Jijel-Abdelkader Mékidèche notre maître

Mekidèche Abdelkader posant avec sa classe à l'École Jean Jaurès (Mekidèche Mahmoud!). Jijel - 1953
Karim Hadji commence à publier sur son site Jijel-Archéo, les portraits
de figures attachantes de l’histoire contemporaine de Jijel. En février il évoque le souvenir de Abdelkader Mekidèche, ancien maître à l’école Jean-Jaurès où j’avais fait mes classes primaires au tournant des années
50.
« La gazelle reste dans son pays dans la sécheresse comme dans l'abondance » Proverbe targui
Abdelkader Mekidèche
L'infatiguable inspecteur
de
l'enseignement primaire
de
l'enseignement primaire

Cependant le meilleur hommage que l’on puisse lui ajouter, pour comprendre la vie de l’Homme, c’est d’éditer ici la biographie écrite par Chirine Mekidèche et
extraite de son livre « Regards su l'École et la Vie ».
K. H.
Biographie
Mekidèche Abdelkader est né le 17 décembre 1913, à Jijel d'un père agent d'affaires en produits forestiers et en vins, travaillant pour le compte d'un marseillais installé à Alger, bailleur
de fonds.
Il demeura à son service sa vie durant. Le père avait fréquenté l'école française - et non indigène - celle-ci n'ayant pas encore été créée quand il fut scolarisé en 1885.
Sa famille s'est toujours enorgueillie de compter dans son histoire une lignée de quatre imams, imam et taleb à la fois. Le dernier d'entre eux, Si-Ali, désespérant de voir se perpétuer la
tradition fit jurer au père de l'auteur non encore marié, d'élever son premier fils éventuel dans la tradition et de faire de lui un imam-taleb.
Il était prédestiné à l'enseignement avant de naître. L'auteur fréquenta donc la Zaouïa pendant sa prime enfance, Zaouïa qui n'était qu'une pièce de la maison familiale ouverte sur la façade
à cet effet.
En 1920, à l'âge de sept ans, il est encore scolarisé à l'école indigène à deux classes de sa ville.
En 1928, il réussit au certificat d'Etudes à titre indigène et en 1929 au concours des Bourses des cours complémentaires. Il poursuit donc ses études au Cours Complémentaires indigène de
Béjaïa.
En 1932, il décroche son Brevet Elémentaire mais ne se présente au Concours d'entrée à l'Ecole normale d'Alger Bouzaréah qu'en 1933 et avec succès. Mouloud Feraoun l'y a devancé d'une
année.
1933-1936 : « Trois années d'Ecole Normale, trois années inoubliables incrustées dans la mémoire telle une inscription sur le marbre. » lit-on dans l'ouvrage. Cette école de la justice, de
l'égalité et de la fraternité ne pouvait pas ne pas le marquer profondément dans ces idéaux comme elle l'a fait pour tout normalien. « N'est-ce pas que tous mes camarades se ressemblent ?
». Alors se forme t-on soi même ou sommes-nous modelés par d’autres ? s'interroge l'auteur.
1936 : Réussite au Brevet supérieur et nomination dans une école à classe unique sur la montagne de M'Chatt, à 70 km de Jijel.
Décembre 1937- Septembre 1940 : il est incorporé comme soldat de deuxième classe au onzième régiment de Tirailleurs algériens et fait la guerre de 1939 en Tunisie, face aux soldats
italiens, en première ligne.
Septembre 1940 : il est démobilisé et nommé à l'école d'El-Gabel.
Puis il occupera successivement toujours à sa demande, le poste d'instituteur indigène à l'Ecole Indigène d'Aïn Beida (1942-1946), du Khroubs (1946-1951), de Duquesne, actuellement Kaous, à
10km de sa ville natale (1951-déc. 1952), enfin à Jijel où il exerce dans la même école où il avait été élève dans les années 1928 et 1929.
Mars 1955 : il entre en contact avec le maquis et deviendra résistant actif pour « suivre la voie que le peuple a choisie » n'abandonnant pourtant jamais tout à fait son rêve de voir son
pays se libérer et s'émanciper par l'Ecole et la formation des hommes.
17 janvier 1957 : Arrêté et accusé à tort d'être le chef de la Révolution, il est torturé à mort, condamné à quatre années de prison ramenées après appel à deux années passées à la prison
de Bejaia.
Mars 1959 : il est libéré, déchu de ses droits civiques et interdit d'exercer toute activité d'enseignement.
Il ne sera réintégré à l'Education Nationale qu'à l'indépendance, et exercera jusqu'à sa retraite, en 1975, les fonctions d'inspecteur des enseignements élémentaire et moyen de la
circonscription de Jijel
D'après Chirine Mekidèche
Extrait du livre Regards sur l'École et la Vie

Lien : Jijel-archeo
Abdelkader Mekidèche | Portrait | jijel-archeo