Les peuples ne sortiront plus de l’arène de l’Histoire
Par Saoudi Abdelaziz, 14 mars 2012
Les puissants mouvements de masse observés dans le Maghreb et le Machreq ont-ils été inspirés par les Américains ? Ou rapidement mis sous contrôle ? Les stratèges de l’Oncle Sam sont-ils assurés de contrôler l’option islamiste modérée qu’ils encourageraient, faute de mieux? Depuis l’apparent reflux de l’automne dernier, ces questions reviennent régulièrement, visiblement en vogue dans les médias. Une sorte d’omniscience du camp occidental et sa capacité de reprendre la main sont analysées comme s’il s’agissait d’une évidence, en ces temps où pourtant le système de domination est en crise.
L’Algérien Hocine Malti est nuancé : « la politique de l’Occident consiste à faire avec le changement intervenu tout en le gardant sous contrôle » (La nation.info, 13/3). Dans le cas de l’Algérie, il pense que le processus électoral, intégrant des islamistes apprivoisés, se fait, « avec la bénédiction de l’oncle Sam qui compte sur Bouteflika et les faiseurs de rois du DRS ». Le politologue américain John P. Entelis est plus affirmatif. Dans une récente conférence à Tunis, Il a estimé que les Etats-Unis d'Amérique n'ont aucun intérêt à voir ce régime renversé (Maghreb émergent, 14/3)). Les stratégies des uns et des autres continuent donc d’être analysées à longueur de colonnes, assignant aux peuples concernés la position des patients qui attendent, en grognant, de passer chez le dentiste.
Si, pour les appareils de la domination, concevoir des stratégies est un métier naturel puisant dans la riche expérience de l’oppression, pour les peuples, le problème est tout autre. Il s’agit, pour faire face aux ruses des systèmes, de découvrir et de frayer des voies inédites.
Des voies nouvelles, parce qu’après la puissante poussée révolutionnaire du début de l’année dans presque tous les pays du Maghreb et du Machreq, la domination a mis au point des parades et a fichu beaucoup de pagaille : militarisation de la révolte en Lybie, au Yémen, puis en Syrie, répression brutale au Bahrein, l’alliance contrerévolutionnaire en Egypte intégrant la bourgeoise islamiste, etc.
Les peuples cherchent à reprendre l’initiative, car ils ont décidé d’entrer dans l’arène de l’Histoire, une bonne fois pour toutes. Il n’y a pas de génération spontanée dans le mouvement populaire déclenché il y a plus d’un an. Les mécanismes à travers lesquels se collecte l’intelligence agente au sein des peuples, ne sont pas près d’être découverts.
C’est le mystère encore impénétrable des grandes levées humaines, qui ont forgé notre histoire, contre les accapareurs de richesses et de pouvoir. Les Grands Anciens, les penseurs et les prophètes ont tenté de pénétrer ces arcanes de l’espèce et nous ont légués leur sagesse pour nous aider à réfléchir.
Nous sommes entrés dans une période où les peuples ne sont plus sur la défensive, nous sommes entrés dans l’arène de l’Histoire. L’Humanité, sur tous les continents désormais de plain-pied, veut survivre au chaos né du Dieu-Argent, chaos qui continue de s’étendre en ce début du 21ème siècle, menaçant de mort nos équilibres vitaux. L'Humanité le fait savoir de mille et une manières, murissant le crédo du siècle nouveau : le salut est dans l’égalité des chances entre les humains.
Première mise en ligne, le 14 mars 2012