GHARDAÏA - "C’est une provocation, on ne sait pas à quelle stratégie cela obéit"
Il y a eu d’abord l’arrestation en matinée d’une vingtaine de jeunes chômeurs amenés au commissariat. Puis l’usage de balles en caoutchouc et de bombes lacrymogènes contre ceux qui réclament leur libération. Scénario classique d’escalade, pendant lequel les canaux du dialogue sont fermés : le wali et le commissaire principal de police se sont absentés de Ghardaïa… Compte-rendu de Sonia Lyes dans TSA-Algérie.
Affrontements à Ghardaïa : des bombes lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre manifestants
Par Sonia Lyes
Actualisé à 22h45. La tension qui régnait depuis la matinée de ce mardi dans plusieurs quartiers de Ghardaïa a baissé d’un cran dans la soirée, a-t-on appris auprès de militants des droits de l’Homme sur place. « Il y a un retour au calme. Nous avons essayé de calmer les jeunes », affirme Chkebkeb Hadj Hamou, membre du bureau de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) à Ghardaïa.
« Des membres de la LADDH et ceux des familles des détenus se sont rendus au commissariat pour les voir et leur remettre des vêtements et de la nourriture. Ils ne sont pas encore revenus »,explique-t-il. « Les jeunes [manifestants, NDLR] attendent les nouvelles », précise-t-il. Les personnes arrêtées lors de la manifestation, organisée dans la matinée, ont entamé une grève de la faim, selon lui.
Les affrontements entre des manifestants et la police persistaient, en début de soirée de mardi 26 mars, à Ghardaïa, a-t-on appris de sources locales. Selon Fekhar Cheikh, de La ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), la police a usé de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc pour disperser les manifestants, en colère contre l’arrestation la matinée d’une vingtaine de chômeurs et de défenseurs des droits de l’Homme, dont Kamel Eddine Fekhar, militant connu des droits humains.
« Les personnes arrêtées sont toujours détenues au commissariat », selon Fekhar Cheikh. « Nous nous sommes déplacés au commissariat pour leur demander de libérer les détenus. Ils nous ont dit que les responsables sont absents », ajoute-t-il. Selon lui, la police a même saccagé deux magasins. « C’est une provocation, on ne sait pas à quelle stratégie cela obéit.» Plusieurs manifestants ont été blessés. Parmi eux, Kacem Souf Ghalem, responsable de l’Observatoire national de défense des droits de l’Homme, qui a été gravement atteint. Il a été évacué vers l’hôpital.
Pour sa part, Chkebkeb Hadj Hammou, également défenseur des droits de l’Homme, a indiqué que lui et « d’autres défenseurs ont rencontré le chef de daïra, à qui ils ont demandé de faire le nécessaire pour libérer les détenus ». Selon lui, le wali et le commissaire principal de police seraient absents de la wilaya.
Les chômeurs et les défenseurs des droits de l’Homme ont tenu un sit-in en début de matinée devant la wilaya pour réclamer de l’emploi et dénoncer la tenue de la fête du tapis, assimilée à une dilapidation de l’argent. Plusieurs défenseurs des droits de l’Homme d’autres villes limitrophes entendent regagner Ghardaïa demain, a indiqué Hadj Hammou.
26 mars 2013. Lien TSA-Algérie