Jijel : sauver les riches terres de Bazoul et El Kennar
Il y a dix ans jour pour jour, l’hebdomadaire local Jijel-Infos, dont la parution a été suspendue depuis, alertait sur les menaces qui pesaient sur les terres agricoles les plus riches de la région. La mise ne service de la zone industrielle de Bellara est l’occasion de faire le point.
Jijel : Spéculation foncière : menaces sur l’agriculture
Sommes-nous en train de perdre les terres agricoles ? Actuellement, la surface agricole de la wilaya de Jijel est de 98 000 hectares. Les terres travaillées représentent 42,85%. C’est l’équivalent de 42 000 hectares.
L’instruction présidentielle 05 datant de la période Zeroual interdit la construction sur les terrains agricoles mais permet aussi le détournement des terres de leur vocation agricole lorsqu’il s’agit d’utilité publique. Ce qui permet déjà une entrée à ce niveau.
L’arrêté interministériel du 13 septembre 1992 définit les modalités de construction sur les terres situées hors des périmètres urbains des communes. Cette loi détermine la fourchette constructible par rapport à la surface agricole. « C’est mieux que d’interdire » disent certains, mais les empiètements sont difficiles à suivre. « Lorsqu’il y a construction illicite, il faut détruire. C’est la seule solution, c’est très difficile de suivre ces constructions » explique M. Zemache, chef de service à la direction de l’Agriculture.
La loi 90-25 portant orientation foncière permet la déclassification des terrains à vocation agricole, un texte qui ne précise pourtant pas les modalités. C’est pour cela que ce dossier est encore mal maîtrisé. Les dernières estimations remontent à 1997. A l’époque, l’évaluation avait relevé un empiètement de 33,38 hectares. Où en est ont aujourd’hui ? Les responsabilités restent diffuses. La Duch, l’Apc et la direction de l’Agriculture sont les trois protagonistes.
Autour de Djendjen
Du temps du wali Boubrit, des mesures ont tété prises : 28 hectares pour l’extension du port de Djendjen. Actuellement, on parle de « zone extra portuaire » pour construire des usines et faire venir des investisseurs. A-t-on tenu compte du projet de zone franche de Bellara où, à trente kilomètres du port, existent déjà plusieurs centaines d’hectares viabilisés. Prêts à accueillir les investisseurs. Jusqu’à quel point les terres agricoles de Bazoul-El Kennar, etc., seront-elles menacées ? C'est-à-dire les terres les plus fertiles de la région. Personne ne le sait pour le moment. Un jeune agriculteur depuis cinq ans explique : « Ces terres sont agricoles, ce n’est pas pour le usines ». Les habitants et les agriculteurs de la région se disent inquiets. Il est hors de question pour eux de céder leurs terres pour des constructions. Ils ne veulent pas voir d’usines autour, ils craignent la pollution. « Depuis quelques années déjà, nous n’arrivons plus à cultiver nos fruits et légumes comme avant ». La pollution reste la crainte première.
Gehanne Khalfallah. 7 novembre 2001. Hebdomadaire local Jijel-infos