Le FFS alerte sur la "vulnérabilité" de l’Algérie
Déclaration de Ali Laskri, au conseil national du FFS
1er février, 2013
Je voudrais que nous nous arrêtions, également, dans notre débat d’aujourd’hui sur l’attaque terroriste de Tiguentourine, sur la gravité et le caractère sanglant de l’attaque elle-même, et plus globalement sur le contexte dans lequel elle s’est produite. Ce que nous savons sur cette opération, ce qui a été rendu public par les pouvoirs publics et par la presse, reste encore entouré de trop de zones d’ombre pour nous permettre de mesurer tous ses tenants et aboutissants. Quoi qu’il en soit, et en attendant ce que pourraient révéler de plus amples investigations, nous pouvons d’ores et déjà relever les graves défaillances dans la sécurisation d’un site stratégique qui aurait dû être autrement mieux protégé compte tenu de son caractère vital pour l’économie nationale, mais aussi à cause de sa proximité avec les frontières. Notamment avec la Libye qui traverse une période chaotique depuis que l’intervention militaire de l’OTAN a mis un terme à la tentative africaine de trouver une sortie de crise moins coûteuse pour le pays et pour la région.
Nous aurons, dans les jours et les semaines qui viennent, à nous pencher sérieusement sur les évènements qui ont bouleversé la région ces derniers mois et qui ont transformé les aspirations démocratiques des peuples, en lutte contre des régimes autoritaires et corrompus, en un épouvantable chaos sanglant. Un chaos qui sert en premier lieu les intérêts sordides des puissances, leur interventionnisme néo- colonial et entretient leur industrie de guerre. Un programme qui peut rejoindre celui des factions les plus anti- nationales au sein même des régimes autoritaires qui ont conduit leurs pays à la catastrophe. Ceci vaut également pour l’intervention française au Mali, sur laquelle nous nous sommes déjà prononcés et à laquelle nous comptons consacrer prochainement une journée d’étude et de débat, car il s’agit d’une question qui va influer, directement et indirectement, sur la situation nationale. On peut même considérer que son influence est déjà à l’œuvre. Dans ses liens avec l’attaque terroriste de Tiguentourine mais également parce que des pressions terribles sont exercées sur le pouvoir algérien pour obtenir- voire forcer- sa participation militaire à la guerre en cours. L’état de déliquescence politique et économique du pays ferait d’une telle décision, si elle venait à être prise, la porte ouverte à des malheurs encore plus grands que ceux qui lui ont été imposés durant la sale guerre des années 90. Tout cela mérite un débat sérieux et je suis sûr que nous en sommes tous conscients ici.
Pour revenir à Tiguentourine, au même titre que l’ensemble des Algériens, nous avons accueilli avec soulagement la neutralisation des terroristes par les forces spéciales de l’armée nationale et la libération des otages, dont une écrasante majorité de nos compatriotes. Nous avons aussi une pensée pour les victimes et nous rendons un hommage particulier à notre compatriote Mohamed Amine Lahmar qui a sacrifié sa vie pour lancer l’alerte ce qui a permis aux cadres de Sonatrach de prendre, courageusement et avec une conscience professionnelle exemplaire, les mesures nécessaires pour éviter le pire. Ce que vient, brutalement, nous rappeler cette agression terroriste, c’est la grande vulnérabilité sécuritaire, économique et politique de notre pays.
Depuis des années nous n’avons, et nous ne sommes pas les seuls, cessé d’interpeller les pouvoirs publics sur- précisément- tous ces facteurs: absence de démocratie et de libertés, népotisme, corruption, exercice du pouvoir en dehors de tout cadre institutionnel et en dehors de tout contrôle, marginalisation des élites et mépris des populations. Ces facteurs, aujourd’hui cumulés, menacent dangereusement la stabilité du pays et son devenir. »