IL FAUT PRESERVER GUERBES-SANHADJA
“Sonatrach va construire un mégacomplexe pétrochimique qui va remplacer le complexe des matières plastiques de Skikda, dont la décision de fermeture définitive a été prise”, a déclaré le ministre de l'Energie au Conseil de la nation.
Ce complexe sera-t-il implanté à Guerbès-Sanhadja, un site protégé par la convention internationale Ramsar de protection des zones humides. Ce choix, remettant en cause la Zone d’expansion touristique (ZET) de Guerbès, avait été annoncé il y a quelques mois par Abdelhamid Zerguine, PDG de Sonatrach. Il avait alors soulevé un tollé chez les défenseurs de l'environnement. Ce choix sera-t-il confirmé?
Sonatrach liquide une usine à Skikda
mais son projet pétrochimique à Guerbès inquiète
Par la Redaction de Maghreb Emergent
L’annonce a été faite par le ministre de l’énergie, Youcef Yousfi : le complexe des matières plastiques de Skikda, jugé non rentable, est liquidé et fermé. Les travailleurs seront employés dans un méga-complexe pétrochimique à Guerbes qui inquiète les défenseurs de la nature.
L’argument de « non-rentabilité » invoqué par Youcef Yousfi ne fait pas « tendance » avec le discours des pouvoirs publics. C’est pourtant cet argument qui a été invoqué par les dirigeants de Michelin pour justifier la fermeture de l’usine de pneus de Bachadjarrah dans le cadre d’une transaction avec le groupe Cevital. Il est vrai que les autorités ont «ajusté» leurs arguments en motivant le recours au droit de préemption, non pas le souci de préserver l’activité, mais par le fait que l’usine Michelin aurait été sous-évaluée dans la transaction. Mais, comparaison n’étant pas toujours raison, la décision de Sonatrach de liquider l’usine de Skikda est inscrite dans le cadre d’une reprise de l’activité dans le cadre d’un projet pétrochimique plus grande. "Sonatrach va construire un méga-complexe pétrochimique qui va remplacer le complexe des matières plastiques de Skikda, dont la décision de fermeture définitive a été prise", a indiqué, jeudi, M. Yousfi, au Conseil de la nation. Les arguments pour liquider l’usine, construite en 1978 pour une production de 120.000 tonnes d'éthylène, sont lourds : chute de la production (à peine de 37% des capacités installées), déficit financier. L’usine de production est déjà à l’arrêt depuis le 17 mars 2010 à la suite d’un incendie spectaculaire. Depuis, des opérations de « ventilation » des personnels ont été menées. Le ministre a indiqué que la décision de démolition de l'unité des produits distillés, sera prise à la lumière des résultats des études du nouveau complexe.
Des écologistes inquiets
L’'unité de polyéthylène, également à l'arrêt depuis 2006 pour des raisons économiques et de sécurité, elle ne sera pas rénovée, pour des raisons de rentabilité. Le ministre a indiqué que Sonatrach compte valoriser les 5 millions de tonnes de naphta produit par an à Skikda, d’où le besoin de construire en partenariat un nouveau complexe de taille mondiale, en mesure d'atteindre cet objectif. La construction d’un nouveau complexe a été jugé plus rentable que la réhabilitation du nouveau complexe. Au début de l’année, Abdelhamid Zerguine, PDG de Sonatrach, avait déjà annoncé, la construction d’un complexe pétrochimique qui comprendrait une vingtaine d’unités sur une assiette foncière de 600 hectares. Mais le choix de Guerbès pour abriter ce méga-complexe a suscité des inquiétudes des défenseurs de l’environnement. Guerbès-Sanhadja est connue pour ses zones humides et c’est un site protégé par la convention internationale de protection des zones humides Ramsar. Un collectif d’associations s’est prononcé contre l’implantation du complexe dans la zone. D’autres défendent le projet au nom de l’emploi et affirment qu’il est situé loin des zones humides et serait sans impact. Mais il pourrait remettre en cause la Zone d’expansion touristique (ZET) de Guerbes.