Grèves dans le secteur public pour l’état de droit dans les relations de travail
La revendication de départ de directeurs incompétents et (ou) tyranniques, l’opposition aux syndicats maisons, l’exigence du respect des textes et des règlements, deviennent de plus en plus au centre des mouvements sociaux dans les entreprises publiques ou semi-publiques. Le gouvernement se refugie derrière le concept hypocrite d’autonomie des entreprises pour fuir ses responsabilités, comme récemment à l’Etusa d’Alger. La grève des salariés de France-Télécom de Constantine remet la question sur le tapis
Grève à Algérie Télécom
Par A. Mallem
Les travailleurs de l'entreprise Algérie Télécom de la wilaya de Constantine sont entrés, hier matin, en grève ouverte pour protester, ont-ils dit, contre le
non paiement de la prime annuelle. Dans la foulée, les grévistes ont justifié leur mécontentement en évoquant «des pratiques anti-statutaires, le favoritisme et le clientélisme en cours, au
niveau de leur administration régionale à propos de la mise en œuvre de la procédure de consultation pour finaliser les listes des promotions internes».
Rencontrés, hier, au niveau de la poste centrale, un groupe de travailleurs de l'agence commerciale du centre ville, qui observaient la grève, nous a déclaré «que ce débrayage a été déclenché
spontanément par les travailleurs des 7 agences commerciales et des 7 centres de production implantés dans la wilaya, sans l'implication des représentants syndicaux. Notre syndicat est
malheureusement inféodé à l'administration !», ont affirmé des membres de ce groupe, lesquels ont déclaré en outre, qu'un mécontentement général est surtout visible au sein de la nouvelle
direction d'El-Khroub, ainsi que parmi les travailleurs de la direction opérationnelle des télécommunications (DOT) de Constantine et le phénomène risque de s'etendre de façon inattendue.
Le mouvement déclenché, hier, par les travailleurs d'Algérie Télécom à travers les unités de la wilaya, qui englobe plus de 6OO travailleurs, nous a-t-on indiqué, implique l'arrêt absolu de
toutes les prestations des agences commerciales dans le domaine de l'ADSL (Internet) aussi bien que de la téléphonie (rétablissement et mise en service des lignes, paiement et enregistrement des
redevances téléphoniques, etc.). La fronde des travailleurs d'AT porte, toujours selon nos interlocuteurs, sur le paiement de la prime annuelle et de rendement. « Les cadres intermédiaires comme
les sous-directeurs, l'ont touchée dernièrement et chacun a empoché plusieurs millions de centimes», ont-ils expliqué. «Mais les cadres simples et
les travailleurs ont été exclus du bénéfice de cette prime par la direction générale. Notre seconde revendication, ont-ils ajouté, porte sur les méthodes de la direction régionale dans le cadre
des consultations lancées pour dresser les listes des promotions périodiques. La promotion qui est un droit pour chacun, surtout pour les travailleurs qui ont de l'ancienneté, n'est
malheureusement accordée qu'aux parents, aux connaissances. Et nous voulons que ces pratiques cessent ! Ce qui a provoqué notre mécontentement face à l'attitude négative observée par notre
direction générale, qui fait la sourde oreille aux rapports que nous lui adressons régulièrement à ce propos. Ajouter à cela que nos recours sont systématiquement bloqués au niveau de la
direction régionale. Mais ce qui nous chagrine le plus est l'attitude condamnable de nos représentants syndicaux qui ne s'impliquent pas dans nos revendications et jouent le jeu de
l'administration. La coupe est pleine et le mécontentement des travailleurs ne cesse de s'amplifier à tous les niveaux».
Le secrétaire général de la section syndicale d'AT et son adjoint sont demeurés injoignables durant la journée d'hier. «Ils ont éteint leurs
téléphones, nous ont expliqué néanmoins des membres du syndicat que nous avons réussi à joindre. Sans révéler leurs noms, ces derniers nous ont déclaré, à propos du versement de la prime
annuelle, que les discussions sont actuellement en cours entre le syndicat national d'entreprise et la direction générale d'AT, que cette prime sera accordée à tous les travailleurs quel que soit
leur grade. Ils ont avancé qu'il serait tout à fait possible, si un accord est conclu dans l'immédiat, que cette prime soit versée avant l'Aid-El-Adha. «La prime qui a été versée dernièrement aux
cadres supérieurs et à laquelle font allusion les grévistes, ont-ils ajouté, concerne des rappels des PRI-PRC concernant ces cadres et non la prime annuelle».
Contacté à son tour hier, le chargé de la communication de la direction de wilaya, M. Yagoubi, nous a informés que le directeur se trouve actuellement aux lieux saints, pour le pèlerinage et nous
a dirigés vers son intérimaire, M. Ferkous que nous avons essayé de joindre à plusieurs reprises sans y parvenir.
24 octobre 2012. Le Quotidien d’Oran