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Publié par Saoudi Abdelaziz

 

 

Chekfa-Les vagues successives d’émigration

 

 

Chekfa est l’un des plus anciens centres urbains de Jijel. Les habitants de cette localité sont réputés pour leurs traditions anciennes d’émigration.

 

Première vague

 

Après la défaite de l’insurrection d’El Mokrani, les habitants de cette région de Jijel, expropriés par le colonisateur, se sont notamment dirigés vers Annaba, où ils se sont d’abord installés à El Hadjar et Sidi-Amar. Ces deux villages, où l’embauche était possible comme ouvrier agricole chez le colon, étaient des têtes de pont, des escales vers l’installation à Annaba ville. Venant des montagnes se situant au sud de l’axe qui va de Belghimouz à Sidi-Abdelaziz, en particulier à Bord Et’har et Chekfa, ces Jijéliens s’imposeront dans certaines corporations : boulangers, bouchers, coiffeurs, cafetiers, laitiers, marchands de légumes.

 

Vague de la guerre de libération

 

Une autre grande vague collective d’émigration a lieu pendant la guerre de libération nationale, entre 1958 et 1960. Partant de Bordj Et’har, Taghrast, Ouled Boughrira et Seddate, ces nouveaux émigrés se dirigent vers la capitale, ou vers Annaba, Meskiana (Aïn Beïda), Chmerra (Batna), Aïn Kercha. Ils transitent par Mila. Les citoyens restés en ce temps-là à Chekfa, ont été regroupés dans les centres construits et contrôlés par les militaires français à Bordj Et’har et El Kennar. « Comme ceux qui les ont précédés, un grand nombre de ces émigrés sont de bon boulangers. Ils sont aussi propriétaires de restaurants et de cafés. Ce sont les premiers au niveau national dans ces professions. Tout le monde leur reconnaît ça » confie M. Mokhtar, un des fils de Chekfa, actuellement patron du café Saddam Hussein, situé en face de notre journal, à Jijel-ville.

 

 

Dernière vague ?

 

 

A l’indépendance, certains sont revenus à la terre natale. La plupart sont restés fel gharba, mais ont gardé des liens avec leur village. Ils rendaient visite lors des fêtes religieuses et pendant les vacances. Par exemple, lors du Mawlid annabaoui, ils viennent tous. A l’occasion de cette fête, se manifestaient la solidarité et le bon voisinage. La tradition de la sahma faisait du village une seule famille.

 

Au cours des évènements douloureux de cette dernière décennie, une dernière vague de migration a vidé Chekfa et ses environs d’un grand nombre d’habitants. Depuis quelque temps, avec le retour progressif de la sécurité, la vie a repris dans cette région. Déjà, une parte de ces émigrés revient pour la cueillette des olives. A cette occasion des zerdate et des veillées sont organisées. Cela prouve que les gens restent attachés à leur terre bien que l’ambiance ne soit plus aussi forte que par le passé.

 

A.B. et S.A. Jijel-Infos n°13, 10-16 octobre 2001

 

 

 

 

Zone interdite

 

L’exode des Béni-Belaïd

 

 

Nous l’avons rencontré à la bibliothèque centrale de l’Université de Constantine, où il travaille comme bibliothécaire. Hocine Boulekdam raconte le pénible exode des Béni-Belaïd durant l’hiver de 1958. D’après âmmi Hocine, les habitants de Béni-Belaïd se sont majoritairement exilés durant cette période-là. La majorité s’est rendue à Annaba, Skikda et Alger, pour travailler dans la restauration et la boulangerie. Récit.

 

 

« En 1958, quand Béni-Bélaïd a été décrétée zone interdite par les autorités coloniales, toute ma famille s’est déplacée vers Constantine à pied. C’était l’hiver. Le voyage était pénible et la peur nous accompagnait. Un guide nous conduisait de douar en douar moyennant vingt francs. Nous traversions les oueds sur une petite embarcation appelée Tafou. Nous sommes arrivés à Béni-Mazouz trempés, après la traversée de Oued El Kebir. Le Tafou nous a coûté cinquante francs par personne.

 

A notre arrivée à la mechta de Bordj Et’har, nous sommes tombés sur l’armée française. Des familles nous ont hébergés. Après le départ de l’armée, nous sommes entrés à Ghar Eddiba, à côté de Béni-Ft’eh. Nous sommes arrivés à Zeghaïa, près de Ferdjioua où nous avons été accueillis très chaleureusement. Un hammam a été vidé pour nous et nous avons eu des pois chiche et du pain. Le lendemain, nous sommes rentrés à Constantine par un véhicule de transport. Nous avons habité route de Sétif.

 

Aujourd’hui, nous vivons à El-Khroub. Nous venons à Béni-Belaïd en vacances et nous suivons au jour le jour les informations sur la région, surtout celle des derniers évènements. »

 

Jijel-Infos n°8, 5-11 septembre 2001

 

 

 

 

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