Le gouvernement tunisien n’a pas reculé !
La nomination le
22 février dernier d’Ali Larayedh à la tête du gouvernement tunisien, ouvrait-t-elle la voie à la rupture franche de son parti Ennahda avec la violence intégriste qui empoisonne la société
tunisienne. Larayedh, avait dès sa nomination affirmé cette volonté dans une interview.
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« Vous
aviez parlé, il y a un an, d'un "affrontement inévitable" avec les salafistes, le redoutez-vous toujours ?
Il a déjà eu lieu et il
le sera encore, de façon ponctuelle. C'est une fraction du salafisme qui prône la violence et le terrorisme. Il n'y a pas de dialogue avec ceux qui sont en guerre avec la société. Les autres,
nous sommes contre leur projet de société, leur vision des relations entre les peuples, de la démocratie, des femmes, mais du moment qu'ils n'utilisent pas la violence, nous sommes confiants dans
le fait que les Tunisiens n'opteront pas pour un tel projet ».( Le
Monde).
DEUX MOIS PLUS TARD …
Le 12 mai Abou Ayad, chef d'Ansar al-charia s'adresse aux "tawaghits" (tyrans)
DR-Auparavant : Abou Ayad avec le chef d’Ennahda
"Aux tyrans qui pensent être des islamistes... Sachez que vos actes stupides ne feront que vousentraîner dans la guerre.
Sachez aujourd'hui que vous êtes en train de commettre des absurdités,
présageant d'une accélération de la bataille... Je vous dis au nom de Dieu, que vous n'êtes pas en train de faire la guerre aux jeunes, mais à une religion victorieuse avec la victoire de Dieu, et aucune force sur terre quelle qu'elle soit ne peut lui faire essuyer une défaite. Je vous rappelle seulement que nos jeunes qui ont montré des actes héroïques dans la
défense
de l'islam en Afghanistan, en Tchétchénie, en Bosnie,
en Irak, en Somalieet en Syrie
n'hésiteront pas à se sacrifier pour leur religion
en terre de Kairouan..."
L'Etat tunisien est resté ferme
Les salafistes ont perdu la «bataille de Kairouan»
Par Salem Ferdi, 20 mai 2013
C'était la journée de tous les dangers, celle de la confrontation que les Tunisiens appréhendaient. Elle a été émaillée d'incidents, d'affrontements, mais le
congrès du mouvement salafiste Ansar Al-Charia non autorisé par les autorités n'a pas eu lieu.
Le Gouvernement tunisien n'a pas reculé devant les menaces de recours à la violence émanant des dirigeants du mouvement salafiste. Kairouan où devait se
dérouler le Congrès a été quadrillé par les services de sécurité. La décision des dirigeants salafistes de maintenir la tenue d'un congrès interdit sonnait comme un défi aux autorités.
Celles-ci n'ont pas reculé. La «bataille de Kairouan» n'a pas été perdue par l'Etat tunisien, les salafistes n'auront pas leur «ghazoua». Les salafistes ont fait le «baroud d'honneur» surtout
dans le quartier populaire Attadhamoun, dans la banlieue ouest de Tunis, où des affrontements ont éclaté entre des jeunes et des policiers. C'est là qu'Ansar Al-Charia avait appelé ses
partisans à se rassembler, l'accès à Kairouan ayant été rendu difficile par le déploiement policier décidé par le gouvernement tunisien qui ne pouvait se permettre de reculer devant les
menaces. Le ministère de l'Intérieur a donné un premier bilan des affrontements qui ont eu lieu à Tunis : «onze agents de sécurité blessés, dont un grièvement et trois manifestants, dont un est
gravement blessé».
Les salafistes se retirent, les jeunes désœuvrés
font l'émeute
Le communiqué du ministère de l'Intérieur parlait également d'un
«retour relatif au calme». Aucune indication n'a été donnée sur le nombre de personnes interpellées dans des affrontements où des jeunes salafistes ont attaqué les forces de l'ordre à coup de
cocktail Molotov. Ces jeunes salafistes avaient dressé des barricades avec des pneus enflammés dans les rues du quartier Atttadhamoun et ont attaqué les policiers à coup de pierre. Les forces
de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes. Les émeutiers se sont ensuite déplacés vers un quartier voisin, Intilaka, où des heurts se déroulaient encore dans l'après-midi. A Kairouan,
ville sur laquelle les salafistes ont jeté leur dévolu pour tenir un congrès «autorisé par Allah», des incidents similaires ont éclaté près de la mosquée du quartier Bab Achouhada, dans le
centre-ville. La police caillassée répliquait avec des gaz lacrymogènes. Très rapidement,
et c'est assez récurrent, ce sont des jeunes désœuvrés du quartier qui ont livré bataille aux forces de l'ordre, les salafistes cessant rapidement d'être visibles. Les
commerçants avaient fermé boutique par précaution.
Une rupture «bénéfique» pour Ennadha
Les autorités qui ont décidé d'interdire le «congrès» ont mis les moyens pour faire face au défi d'Ansar Al Charia qui avait appelé au rassemblement à la
cité Ettadhamoun où des affrontements ont déjà eu lieu la semaine dernière quand les autorités ont empêché les salafistes d'installer des «tentes de la daawa». Depuis samedi, les fouilles des
véhicules étaient sévères dans la région de Kairouan et les barbus étaient empêchés d'entrer dans la ville. De nombreuses interpellations de salafistes ont eu lieu dont le porte-parole du
mouvement, Seif-Eddine Raïs. Le porte-parole a été «interpellé à l'aube alors qu'il faisait un footing devant les policiers», selon une source policière qui a parlé de «provocation». Les
autorités qui ont interdit le rassemblement d'Ansar Al Charia qualifié de «menace pour la sécurité» semblent avoir bien géré cette journée dangereuse. Le gouvernement n'a pas cédé face à la
menace. Cette fermeté de l'Etat s'accompagne, au niveau de la mouvance islamiste, d'une rupture désormais totale entre les Frères musulmans d'Ennadha et les salafistes. Une rupture qui ne peut
qu'être bénéfique pour Ennadha qui a supporté au cours des derniers mois les effets politiques des comportements agressifs et liberticides des salafistes.