Grève Colaital: des “signatures” extorquées ont influencé les juges
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Alors que la pénurie de sachets se développait, le “chef” du syndicat, dont les grévistes exigeaient la démission immédiate avant toute reprise du travail, se répandait dans les médias pour discréditer la grève. Avant hier encore, Khelifi affirmait: “Seuls 17 personnes sont en grève. Ces 17 personnes sont manipulés par des gens de l’extérieur qui veulent détruire l’usine. Ils ont menacé leurs collègues, les obligeant à faire grève”. Il annonce que 450 salariés sur les 519 que compte l’usine ont signé un document où ils se prononcent contre la grève.
C’était avant le jugement déclarant la grève illégale. Ces “signatures” extorquées par menace indivualisée, ont été produites devant les juges et ont sans doute fortement pesé dans leur décision. Fethi Messar, le responsable de l’ONIl, cité par l’Aps, pourra donc claironner lundi sur la radio nationale :"Le tribunal a décidé hier (dimanche) que la grève était illégale ». « Je crois que les forces publiques vont intervenir" pour la reprise de l’activité de l’usine ».
Après avoir utilisé le brave soldat Khelifi, l'administration serait-elle en train de le lâcher? Recevant après le jugement un journaliste de L’Expression, Mohamed Derouiche, le directeur général de Colaital, corrige le “chef” du syndicat : ce n’est pas 450 mais 322 ouvriers qui ont signé contre la grève. Et, comme si cela n’avait plus grande importance après le jugement, M. Deriche précise non sans cynisme, à propos des “signataires” : “Les 322 employés concernés ne se sont même pas présentés au travail bien que la sécurité leur était assuré”. Dans le meme temps, le directeur général charge le brave soldat Ali Khelifi, qui serait «injoignable» par l'administration “pour affronter le collectif” et «une mise en demeure» a été émise à son encontre après 48 heures d'absence.
L’étroite connivence entre la hiérarchie syndicale et celle de l’administration du secteur publique, a été encore une fois mise à nu par la grève des ouvriers de Colaital. La direction et son “chef” syndical étaient comme cul et chemise. Mais cette connivence n’a plus la même efficacité pour imposer cette "paix sociale", derrière laquelle s’abritent les magouilles ordinaires de ceux qui décident sans contrepoids. La grève des 500 ouvriers de Birkhadem comme celles qui l’ont précédée à la Poste, dans les secteurs de la métallurgie, des transports publics, etc, contribuent à lever le voile sur ces relations contre-nature qui privent les salariés de leur seul moyen de défendre leurs intérêts dans la légalité. Ces luttes préparent aussi le terrain pour une gestion saine durable du secteur public.
Synthèse blog, 5 mars 2013