Nigéria : les médias polluent la grève générale
Comme cela se pratique dorénavant dans tous les pays, les larges mouvements populaires sont délibérément pollués par diverses provocations montées en flèche par le système médiatique mondial, dans le but de reléguer au second plan les revendications de millions de gens.
Ainsi, la grève générale au Nigéria, fait majeur de l’actualité dans ce grand pays d’Afrique de 160 millions d’habitants, où les multinationales pétrolières font la pluie et le beau temps, est-elle médiatiquement discréditée par des actes de violence à l’origine douteuse.
Les syndicats exigent, rappelons-le, que le gouvernement rétablisse les subventions dont la suppression, le 1er janvier, a entraîné une brusque hausse des prix de l'essence qui affecte la plupart des Nigérians, tant pour les transports que pour l'alimentation des générateurs d'électricité. Le litre à la pompe est ainsi passé du jour au lendemain de 65 nairas (0,30 euro) à au moins 140 nairas alors que la majorité des Nigérians vivent avec moins de deux dollars par jour.
La grève générale avait paralysé le pays lundi, avec des dizaines de milliers de manifestants défilant dans les rues. "Nous ne suspendrons pas la grève avant que le gouvernement n'écoute la voix de la raison et revienne sur sa décision, a indiqué Daniel Ejiofor, un des manifestants. Nous appelons les Nigérians à persévérer car la victoire est au bout."
A la une des médias mondiaux ce qui est monté en épingle ce sont des heurts parfois violents avec les forces de l'ordre. Le pape Benoît XVI s'est « personnellement inquiété » de la « tentative » d'incendier une mosquée dans le Sud, à majorité chrétienne. Les Etats-Unis ont "vivement" condamné ces actes de violence continus « attribués » au groupe islamiste Boko Haram…
On chauffe la marmite des « affrontement interconfessionnels ».
La boucle médiatique est ainsi bouclée pour que les millions de grévistes soient oubliés.
AFP et blog, 10 janvier 2012