Elections législatives : carnets de campagne(20)
Dans le bon vieux temps, pour naviguer dans les administrations, on avait intérêt à avoir le tampon « a voté » sur ses papiers. Ce reflexe électoral ne semble plus jouer. M. Ksentini réitère la proposition dont nous avons rendu compte dans un des nos cahiers précédents. Celui que Kamal Daoud, appelle le « Fonctionnaire des Droits de l’Homme » veut en effet rendre le vote obligatoire.
Les Partis en lice pour les élections ne vont pas encore jusque là. Ils mènent campagne contre l’abstentionnisme et trouve dans l’aggravation de la situation au Mali un nouvel argument patriotique.
Lors d'un meeting au théâtre régional d’Annaba, Mohammed Saïd, président du Parti de la liberté et la justice (PLJ) appelle à «une entente nationale» suite aux évènements qui se déroulent au sein de la région afin de mettre en place «un front intérieur solide, capable d'affronter les défis étrangers. Le président du Parti national pour la solidarité et le développement (PNSD), Taleb Mohamed Chérif,lors de son meeting tenu le samedi 7 avril à Khemis Miliana, a fustigé les partisans du boycott et rappelé l'importance du scrutin dans une période où l'Algérie serait, selon lui, «l'objet de tentative de déstabilisation».
Samir Bouakouir, candidat du FFS pour l’émigration affirme : « Compte tenu de la situation nationale, marquée par une société désintéressée de la chose politique, et de la situation géopolitique, avec l’exemple le plus récent du Mali voisin, la question du boycott dans une telle conjoncture ne rimerait à rien ».
GROS PLAN
Blida: les législatives, les candidats et les électeurs
par Tahar Mansour
A mesure que la date des élections législatives approche, les discussions deviennent plus animées et portent essentiellement sur le même sujet : ira-t-on voter ou non ? L'Etat multiplie les
appels à un électorat désabusé par une gestion cahotante des choses publiques.
«Il y a bien quelques honnêtes gens dans le tas, mais ils sont si peu nombreux qu'ils sont invisibles dans la masse», diront des citoyens. Pour les jeunes, il y a « les désabusés, les intéressés, les intellectuels, les barbus aux idées fixes et d'autres en fausse émancipation, il y a aussi les cravatés et ceux qui veulent une place au soleil. Il ne faut surtout pas oublier ceux, et ils sont très nombreux, qui ont bénéficié d'un crédit ANSEJ ou autres et qui iront voter soit pour montrer leur attachement à l'Etat allaitant ou pour éviter qu'on leur demande des comptes car ils ont été des abstentionnistes quand leur bienfaiteur leur a demandé d'aller aux urnes ».
Pour d'autres, la réponse à la question irez-vous voter ?' nous a donné souvent la réponse « non » suivie d'un tas de remarques contre des gens qui ne veulent pas laisser le koursi' et surtout contre la cherté de la vie, le chômage, la corruption et tout ce qu'ils vivent quotidiennement.
Pourtant, ils étaient aussi très nombreux, les citoyens de toutes tendances, à affirmer qu'ils iront voter pour des considérations telles que ne pas vouloir se
voir refuser un document administratif quelconque, d'autres espèrent qu'en votant ils décrocheront un prêt, d'autres encore ont déposé un dossier pour un logement social et se voient obligés
d'aller voter pour éviter tout déboire. Il y a aussi ceux qui font feu de tout bois et rêvent d'une place au soleil avec les autres, même si cette place n'est qu'honorifique, et ils iront voter
pour eux-mêmes.
Il reste les commerçants dont une bonne partie affirme ne rien attendre de la houkouma', donc «si je vais voter, c'est juste pour éviter d'être tout le temps embêté par les contrôleurs des
prix ou ceux des Impôts».
Pour ceux qui ont dépassé la soixantaine, ils déclarent que c'est un droit et un devoir qu'ils se feront un point d'honneur à accomplir, même si beaucoup d'entre eux voudraient voir de nouvelles
figures sur les listes.
Enfin pour les femmes, c'est une manière comme une autre de se revaloriser, de sortir et de prouver leur existence, même si, actuellement des progrès notables sont enregistrés dans l'émancipation
de la femme.
Tout cela nous mène à dire que, d'après nos discussions avec des représentants de toutes ces catégories, il apparaît clair que le fait de voter n'est pas perçu comme un droit civique et un devoir
national mais plutôt comme une obligation qui pourrait éviter des déboires dans la vie de tous les jours.
Tahar Mahmoud, 9 avril 2012. Le Quotidien d’Oran
Le mouvement social en campagne
A Skikda, soixante médecins généraliste du pré-emploi ont entamé une grève, au début du mois d'avril, pour revendiquer la régularisation de leur situation administrative, l'établissement de commissions paritaires, la reconnaissance des années d'expérience et le droit à la formation continue, en gros de bénéficier du statut de médecins, en bonne et due forme.
Les chômeurs de la daïra de Bethioua ont bloqué hier l’accès à la zone industrielle pour faire valoir leur droit au recrutement. Leur mouvement est renforcés par d'anciens employés au la zone dont les CDD n'ont pas été renouvelés. Simple manœuvre ou ingénieur, ils revendiquer tous la priorité d’embauche en faveur des chômeurs locaux.
Sit in à El-Khroub
des travailleurs de l'Office national d'appareillage et d'accessoires pour handicapés. Ils protestent «contre la hogra» dont ils sont victimes et avancent
leurs revendications socioprofessionnelles toujours non satisfaites.
Les grévistes du centre hospitalier universitaire d’Oran (CHUO) ont reçu des assurances quant à l'application du taux de 10% pour le calcul de l'IRG lors du versement de la seconde tranche des rappels. Vers un gel de la grève ?
« On ne veut plus de cette directrice ». N'ayant reçu aucune suite à leurs doléances, dont la principale est le départ de l'actuelle directrice de l'hôpital de Tenès, quatre travailleurs, dont deux médecins, mènent une grève de la faim, tandis que leurs collègues continuent de manifester devant l'entrée principale de cet établissement aux cris de «On ne veut plus de cette directrice».
Les travailleurs de l'Entreprise de gestion des services aéroportuaires (EGSA) de l'aéroport Mohamed-Boudiaf de Constantine ont observé, hier, un sit-in devant la direction.
Ils revendiquent l'application des engagements pris par le ministère, la convention d'entreprise ayant expiré..
Les enseignants contractuels ont observé hier en milieu de matinée, un sit-in devant le siège de la chefferie du gouvernement. Ces instituteurs dont le nombre est évalué à près de 3.000 salariés, cherchent à obtenir des contrats à durée indéterminée
Les salariés et ouvriers des corps communs
de l'éducation nationale ont entamé hier un mouvement de protestation de trois jours renouvelables. Ils revendiquent de meilleures conditions sociales et
professionnelles.
Le conseil des Lycées d'Alger (CLA) organise le lundi 16 avril une journée de protestation pour dénoncer ce qu'il appelle dans un communiqué rendu public hier matin, « les calculs politiques » du ministre de l'éducation nationale. Le CLA reproche notamment à M.Benbouzid d'avoir « écourté » délibérément l'année pédagogique et d'avoir «sacrifié plusieurs semaines de cours» en raison du calendrier électoral des législatives.
A l'appel de la coordination des comités des villages de la région de Naciria, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, tôt le matin, devant le grand portail de la daïra de Naciria, située à 35 km de Boumerdès, avant de le cadenasser. Les doléances ne sont pas nouvelles : pénurie d'eau, coupures d'électricité, absence de réseau d'assainissement, l'état déplorable de certaines routes de villages, retards du raccordement au réseau de gaz de ville. Autres revendications : ouverture du laboratoire d'analyses et du service de radiologie de la polyclinique, fermés depuis plusieurs années, en raison du manque de personnel.
Arguments de campagne
Rachid Halet explique la participation du FFS aux élections
« Aller au Parlement, c’est reprendre l’initiative »
Le boycott dans le contexte actuel constitue une réponse inadaptée, voire une démission et une faute politique, selon Rachid Halet.
La participation du Front des forces socialistes (FFS) aux élections législatives
prochaines est un choix tactique.
Une explication qui pousse certains à s’interroger sur le fond d’une telle option et d’autres à spéculer sur de hasardeuses négociations. Le docteur Rachid Halet, membre du comité d’éthique et tête de liste du FFS à Tizi Ouzou, a bien voulu nous expliquer le sens d’une participation «tactique». «Le FFS est conscient du désintérêt de la population algérienne pour toute échéance électorale en ce moment. Il évalue à sa juste mesure la détérioration de la situation économique et sociale. Il est vivement préoccupé par l’affaiblissement de l’Etat et par la crise institutionnelle larvée, comme par les incertitudes de l’environnement régional et international», explique notre interlocuteur qui souligne que même si «en haut, c’est le statu quo dans les sphères du pouvoir et les groupes dirigeants, malgré toute l’agitation de leur personnel des services, en bas, dans la société, tout bouge et tout va mal, et la situation s’aggrave». Une raison, dira le responsable du FFS, pour ne pas déserter le terrain politique. «Ne pas faire de politique est en ce moment la pire des politiques. La société ne doit plus accepter que l’on décide sans elle, que l’on décide contre elle. Et le FFS doit s’impliquer ; toutes les forces politiques et sociales représentatives qui refusent la décadence du pays doivent s’investir.»
Interrogé sur les appels au boycott lancés par certains acteurs politiques qui voient dans la participation une compromission avec le pouvoir, Rachid Halet estime que dans le contexte actuel, «le boycott constitue une réponse inadaptée, voire une démission et une faute politique». Et d’appuyer son argumentaire en disant : «Bien au contraire, il y a urgence à agir, ici et maintenant, et ne pas repousser les initiatives de rassemblement, de remobilisation de la population aux calendes grecques. Nous devons nous relever, nous remettre en cause, nous remettre en mouvement pour relever le pays.» «C’est dans cette logique que nous concevons notre participation à ces élections», ajoute-t-il. Notre interlocuteur souligne que ce qui se passe chez nos voisins, à nos frontières et à l’intérieur du pays «montre à l’évidence que le changement est à l’ordre du jour, qu’il est imminent, qu’il peut être imposé et qu’il est de toute manière inéluctable».
Il précise que le changement ne pourra se produire que selon deux voies : la première il sera violent avec un coût politique, humain, économique et socioculturel exorbitant. «Le peuple algérien dans son ensemble, dans son immense majorité ne veut à aucun prix revivre ce type d’expérience ; il l’a bien démontré lors du premier trimestre de l’année dernière. Et ceux qui, aujourd’hui, prônent le boycott devraient s’en souvenir et le méditer ; le régime est toujours là ! Le peuple algérien, lui, n’est pas près d’aller dans la rue sans but clair, il ne croit pas au grand soir.»
Quant à la seconde forme du changement, elle est pacifique et «implique négociation et coopération avec toutes les forces politiques et sociales qui poursuivent le même but et acceptent la règle du jeu. Et telle est la voie que le FFS prône.
Nadjia Bouaricha, 9 avril 2012. El Watan