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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

"Le président a drapé dans son burnous les listes du FLN"

 

Le taux d’abstention annoncé par le ministère de l’intérieur est-il le bon ? Les résultats des différents partis sont-ils honnêtes ? La particularité du système électoral en Algérie est qu’il est placé entièrement sous le contrôle du pouvoir. Les chiffres sont donc des chiffres contrôlés. Inutile de chercher des preuves de tricherie, on n’en trouvera sans doute pas. Le FFS, le PST, le PT et les partis islamistes le savaient bien, et l’ont dit, avant de s’engager dans la campagne. C’est l’une des « règles du jeu » du système politique algérien.

 

Pour les estimations du taux de participation, il faudrait donc procéder par extrapolation, à partir des observations, de l’expérience et des intuitions. Pour ma part je dirais qu’un tiers des électeurs a participé à ces élections législatives . La particularité de ces législative qui les différencient radicalement des précédentes, c'est que le président de la république y a engagé, de manière dramatique, toute sa crédibilité nationale et internationale.

 

Sur fond de propagande électorale intensément martelée sur la menace étrangère, les motivations de la participation à ce plébiscite, très chichement mesuré, sont diverses. Hamid Guermache rapporte dans le quotidien économique français La Tribune, les propos du patron d'un groupe agroalimentaire algérien qui semble traduire un certain état d'esprit parmi les gens biens installés. «Franchement, je ne suis pas très chaud au changement radical et brutal. Nous risquons de sombrer dans l'instabilité. La stabilité est très importante pour l'économie. Le pouvoir a bien compris qu'il faut réformer et changer les choses ».

 

 « Sans le discours du président, les résultats auraient été autres » affirme Boudjemaa Haïchour Membre du comité central du FLN interrogé par  TSA. « À moins d’un miracle, nous aurions eu un taux d’abstention de plus de 70 %. Tout a totalement changé au lendemain du discours du Président ». Relevons en vrac dans cette interview quelques propos de M. Haïchour : « Le Président n’a pas manqué d’affirmer et de confirmer son appartenance politique, qui ne souffre d’aucun doute, quant à sa position en tant que président du FLN ». « Le président a drapé dans son burnous les listes du FLN ». « Il a demandé aux gens d’aller voter. En tant que président du FLN. Les gens ont compris. Le FLN, c’est la position refuge. On n’est plus dans le contexte du vote sanction. On est dans celui du vote refuge ». Les listes du FLN « ont été savamment habillées et liftées politiquement par le président ». « Sans le discours du président, les résultats auraient été autres ». ( Tout sur l’Algérie)

 

La démarche du président a reçu l’agrément des Occidentaux. Ces derniers ne s’embarrassent pas de doutes sur la véracité du scrutin. Les chancelleries et les médias donnent un satisfecit dès le lendemain de l’annonce des résultats. Hillary Clinton exprime sa sa satisfaction inconditionnelle : "Je tiens à féliciter le peuple algérien pour les élections (législatives) de cette semaine", a-t-elle indiqué dans un communiqué publié par le département d’Etat. "Je félicite le peuple algérien pour les élections législatives et salue la décision du gouvernement algérien de permettre aux observateurs de l’UE de contrôler les élections", a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, dans un communiqué du Foreign Office. "La France forme le voeu que ces élections concourent à la consolidation et à l'approfondissement du processus de réformes annoncé par le Président Bouteflika et attendu par la grande majorité des Algériens", déclare de son côté le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

L’Afp rapporte les propos d’Antoine Basbous, membre du « Cercle de l'Oratoire » une influente officine néoconservatrice française. « Il estime que l'Occident cherche aussi la stabilité de ce pays qui fournit à l'Europe un cinquième de ses besoins en gaz. (…) Qualifiant le pays de"pièce maîtresse dans l'enjeu du Sahel", Antoine Basbous est certain que l'on "ne va pas déstabiliser l'Algérie au moment" où on attend d'elle un rôle déterminant "dans sa zone d'influence".

 

Dans une chronique datée du 26 janvier nous écrivions sous le titre « Les occidentaux misent sur la stabilité du système » : « les trois piliers de l’Otan –USA, GB et France-semblent avoir opté pour le soutien à la stabilisation du système de gouvernement, au moins pour les deux ou trois années à venir, le temps de bien pomper nos réserves de devises avant le départ de Bouteflika et de renforcer leurs points d’appui. Et puis, l’Algérie reste imprévisible, wait and see commande le pragmatisme ». Je concluais ainsi cette chronique : « Mais, l’histoire récente, en cours de développement, indique que la bienveillance intéressée américano-franco-britannique n’est pas forcément un atout pour la sauvegarde d’un système de gouvernement dépassé ».

 

Saoudi Abdelaziz, 14 mai 2012

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