JIJEL-Adieu l’agriculture, place aux parcs pour les voitures importées!
DR. Il leur faut de la place
La chronique du Condjador (76)
Au cours de ces jours, des sociétés spécialisées de Constantine et Sétif sont chargées de construire et de gérer des parcs de stockage pour les voitures débarqués en grand nombre au port de Djendjen. En manque de terrains, ils ont loué tous les terrains dépassant deux hectares de superficie. Des parcs ont donc été installés sur tous les terrains agricoles situés près du port.
Ayant occupé les terrains les plus importants autour de Djendjen, ces sociétés se sont occupées des petites surfaces restantes, sufisantes pour y parquer de 10 à 20 véhicules. Tarif : 200 da la voiture chez les particuliers. Avec un avantge supplémentaire pour la société : comme avec le touriste qui loue chez l’habitant, le propriétaire du terrain devient gardien, de jour et de nuit. Comme Cela fait une rente d’argent pour les ruraux de Jijel.
Les sociétés de parking sont bénéficiaires : le port de Djendjen leur paie 400 dinars par véhicule.
Rien ne repoussera jamais plus ici. Les terrains de deux hectares sont recouverts de dalles. J’ai aussi vu un terrain de plus de trois hectares recouvert de toufnon, sable et cailloux compactés. Le problème réside dans le coût économique fondamental causé à Jijel par la perte de tous ces riches terrains agricoles de plaine. L’agriculture est condamnée. Ni les aides de l’état, ni le rendement actuel des terres ne peuvent concurrencer le revenu tiré du contrat de location.
Actuellement, ils cherchent plus loin, du côté de Béni-Caid, puisque « la route des poids lourds » permet l’accès direct au port de Djendjen. Le contrat de location est de cinq ans, payé cash à 120 millions de centimes par an pour un hectare. Ils louent même les terrains accidentés où il faut de coûteux travaux d’aménagement. Ils prennent tout, mais à une seule condition : l’acte notarié de la personne qui loue doit être correct juridiquement.
A Jijel, aucune terre agricole ne survivra à ce raz-de-marée. Seules les terres en indivision échappent au béton mais de toute façon elles ne sont pas travaillées : les lois existantes bloquent toute forme d’exploitation. Le béton ne couvrira pas ces terres à l’abandon, contrairement aux terrains cultivables dont les propriétaires ont réussi à obtenir les actes de propriété et le livret foncier.
A Tassoust, Bazoul, Beni Ahmed, le massacre a déjà commencé. Les parcs de voitures couvrent les terres agricoles. Et ce n’est pas fini : le port de Djendjen n’est pas à son rendement maximal, et on prévoit d’étendre ses activités. Pour l’année prochaine, on dit qu’ils commencent à chercher des terrains de plus de trois hectares pour le stockage de contenaires...
Le Condjador, Jijel, 27 février 2013