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Publié par Saoudi Abdelaziz

Après avoir bouclé le carnet (12), nous venons de prendre connaissance de la longue analyse de Hocine Bellaloufi en faveur de la participation au scrutin du 10 mai, publiée hier dans la Nation. Extraits.

 

Pourquoi il faut voter le 10 mai prochain

 

 

Par Hocine Belalloufi

 

 

(…) En histoire, il n’existe pas de raccourcis. Quand le peuple n’est pas prêt à se mobiliser pour boycotter – c’est-à-dire pour empêcher la tenue du scrutin – il ne reste que la participation. Il s’agit d’expliquer, chacun autour de soi, les enjeux politiques réels du scrutin : non la démocratie, mais la question de la fraude qu’il convient de faire reculer, à défaut de pouvoir totalement l’éradiquer, non la démocratie mais le rapport de force entre le courant démocratique et de progrès, d’une part, et le pouvoir ainsi que le courant islamiste, de l’autre. Il faut en même temps participer au contrôle des urnes, en étant présent le jour du scrutin et au moment du dépouillement. Il faudra avant même cette date dénoncer toutes les atteintes à l’équité de la campagne et tous les signes de fraude annoncées. Certains sites se sont déjà constitués sur internet pour recenser et centraliser tous les actes de fraude constatés durant la campagne et le jour du scrutin.


Le 10 mai, il ne s’agit pas pour les citoyens de sortir de chez eux pour faire la révolution, mais simplement de se déplacer vers leur centre de vote pour accorder leur voix aux forces politiques démocratiques et progressistes les plus proches ou les moins éloignées de leurs convictions. L’objectif est de ne pas faciliter la tâche aux fraudeurs en se désintéressant du scrutin, mais de réduire au maximum la force du courant qui se proclame nationaliste alors même qu’il mène une politique antinationale maquillée par un discours et des postures chauvines qui se situent à l’opposé du patriotisme d’aujourd’hui et du nationalisme révolutionnaire du FLN historique (1954-1962). L’autre objectif sera de réduire au maximum le poids du courant islamiste qui a fait une OPA sur la religion en vue de légitimer l’instauration d’un régime réactionnaire, oppressif et soumis aux intérêts des grandes puissances qui pillent les richesses de la région du Grand Moyen-Orient (pétrole, gaz…) et oppriment ses peuples (Palestine, Sahara Occidental, Libye…).


Dans une conjoncture marquée par l’absence de mobilisation politique de masse, participer à la campagne et au scrutin, constitue le seul moyen, non d’arracher la démocratie, mais de sortir de la passivité et de l’impuissance pour commencer à construire un rapport de force favorable au camp national, démocratique et social. Seuls ceux qui auront pris la peine de se mobiliser et de voter pourront exiger, demain, le respect de leur choix de la part du pouvoir. La majorité des autres restera, comme à son habitude, dans l’interprétation du réel, dans le commentaire plus ou moins désabusé, dans le cynisme justificateur… Se contentant de persifler et de pester, elle nous ressortira son éternelle litanie : « Vous voyez, nous vous l’avions dit », « regardez, ce n’est pas un peuple », « on n’a pas d’Etat », « c’est un peuple de moutons »…


Or, ce dont ce peuple a besoin, ce n’est pas de commentateurs et autres interprètes désabusés et nihilistes, mais de combattants prêts à se battre politiquement pour arracher ce qui peut l’être dans les petites luttes quotidiennes comme dans les grandes, dans les batailles partielles comme dans les affrontements d’ensemble. Arracher le maximum d’acquis, dans le sens de la souveraineté populaire bafouée depuis trop longtemps, d’une vision émancipatrice de la société basée sur l’égalité de tous les citoyens hommes et femmes et visant à assurer leur épanouissement, de la défense des acquis de la guerre de libération nationale que sont l’indépendance menacée par une politique de soumission aux intérêts économiques et politiques des grandes puissances d’argent et des Etats impérialistes et d’une défense et de l’extension des acquis sociaux mis à mal par trente années de contre-révolution économique et sociale, contre-révolution plus connue sous le nom neutre et technique de transition à l’économie de marché voire de retour aux lois prétendument universelles, éternelles et naturelles de l’économie.

 

 

Hocine Bellaloufi, 27 mars 2012. Texte intégral : La Nation.info

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