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Publié par Saoudi Abdelaziz

« La scolarisation massive des filles suffit-elle à provoquer des changements sociaux ? »

Scolarisation féminine massive, système matrimonial et rapports de genre au Maghreb

Par Kamel Kateb, automne 2011

EXTRAITS

Des modifications inédites se déroulent sur les marchés matrimoniaux des pays maghrébins. Quel rôle a joué le système scolaire dans ces transformations ? La scolarisation massive des filles, la prolongation de la durée des études, la plus grande présence des femmes dans l’espace public et le développement de formes de mixité ont-ils contribué à ébranler les bases des stratégies matrimoniales et, plus largement, de l’organisation familiale traditionnelle ?

Dans des pays où le statut des femmes est au cœur des problèmes de société, la scolarisation massive des filles est-elle un fait suffisant pour provoquer des changements sociaux qui ont pourtant résisté aux assauts de la modernisation coloniale ? Si elle a été sans conteste un facteur non négligeable du relèvement de l’âge moyen des femmes au mariage, peut-elle expliquer à elle seule l’ampleur de cette hausse ? Comment ces changements se sont-ils répercutés sur les relations au sein de la cellule familiale, notamment sur les pratiques du mariage et les rapports de genre ?

 Pour atteindre les objectifs assignés à ce travail et essayer de donner une réponse pertinente aux innombrables questions soulevées, les données publiées par les instituts nationaux de statistiques des trois pays sont mobilisées en priorité. Elles ont été obtenues par les recensements de période décennale et différentes enquêtes nationales menées parfois dans le cadre de campagnes internationales de constitution de bases de données (EADS, PAPCHILD, PAPFAM, etc.)

Concernant la scolarisation et l’éducation nous utiliserons les données publiées dans les annuaires statistiques des trois pays et celles regroupées par l’UNESCO. Il en découle des changements profonds dans la position de la femme dans ces sociétés avec des inégalités importantes dans les rapports de genre.

 Cependant, dans quelle mesure le système éducatif (par la scolarisation de plus en plus forte des deux sexes et l’augmentation de la durée des études) a-t-il contribué à ébranler les bases de l’organisation familiale traditionnelle, en favorisant la présence des femmes dans l’espace public et le développement de formes de mixité ?

Dans un pays où le statut des femmes est au cœur des problèmes de société, la scolarisation massive des filles, aussi importante soit-elle, est-elle suffisante pour provoquer les changements enregistrés ? Le système éducatif aurait ainsi mis à mal un système social séculaire, ayant résisté à tous les assauts de la modernisation coloniale.

Enfin, si elle a sans conteste favorisé le relèvement de l’âge du mariage des femmes, l’éducation peut-elle expliquer l’ampleur et la poursuite de cette hausse ? En d’autres termes, comment les changements induits par la scolarisation se répercutent-ils sur la cellule familiale, son organisation et ses relations internes et externes ? Quels impacts ont à leur tour ces changements sur les stratégies familiales ? Quelles sont les répercussions de ces stratégies sur les politiques éducatives ?

Si ces interrogations sont trop vastes pour être toutes traitées ici, ce travail entend analyser l’influence de l’instruction sur le fonctionnement de la société. Il s’agit d’étudier l’action qu’exerce la scolarisation de masse sur les relations de genre, sur les relations à l’intérieur de la cellule familiale et sur le fonctionnement global de la société. Comment la généralisation de la scolarisation, dans une société où l’analphabétisme était dominant, agit-elle sur les relations intergénérationnelles, les rapports sociaux spécifiques aux sociétés traditionnelles (marquée par la domination de l’aîné sur la fratrie, la prééminence du sexe masculin et l’autoritarisme dans les relations parents-enfants et hommes-femmes) et les constructions identitaires ?

Pour répondre à ces interrogations, nous mobiliserons les données de recensements et de diverses enquêtes sur la scolarisation et l’éducation publiées par les instituts nationaux de statistiques des trois pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie). Les rapports de genre seront quant à eux approchés par l’analyse des codes nationaux de la famille.

Lire le texte intégral de l’étude en PDF : gss.revues.org

 

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