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Publié par Saoudi Abdelaziz

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré dimanche à son arrivée à Alger, pour sa première visite dans un pays arabe, souhaiter un nouvel élan dans les relations algéro-française basé sur la proximité, l'objectivité et l'amitié. - Franck Robichon/AFP

Laurent Fabius en guest star, dans le rôle du "vérificateur".

 

Au cours de sa conférence de presse à Alger, le ministre a souligné que l’Etat français actionnaire de Renault allait « vérifier que les intérêts de l'industrie automobile n'étaient pas menacés par ce projet de l'usine Renault en Algérie ». Dans son analyse Kharroubi Habib ne cache pas aujourd’hui, dans Le Quotidien d'Oran, son exaspération contre « ceux qui dans le pays, dans la sphère du pouvoir ou dans le monde des affaires trouvent leurs intérêts dans des relations commerciales algéro-françaises privilégiées ». Et il conclut : « La galéjade de l'usine Renault devant être installée en Algérie est destinée au contraire à les ancrer (les consommateurs algériens) dans la préférence pour les marques françaises de l'automobile et donc à grossir la demande sur le marché national et par voie de conséquence à fructifier les bénéfices qu'engrangent les intervenants dans ces relations privilégiées ».

 

 

Le paradoxe du marché automobile algérien

 

Par Kharroubi Habib

 

 

L'industrie automobile, l'un des fleurons de l'économie française, est au plus mal, confrontés que sont les constructeurs de cette branche à la chute des ventes tant à l'international que sur le marché français lui-même. Situation qui a contraint PSA Peugeot à supprimer 8.000 emplois dans l'Hexagone. Ce qui a provoqué « un choc » pour les travailleurs de cette marque automobile et suscité l'ire du gouvernement.


Selon des experts, si l'industrie automobile française en est arrivée à cette situation, c'est bien entendu à cause en partie de la récession que traversent les économies européennes dont les pays sont les marchés principaux de l'industrie automobile tricolore. Mais ils ajoutent que cette raison n'explique à elle seule la déconfiture des constructeurs français, en faisant valoir que la récession en Europe et ailleurs n'empêche pas l'industrie automobile allemande par exemple de réaliser de bonnes performances commerciales. Pour ces experts, ce qui est également à l'origine de la crise du secteur automobile français, ce sont sa perte de compétitivité par rapport aux concurrents et la baisse de qualité du produit français. Deux handicaps qui ont fait que même les Français achètent désormais étranger.


Il n'y a qu'en Algérie où les marques automobiles françaises enregistrent de la progression dans leurs ventes. Renault et Peugeot continuent à être prisées sur le marché algérien et se sont imposées en tête des fournisseurs du marché national. De ce point de vue, les Algériens font preuve d'une confiance aux labels français qui contraste avec la désaffection qui en détourne les automobilistes de l'Hexagone et étrangers à travers le monde. La fidélité dont ils bénéficient en terme de vente de la part des Algériens dont le marché national est, soulignons-le, le plus important d'Afrique et du Maghreb, n'est nullement payée en retour par les constructeurs automobiles français, qui à l'évidence la considère comme un « acquis »définitif qui les dispense de reconsidérer leurs politiques commerciales sur ce marché.


Il faut dire que le paradoxe algérien s'entretient par la «fascination » qu'exercent les produits français sur les consommateurs nationaux et qu'entretiennent des publicités louangeuses dont pourtant se détournent ceux de l'Hexagone qui vérifient que sur les plans qualité, performance et même de pollution, ils sont enfoncés par les offres étrangères qu'ils achètent de plus en plus au détriment de leur production nationale. Il serait temps que les Algériens conviennent de cette réalité et se départissent de cette «fascination » que ne justifie plus le label « made in France ». Il faut dire qu'ils ne sont pas poussés sur cette voie par ceux qui dans le pays, dans la sphère du pouvoir ou dans le monde des affaires trouvent leurs intérêts dans des relations commerciales algéro-françaises privilégiées.


La galéjade de l'usine Renault devant être installée en Algérie est destinée au contraire à les ancrer dans la préférence pour les marques françaises de l'automobile et donc à grossir la demande sur le marché national et par voie de conséquence à fructifier les bénéfices qu'engrangent les intervenants dans ces relations privilégiées.

 

 

Le Quotidien d’Oran, 17 juillet 2012

 

 

 

 

 

Le plan social de Peugeot en France jette une ombre sur le projet Renault en Algérie

 

 

 

Par Oussama Nadjib

 

 

Dimanche soir, à la résidence Djenane El Mithak à Alger la réponse de Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, à une question du journaliste de Maghreb Emergent sur l’incidence du plan social de Peugeot sur le projet de Renault en Algérie a jeté un froid. Paris va vérifier que l’industrie automobile française n’en pâtira pas. Et déjà une condition « refroidissante » apparait : la production de Renault en Algérie doit être strictement réservée au marché local. Sinon ce sera… non !

 

Pas de réponse catégorique mais le chef de la diplomatie française a souligné que l’Etat français actionnaire de Renault allait « vérifier que les intérêts de l'industrie automobile n'étaient pas menacés par ce projet de l'usine Renault en Algérie ». Le gouvernement de gauche en France a été littéralement sonné par le plan social annoncé par le groupe Peugeot S.A visant à la suppression de 8000 emplois. Le groupe automobile privé a frappé le gouvernement de gauche là où il était attendu et certains responsables socialistes n’ont pas hésité a accusé Peugeot d’avoir, sur insistance de Nicholas Sarkozy, décalé l’annonce. L’émoi provoqué par l’annonce suscite des réactions de rejet de la part du gouvernement. "On ne peut pas accepter quelque chose comme ça. (...) Peugeot a perçu 4 milliards d'aides de l'Etat au cours des années passées (...) » a déclaré Marisol Touraine, ministre des affaires sociales. Pourtant l’Etat français, en dépit des aides fournies à Peugeot – et à Renault aussi - ne dispose pas de beaucoup de leviers pour contraindre l’entrepreneur privé à renoncer à son plan social. L’enjeu de la bataille « Peugeot » qui s’engage en tout début de la gouvernance de François Hollande est largement politico-médiatique. La bataille risque d’avoir une incidence, sinon sur le projet Renault en Algérie, du moins sur son timing.

 

 

Les soucis politiques du gouvernement français

 

 

« Le gouvernement français est sous pression. Il tente de réagir avec peu de moyens face à la décision de Peugeot. Il sera plus attendu sur le cas de Renault où il est actionnaire. Là il risque d’être accusé de délocaliser la production au détriment de l’emploi en France » souligne un spécialiste algérien. « Il est hautement probable qu’il n’y aura pas de décision immédiate sur l’investissement de Renault en Algérie… et qu’il faudra attendre au moins six mois » pronostique-t-il en relevant le stress politique dans lequel se trouve le gouvernement français. L’inauguration, en février dernier, de l’usine Renault à Tanger avait suscité de vives critiques, à droite comme à gauche. Ce souci politique était bien présent dans les propos de Laurent Fabius qui a qualifié de « dramatique » le plan social de PSA et qu’il était déclaré inacceptable au sommet de l’Etat. Ainsi la « vérification » que le projet Renault ne serait pas contraire aux intérêts de l’industrie automobile française porterait principalement sur une prise de garantie que l’investissement sera strictement confiné à la satisfaction du marché algérien. "De ce que j'en sais, il est tourné vers le marché algérien. Il ne vient pas concurrencer l'industrie automobile en France. Si c'était le cas, je pense que l'Etat français dirait non" a déclaré Laurent Fabius. En l’occurrence, le ministre français s’est voulu rassurant. Il n’y a pas de « non », il y a un « oui mais »… Mais c’est un « mais » qui pose problème à Alger.

 

 

Exporter ou ne pas exporter, là est la question !

 

 

Les pouvoirs publics algériens n’ignorant pas qu’une industrie automobile ne se construit pas sur le seul marché national veulent qu’une partie de la production de la future usine Renault soit destinée à l’exportation. Objectif réaffirmé récemment par Mohamed Benmeradi, ministre de l’industrie, dans un entretien publié par l’APS. « Même si le ’’gros de la production’’ est destiné au marché local (aujourd’hui l’Algérie importe plus de 400 000 véhicules Bult up par an pour plus de 4 milliards de dollars US), une partie des produits devra être, à terme, destinée à l’exportation. Pour cela, il faut aussi exiger que les véhicules soient fabriqués avec le label d’un grand constructeur ». Benmeradi qui prévoit une production de 150.000 voitures par an à la troisième année d’activité a indiqué que parmi les clauses de l’accord conclut avec le constructeur français 20% de la production sera destinée à l’exportation, notamment sur le marché africain. L’effet Peugeot aura-t-il une incidence sur le projet Renault en Algérie ou sur le calendrier de mise en œuvre ? La signature du pacte des actionnaires entre Renault et les autorités algériennes était prévue pour le 25 aout prochain, selon Benmeradi. C’était au début du mois de juillet. Entretemps, Peugeot est venu perturber socialement le début de présidence « normale » de François Hollande. L’insistance de Laurent Fabius sur le fait que le projet Renault doit être strictement consacré à la satisfaction de la demande locale est refroidissante. Elle pose peut-être le problème du « tropisme » français des responsables algériens dans leur projet de lancer une industrie automobile en Algérie… Une autre histoire…

 

17 juillet 2012. Maghrebemergent.com

 

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