialistes ont exprimé leur "satisfaction". Elle est assortie cependant de petites phrases qui sont des rappels à mots couverts sur les promesses que le régime leur a faites dans le secret et dans le dos du peuple. Les "observateurs" de l’Union européenne parlent de "premiers pas" qui doivent être suivis par d’autres. Lesquels ? Les USA félicitent le régime pour sa "transparence" dans le déroulement de cette élection. En fait ils le "félicitent" pour avoir fourni les chiffres qui démontrent publiquement qu’il n’est pas représentatif des aspirations de la majorité des citoyens. Il est clair qu’ils signifient de la sorte à nos gouvernants qu’ils sont en "liberté surveillée", qu’ils attendent d’eux la concrétisation des engagements secrets pris lors des rencontres des officiels algériens avec Hillary Clinton ou avec le commandant de l’Africom. Quand les USA tirent prétexte de l’importance de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme, il faut comprendre par là qu’ils sont impatients d’obtenir l’autorisation d’installer des bases militaires. De même, lorsqu’ils font semblant de flatter un orgueil national mal placé ( « Avec sa taille géographique, ses richesses et sa population instruite, l’Algérie est un leader naturel dans la région et au-delà de cette région », propos à l’APS de Raymond Maxwell, sous-secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Maghreb, au département d’Etat), ils ne cachent pas leur volonté d’accentuer leurs pressions pour pousser le régime à jouer le rôle de harki de l’impérialisme dans la région et en Afrique.
Ces résultats ont démontré de façon claire que l’abstentionnisme et les appels au boycott, comme tactique de lutte, n’ont pas gêné le régime. Ils ont juste servi à paralyser les luttes démocratiques de masse.
Dans tous les cas le régime va tenter de poursuivre sa politique de mépris, de verrouillage de la vie politique. Il maintiendra le cap sur la politique d’enrichissement des exploiteurs et des classes parasitaires et des multinationales, de paupérisation des travailleurs, de répression de leurs luttes pour de meilleurs salaires et la dignité. Il faut s’attendre dans les mois prochains à une offensive des courants les plus réactionnaires et les plus antinationaux du régime contre le système des retraites, le droit de grève, le contenu des conventions collectives (primes et indemnités, part de bénéfices), pour la levée totale des dernières entraves au libre pillage du pays par les multinationales et la bourgeoisie "locale" : sortie des capitaux et liberté de change, etc. Des attaques sont en cours de préparation pour "épurer" le Code du travail des "vestiges du socialisme".
Mais dans tous les cas aussi la faiblesse du régime, étalée au grand jour, doit encourager les travailleurs à mener des actions énergiques pour la satisfaction de leurs revendications sociales et politiques. Il existe un grand réservoir de lutte et de combattivité des masses. Les travailleurs doivent renforcer leurs luttes organisées et coordonnées pour arracher l’amélioration de leurs conditions de vie, les libertés politiques et syndicales.
Face à la nouvelle offensive anti-ouvrière en préparation, les travailleurs doivent se battre en renforçant leur unité, en créant des syndicats de classe indépendants, en se battant pied à pied pour le travail, le pain et la dignité, en rejoignant leur parti de classe, le parti des communistes algériens. Pour mettre en échec l’offensive impérialiste prévisible, la classe ouvrière et ses alliés doivent se mobiliser pour prendre la tête de la résistance aux manoeuvres et complots des puissances impérialistes et de leurs valets locaux qui veulent s’emparer directement des ressources en hydrocarbures du pays, piller ses richesses, fomenter la désunion entre les victimes de l’exploitation et de la domination impérialistes.
Il faut intensifier la lutte politique et idéologique pour que les travailleurs ne tombent pas dans le piège des mensonges et des promesses démagogiques des forces ultra réactionnaires. Ces forces tenteront d’exploiter le désaveu infligé au régime pour se présenter comme des forces porteuses d’alternative à l’impasse politique actuelle.
PADS, 20 mai 2012, publié dans Alger-Républicain le 1er juin 2012