Khaled Nezzar, une audition difficile à avaler…
Un général algérien, placé pendant plusieurs années au sommet de la pyramide de l’Etat algérien, est auditionné par un petit juge suisse. L’événement n’est pas banal, difficile à avaler pour l’Algérien de base. Abed Charef lui a consacré hier un billet d’humeur dans la Nation.info.
Hasard des bouclages, le lendemain, Khaled Nezzar s’exprime dans les colonnes du quotidien Le Soir d’Algérie.
Le juge et le général
Je me suis senti humilié en
lisant ces procès-verbaux de l’audition de l’ancien général-major Khaled Nezzar par un procureur suisse. Cet homme qui avait été ministre de la défense de l’Algérie, qui avait fait et défait les
pouvoirs, qui avait été membre du Haut Comité d’Etat, et qui avait occupé une place centrale dans la prise de décision en Algérie durant la période la plus critique de son histoire depuis
l’indépendance, cet homme a été contraint de décliner son identité devant un fonctionnaire suisse, et subi un interrogatoire en règle sur ses faits et gestes durant les années 1990.
Pourquoi s’est-il rendu en Suisse alors qu’il se savait sous la menace de poursuites ? Ses mésaventures antérieures en France n’aurait-elles servi à rien? La déliquescence
institutionnelle est-elle si avancée qu’un homme qui a été aussi important dans le pays n’est plus géré par aucune institution, et ne bénéficie de l’appui d’aucun juriste ?
M. Nezzar a indiqué qu’il se rendait en Suisse pour voir un psychothérapeute qui l’aiderait à cesser de fumer. La réponse est incongrue, mais quels que soient les vrais motifs, les conséquences
de ce voyage sont énormes. Le général-major Khaled Nezzar s’est retrouvé dans une fâcheuse posture, qui a intrigué beaucoup d’Algériens, et qui inquiété nombre de ses anciens pairs. Quel ancien
général algérien peut encore voyager librement à l’étranger ? Qui sera la prochaine victime d’interrogatoire ? Y a-t-il moyen d’échapper à ses poursuites ? Ces questions
hantent visiblement les nuits de beaucoup d’anciens hauts responsables.
Sur un autre plan, M. Khaled Nezzar a-t-il donné les bonnes réponses au procureur suisse, qui a mené un interrogatoire plus politique que policier? A-t-il été poussé au bout de ses
retranchements? Risquait-il vraiment d’être arrêté, jugé et, éventuellement, détenu ? Et sur le fond, a-t-il réellement commis les crimes dont il est accusé ? La plainte déposée
contre lui en Suisse, et qui, semble-t-il, vise désormais les autres membres du HCE, en tant que présidence collégiale, cette plainte était-elle fondée ?
Ou bien, à l’inverse, Khaled Nezzar est-il un héros national comme le soutiennent ses proches et amis, ceux qui l’ont accompagné dans ce parcours chaotique, et comme il le soutient lui-même dans
ses réponses qu’il estime cinglantes à l’adresse du procureur suisse ? A-t-il sauvé l’Algérie de l’intégrisme, a-t-il évité au pays de sombrer dans une dictature sanglante ?
Toutes ces questions reviennent de manière cyclique depuis bientôt deux décennies. Et opposent invariablement deux camps, dont les lignes ont peu bougé depuis, malgré quelques
« défections » dans les rangs des anciens partisans de M. Nezzar, qui reconnaissent que l’objectif de ceux qui ont interrompu les élections était de garder le pouvoir plutôt que de
sauver la démocratie.
Mais il ne s’agit pas, ici, de trancher dans des questions qui ont pourtant été très importantes dans la vie du pays. Il s’agit simplement de noter que Khaled Nezzar, un des principaux dirigeants
du pays, a décliné son identité devant un fonctionnaire de la justice suisse, et s’est soumis à un long interrogatoire. Que ce fonctionnaire suisse a signalé à M. Nezzar que le passeport
diplomatique qu’il détenait ne lui fournissait aucune immunité, ne lui serait d’aucune utilité, à part celle lui éviter de se mettre dans de longues files d’attente pendant son voyage.
Ce n’est pourtant pas de là que vient mon humiliation. Ni du fait que M. Nezzar a promis de se mettre à la disposition de la justice suisse, en cas de nouvelle convocation, ce qui lui a permis
d’être autorisé à quitter la Suisse. Mon humiliation vient du fait que M. Nezzar, qui a accepté docilement de répondre au procureur suisse, qui a poliment et patiemment répondu à toutes ses
questions, y compris celles qui paraissaient les plus déplacées, M. Nezzar, donc, si déférent devant la justice suisse, ne sera pourtant jamais entendu par le procureur de Aïn-Defla pour des
actes qu’il aurait commis contre des citoyens algériens. Qu’aucun procureur algérien n’acceptera jamais de recevoir une plainte contre M. Nezzar. Qu’en Algérie, M. Nezzar est au-dessus de
la loi. Et que, au bout du compte, la justice n’existe pas, en Algérie, car elle est incapable de s’en prendre aux puissants.
Ce qui provoque, chez nombre d’Algériens, des réactions dont M. Nezzar ne se rend même pas compte de la gravité : seule la justice mise en place par les occidentaux pour juger les dirigeants
du Tiers-Monde apparait désormais, pour une partie de l’opinion, comme recours face à l’impunité des dirigeants.
Abed Charef. 15 Novembre 2011. La Nation.info
Pour Hani Mostaghanemi du Soir d’Algérie, Nezzar est « un hussard au grand cœur venu à la politique par défaut ». Notons, dans la foulée de l’argumentation anti-intégriste, une prise de position éminement politique du hussard sur l’intervention de l’OTAN contre un pays voisin : « Récemment, Mme Merkel, le président Sarkozy ainsi qu’Hillary Clinton se sont indignés des menaces de l’ancien guide libyen adressées à sa population. La décision du Conseil de sécurité qui a autorisé l’intervention militaire contre Kadhafi a été prise pour empêcher le massacre des civils ». Espérons, pour lui, que la justice occidentale et démocratique suisse saura tenir compte de cet alignement.
Khaled Nezzar : « Je suis au coeur d’une conspiration »
Jamais officier algérien à la retraite n’a autant parlé que Khaled Nezzar. Il a si souvent payé de sa personne et pris tant de risques, qu’il ne compte plus les bleus qui marquent son épiderme. C’est un personnage qui passionne et dérange en même temps, qu’on aime ou qu’on déteste sans nuance et qu’on insulte parfois. Au-delà des réactions tranchées que déclenche le simple énoncé de son nom, il reste pour toute une génération, un grand décideur qui a eu le courage de passer à l’acte quand il le fallait.
Un décideur qui a été immense par les services qu’il a rendus à l’institution militaire et à la patrie. Son désintérêt pour le pouvoir donne à ses paroles un incontestable accent de sincérité. Parvenu à ces sommets où généralement «les sauveurs du peuple» s’incrustent et sévissent, il a été conséquent avec ses engagements en se retirant de la politique. Il est vrai que la proclamation du 14 Janvier 1992 instituant un Haut Comité d’Etat l’y obligeait par son article 4, «cette mission ne saurait excéder la fin du mandat présidentiel issu des élections de décembre 1988». Mais combien de généraux, de par notre pauvre monde, ont quitté volontairement le pouvoir, une fois qu’ils l’ont conquis ?
Même à la retraite, Nezzar demeure décideur de ses actes et de ses paroles, cassant les tabous les mieux assis de l’institution et fournissant des clefs d’accès à ses codes cryptés. Dans un environnement impitoyable qui interprète chaque variation de ton comme une volte-face et chaque propos nuancé comme un reniement passible d’anathèmes, il assume ses amitiés, ses professions de foi et ses «corrections de tirs» avec des accents simples et des toniques qui portent au loin. Polémique, prolixe, se battant au corps à corps, au moment où certains pensent que ses querelles sont indignes de sa stature et dommageables pour son image de marque (affaire Souaïdia), il révèle soudain derrière ces leurres, ces marionnettes, des tireurs de ficelles qui expliquent et justifient sa colère. C’est cela Nezzar, un hussard au grand cœur venu à la politique par défaut quand, au moment de la grande épreuve, ceux qui s’en prévalaient «légitimement » avaient, tous, déclaré forfait.
Le Soir d’Algérie :
Général Nezzar, ouvrons cette interview par une question indiscrète : comment allez-vous ?
Général Nezzar
: Aussi bien que peut l’être un homme décidé à se battre. Général Nezzar, ce n’est pas la première fois que vous vous trouvez au cœur d’une polémique, est-ce votre stature
totémique qui attire sur vous la foudre ? Dites plutôt «au cœur d’une conspiration». Il est vrai que j’ai une certaine visibilité. Cela, dans certains pays, se paye par la hargne des ennemis dès
que ces derniers subodorent qu’ils peuvent y aller sans craindre le retour du bâton. Certaines hargnes ont la vie longue.
Ces hargnes ne
sont-elles pas nourries par un discours-perfusion ?
Rien n’est plus gratifiant
pour ceux auxquels l’ANP a, jadis, barré la route que de voir un de ses anciens chefs sur la sellette. Quelque part, c’est une tentative d’obtenir par ricochet la condamnation par la justice des
nations qui comptent de l’action salvatrice de janvier I992.
Quel regard
portez-vous sur les ONG en général et sur TRIAL en particulier ?
Je n’ai aucun commentaire à
faire sur TRIAL. Pour ce qui est des ONG, celles qui se sont proclamées gardiennes des droits de l’homme, elles sont perçues par nos opinions publiques comme la bonne conscience sélective de
l’Occident. Mais nul ne doit se désoler de voir ces gens se battre pour la déconfiture des méchants et la gloire du droit, désormais imposé comme valeur universelle. Tant mieux, si les
législations des pays, où ces ONG ont érigé leur mât et hissé leurs couleurs, leur prêtent mainforte. Et tant mieux pour tout le monde si ce n’est plus la canonnière qui mouille à portée de
boulets des côtes barbaresques mais les anathèmes des champions du droit d’ingérence «quatre roues motrices».
Globalement, selon
vous, leur action est donc positive ?
Bien évidemment ! Notre
monde, le nôtre surtout, autour duquel, depuis l’immolé de Sidi Bouaziz, gravite la planète, a tragiquement besoin de solidarité et de justice. Pour les gens emprisonnés, torturés, bombardés,
assassinés pour leurs idées, c’est déjà ça de pris. Si la menace de devoir rendre des comptes peut faire reculer un dictateur, on ne peut que s’en réjouir.
Le canevas pour les
présidences à vie basées sur un homme «providentiel», s’appuyant sur un clan surarmé et décidé à briser toute contestation par la violence a-t-il réellement fait son temps?
Grâce soit rendue à l’Europe
des peuples, dont certaines ONG sont l’émanation. Cette Europe des peuples qui a permis, çà et là, à l’étincelle de ne pas s’éteindre. Peut importe si cette justice supranationale n’agit qu’a
posteriori, une fois que l’ancien fondé des intérêts des banquiers étrangers, gravement contesté dans son pays, a férocement sévi.
Vous ne répondez pas
à la question. Peu importe ! Changeons de sujet, vous employez le mot «banquier», est-ce une allusion à la patrie de Jean Zigler ?
La Suisse est un grand pays
ami qui, dans les moments difficiles, a été aux côtés de l’Algérie combattante. Chacun se rappelle ce que les autorités fédérales suisses ont consenti comme efforts pour faciliter les conditions
dans lesquelles se sont déroulées les négociations algéro-françaises qui ont abouti au cessez-le-feu du 19 mars 1962 et avec quelle constance et quelle habileté les diplomates suisses ont œuvré
pour rapprocher les extrêmes. Je me souviens d’un article de Pierre Henri Simon, paru dans Le Monde du 15 mars 1962, qui soulignait l’importance et la qualité des prestations des autorités
fédérales suisse, lesquelles : «Dans un monde agité et furieux démontrent une vocation d’ordre et de service».
Un monde agité et
furieux ? Un rappel de la scène politique algérienne pendant la décennie 1990 ?
Nos partenaires étrangers
doivent, parce que nos relations sont anciennes et exemplaires, avoir une approche de nos problèmes documentée et sereine.
En un mot, prudente
?
En un mot comme en dix !
Vous ne vous sentez
pas concerné par les accusations dont vous êtes l’objet ?
Ma réponse est on ne peut
plus claire. Je suis pour le droit, pour la liberté d’expression, pour la démocratie. Je l’ai prouvé en facilitant, avec mes compagnons du HCE, les sensibilités politiques plurielles, et nous
avons fait en sorte que celles qui n’utilisent pas la violence aient droit de cité. J’ai quitté le pouvoir volontairement. Pourquoi aurais-je torturé ou fait torturer ? Dans quel but ?
Faut-il douter de la
bonne foi de vos accusateurs ?
Rien n’est plus gratifiant
pour les résidus du FIS que de voir sur la sellette l’homme qui a contrarié leurs ambitions. Ils m’incriminent en tant qu’ancien chef de l’armée, me faisant porter la responsabilité de faits
auxquels je suis complètement étranger et contre lesquels la justice de mon pays a sévi à chaque fois qu’elle en a eu connaissance.
C’est donc l’armée
qui est visée à travers vous et vous ne seriez que le prétexte pour d’autres prétentions ?
Mais ils le disent on ne peut
plus clairement : on ne peut pas citer à comparaître toute l’armée. On incrimine donc celui qui la commandait. Le timing de ces attaques, le contexte régional dans lequel elles sont menées, les
commanditaires que l’on devine derrière elles, m’autorisent à croire qu’il y a des arrière-pensées bien éloignées du dossier visible des plaignants. En ce qui me concerne, je suis bien décidé à
crever l’abcès une bonne fois pour toutes. Il y va de mon honneur et de celui de l’institution à laquelle j’ai consacré toute ma vie.
Nezzar, défenseur,
quoi qu’il lui en coûte, de l’ANP ?
Permettez-moi de rappeler à
quoi l’ANP a dû faire face par deux citations de l’idéologue du parti que la justice algérienne a dissous, Ali Benhadj : «La démocratie est mécréance» (Le Maghreb n° 173 du 23/10/1989) et «si le
peuple vote contre la loi de Dieu (la Charia), cela n’est rien d’autre qu’un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer ces mécréants…» (Horizons du 23- 02-1989). On peut en citer d’autres toutes
autant édifiantes sur ce que réservaient ces braves gens aux Algériens. Récemment, Mme Merkel, le président Sarkozy ainsi qu’Hillary Clinton se sont indignés des menaces de l’ancien guide libyen
adressées à sa population. La décision du Conseil de sécurité qui a autorisé l’intervention militaire contre Kadhafi a été prise pour empêcher le massacre des civils. Je revendique pour l’armée
de mon pays le droit d’intervenir pour protéger son peuple. Je souligne que je ne fais aucune comparaison malvenue entre l’ANP et les forces de l’OTAN. L’armée algérienne, héritière de l’ALN, est
intervenue contre la violence dans le cadre de la loi sans recourir aux méthodes qui ont déshonoré tant d’autres armées dans nos régions. L’ANP, tout en menant ses opérations salvatrices de
maintien de l’ordre, a conforté le multipartisme sans exclure aucune obédience, elle a respecté la liberté de la presse, elle a tout fait pour que le dialogue entre les Algériens soit le moyen de
régler les différends, elle a surtout initié une politique de la main tendue et du pardon en direction de ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays.
Si nous avons bien
compris, vous revendiquez pour l’armée un droit d’ingérence dans la sphère politique ?
Pourquoi est-ce que vous
détournez ce que je dis. L’ANP, et cela je le revendique et je l’assume, a empêché la kaboulisation de l’Algérie. Que des mémoires à œillères le perçoivent différemment maintenant que le danger
est passé est dans la nature des choses. On peut s’en indigner, mais il faut faire avec.
Vous avez écrit de
nombreux livres, parmi tous ces ouvrages, il y en a un en particulier que j’ai lu avec intérêt. Il relate avec beaucoup de détails les tenants et les aboutissants de l’opération de janvier
1992.
Vous voulez sans doute parler
de l’«arrêt du processus électoral» ? Je suis en train de le mettre en ligne. J’aurais dû le faire avant, ainsi, les Suisses qui sont, comme chacun sait, méticuleux et précis, auraient eu, avant
mon interpellation, une approche totalement différente de la personnalité et de l’action des chefs de l’ANP et surtout de l’action qui prévalait en Algérie à la veille et au lendemain de la
démission du président Chadli Bendjedid.
Est-ce que vous ne
seriez pas en train de déplacer l’objet de la plainte dont la justice suisse est saisie en rappelant le pourquoi et le comment des événements où le FIS et l’ANP ont eu les premiers rôles
?
Non, tout est
inextricablement lié. Ce sont les mêmes commanditaires, les mêmes alliés, les mêmes chapelles politiques, les mêmes intérêts liés par la même finalité. Dans quelques jours, vous verrez d’autres
marionnettes accourir rameutées par les mêmes officines et les mêmes laissés-pour-compte de l’Histoire pour bénéficier de la publicité qu’offre un prétoire.
Vous contestez à la
justice suisse le droit de se poser des questions sur les atteintes aux droits de l’homme en Algérie dont vous êtes accusé ?
La meilleure façon de lui
contester ce droit est de ne pas répondre à ses questions, or j’ai dit, et je le répète ici, je suis et je resterai à sa disposition.
Le procureur de la
République près le tribunal de Sidi M’hamed vient d’ouvrir une information judiciaire suite à la plainte de M. Belmouhoub pour enlèvement et séquestration…
Laissez-moi poursuivre à
votre place. Vous voulez savoir si je suis pour quelque chose dans cette affaire ?
Pas exactement, mon
général. Je voulais dire — parce que l’opinion publique l’a ainsi interprété — qui a intérêt à accabler encore Nezzar au moment même où ce dernier se trouve dans une situation délicate ? Personne
de vraiment sensé n’a cru à votre implication personnelle, ou à celle de vos proches, dans cet étrange enlèvement.
J’ai lu dans la presse, et
vous le confirmez vous-même, que le procureur de la République est saisi de cette affaire.
Il ira jusqu’au bout.
Cela je peux vous l’assurer. Il faut croire que vous n’avez pas que des amis en Algérie. Vous avez dans cette affaire «suisse» nommé Aït Ahmed. Maintenez-vous vos propos?
J’avais du respect pour le
parcours historique de M. Aït Ahmed. J’ai exprimé, il y a quelques années, ma surprise lorsqu’il a cru de bon goût de comparer le délinquant Souaïdia aux héros de l’OS. Ses positions politiques
sont un peu difficiles à suivre pour ceux qui sont habitués à une certaine constance dans les idées. En feuilletant récemment de vieilles archives, je suis tombé incidemment sur un article de La
Nationdu 4 juillet I992, signé par M. A. Boumendil qui dit en substance, à propos du dialogue initié par les autorités de l’époque, que M. Aït Ahmed «aurait rendu hommage au réalisme de l’ANP qui
s’est exprimé par la recherche d’une solution au problème de la violence… l’initiative du général-major Khaled Nezzar est pour le moins louable. Car ce genre de rencontres peut mener à une sortie
pacifique de l’impasse et faire échec à toutes les tentatives de plonger l’Algérie dans le chaos». Je n’ai pas souvenance d’un quelconque démenti de la part de M. Aït Ahmed. Je n’ai jamais
compris son animosité à l’égard de l’ANP, mais c’est son problème.
L’Etat vous
soutient-il dans vos difficultés actuelles ?
Ma réponse sera brève. L’Etat
algérien est logique avec lui-même. Il s’est assumé clairement dans cette affaire. L’actuelle législature fait suite à celles qui l’ont précédée. Il y a une cohérence et une continuité dans
l’action. Pourquoi l’Etat algérien abandonnerait-il un ancien responsable qui a œuvré pour la pérennité de l’Etat et qui a même, peut-être, d’une certaine façon, à un moment, incarné l’Etat ?
Avez-vous le
sentiment que le président de la République a fait montre de solidarité avec vous ?
Pleinement !
Hani Mostaghanemi, 16 novembre 2011. Le Soir d’Algérie