La "vision commune" sino-russe
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Pour sa première visite d’Etat, après son entrée en fonction il y a huit jours, le Président chinois Xi Jinping a choisi de se rendre en Russie, montrant ainsi l’importance des relations sino-russes pour le nouveau leader de la Chine. La rencontre prévue avec Vladimir Poutine aura pour objectif de rapprocher un peu plus les deux pays qui entretiennent des liens importants aux niveaux énergétique, commercial mais également géopolitique.
Au-delà de l’aspect symbolique de cette visite – le président russe avait choisi Pékin comme l’une des premières destinations étrangères de son troisième
mandat, les deux chefs d’Etat auront l’occasion de discuter des accords énergétiques entre les deux pays. En effet, la Russie est l’un des premiers producteurs d’énergie au monde et la Chine, le
premier consommateur d’énergie de la planète. Il est ainsi question d’un contrat doublant les livraisons de pétrole russe (actuellement de 300 000 barils par jour) vers le territoire chinois. Au
niveau gazier, les deux pays s’étaient entendus en février sur un approvisionnement annuel (de la Russie vers la Chine) de 38 milliards de mètres cubes qui est également susceptible
d’augmenter.
L’accroissement des relations commerciales sera également au programme de cette rencontre. En effet, les deux pays entretiennent un commerce bilatéral (88
milliards de dollars en 2012) en pleine expansion, la Chine étant à l’heure actuelle le premier partenaire commercial de la Russie, et ce, pour la troisième année consécutive. Après une
augmentation de 11 % entre 2011 et 2012, le commerce sino-russe pourrait atteindre 100 milliards de dollars en 2015, 200 milliards en 2020. Le Ministère chinois du Commerce attend ainsi de cette
visite qu’elle donne « un coup d’accélérateur aux investissements et à la coopération entre les deux pays. »
Enfin, sur le plan géopolitique, les deux pays défendent l’idée d’un monde multipolaire régi par le droit international, développant une vision commune des relations internationales, notamment sur les dossiers syrien, iranien et nord-coréen. Outre leur coopération politique au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, Moscou et Pékin ont une perception similaire de la menace américaine. Ainsi, la stratégie d’encerclement développée par Washington– à travers l’OTAN (pour la Russie) et le redéploiement des forces militaires américaines dans le Pacifique (pour la Chine) – a eu pour effet de rapprocher les deux géants asiatiques.
Après Moscou, Xi Jinping se rendra en Tanzanie, en République démocratique du Congo mais également en Afrique du Sud où il retrouvera le président russe et ses homologues brésilien, indien et sud-africain à l’occasion du sommet des BRICS qui se tiendra les 26 et 27 mars.
Source : Affaires-stratégiques, 22 mars 2013.