Les Impressions du jeudi (21)
Par Saoudi Abdelaziz
Lu dans Liberté ce matin un compte rendu qui rapporte des propos du ministre de l’Intérieur :
« “La prochaine élection revêt un caractère sacré”, du fait que l’Assemblée sera appelée “à voter et à proposer une nouvelle Constitution”, a-t-il justifié, soulignant dans la foulée que la prochaine Assemblée sera “une constituante”, un mot que le ministre insiste à mettre entre guillemets ». (Liberté)
Le ministre utilise la parabole de la ponctuation d’une manière que les Algérois définissent par l’expression qachra oua toupi . Il a du toupet dirait le Français. Comme le ministre, on pourrait alors dire que M. Ould Kablia a mis le peuple algérien "entre parenthèses", avec cette curieuse procédure constitutionnelle.
La "concession" entre guillemet du ministre met le doigt sur la raison fondamentale du désintérêt des Algériens qui savent qu’on continue de les écarter de l'élaboration des décisions essentielles. Les rapports des services secrets et ceux des services de sondage ont informé le pouvoir de cette volonté populaire de ne pas jouer le jeu. Ie peuple sait que, de toute évidence, les forces du statut quo ne veulent pas que le peuple algérien devienne un constituant majeur et vacciné et qu’il envoie au Parlement-à la lumière de l'expérience collective et après un débat approfondi-, des représentants dotés d’un mandat impératif, définissant les règles du fonctionnement de la maison Algérie et du contrôle de son Etat.
Le climat de paranoïa contre « l’ingérence étrangère » que l’on tente –jusqu’ici vainement-de créer parmi les Algériens est-il une nouvelle ruse -après l’utilisation de l’ennemi terroriste- visant à susciter, notamment parmi les progressistes algériens, une activation du reflexe de conservation patriotique pour faire avaler une nouvelle couleuvre ?
Saoudi Abdelaziz, 23 février 2012