Obama : "discours musclés, politique prudente", selon Immanuel Wallerstein
DR-Immanuel Wallerstein, chercheur
à l’université de Yale
« Les Etats-Unis souhaitent poursuivre leur politique impériale à travers le monde mais ils se confrontent à un problème très simple : leur capacité à atteindre leurs buts s’est considérablement affaiblie, ce que les élites (dont Obama) refusent de reconnaître. Celles-ci continuent de présenter les Etats-Unis comme la nation « indispensable » et le « plus grand pays » que le monde ait jamais connu. C’est là une contradiction que les dirigeants étasuniens ne savent pas gérer. Quant aux citoyens ordinaires, un sondage sortie des urnes indiquait que seuls 4% d’entre eux ont intégré comme critère de vote cette question de la politique étrangère. Pour autant, il n’en reste pas moins que la plupart des citoyens des Etats-Unis continue d’adhérer au credo selon lequel leur pays est l’étalon-or des nations.
Il faut donc s’attendre à ce que Barack Obama continue d’agir comme avant : des discours musclés mais, dans les faits, une politique prudente, aussi bien à l’égard de l’Iran, de la Syrie, d’Israël, de l’Egypte, du Pakistan, de la Chine, du Mexique que de la plupart des pays. Sans surprise, cette façon de procéder exaspère les autres Etats et toutes sortes d’acteurs politiques dans le monde. Il n’est pas certain qu’il puisse longtemps continuer sans risque cet exercice permanent d’équilibriste, tant les Etats-Unis s’avèrent désormais incapables de contrôler ce que font les autres pays. »
Extrait de « Obama a gagné et maintenant », un commentaire d’Immanuel Wallerstein.
Texte intégral : Mémoire des luttes