« Eclate leur à la figure »
MELLOUK ÉCLAT
par fatah Agrane
Éclate leur à la figure !
Ces faussaires de l’espoir,
Ils n’oseront démentir
Mon ami mon frère !
Ta traversée est dure,
O ! Palmier fou !
Apprend-nous à ne fuir
Et rester debout !
Apprend-nous l’honneur,
D’être homme qui ne casse !
Dessine nous cette peur,
A bannir sans cesse !
Dessine nous les martyrs
De trahisons drapées !
Et les sbires se nourrir
De leur épopée !
Dessine nous ces lambeaux
A qui on achète silence
Et qui vivent que de faux
Conteneurs et licences !
On te dessinera grenade !
Homme, comme éclat,
A la face des malfrats !
On te dessinera honneur
Homme avenir, homme combat !
A la face des spoliateurs
Fateh
Agrane, 5 juin,
2012
Mellouk interpelle les historiques
Par Hafida Ameyar
À un mois de
l’anniversaire du cinquantenaire de l’Indépendance politique de l’Algérie, Benyoucef Mellouk interpelle les “historiques” et les “moudjahidine authentiques”. “Je suis venu ici
pour interpeller les historiques et les moudjahidine authentiques, pour qu’ils disent la vérité sur le dossier des magistrats faussaires — faux moudjahidine — ; c’est leur devoir”, a déclaré,
hier, au siège du journal, l’ancien fonctionnaire au ministère de la Justice, qui affronte depuis 20 ans les magistrats faussaires et ceux qui les soutiennent de l'intérieur de l'appareil de
l'État.
Pour M. Mellouk,
“nous devons rester fidèles envers le serment donné aux martyrs et envers le peuple algérien”. Aussi, insistera-t-il sur l’implication des véritables combattants de la Révolution
algérienne, citant, entre autres, des noms de moudjahidine rencontrés mercredi dernier à l’hôtel Safir (Alger), lors du Forum de la mémoire nationale, organisé par l'association Machaâl Echahid :
Omar Boudaoud, Réda Malek, Ali Haroun, Lakhdar Bouragaâ, respectivement président de la Fédération de France du FLN, négociateur des accords d'Évian et ancien Premier ministre, membre de la
Fédération de France
et ex-ministre, et ancien responsable de la Wilaya VI.
En 1992, l’ancien chef
de service du contentieux au ministère de la Justice, pour rappel, a indiqué qu’il détenait des preuves de l’existence de magistrats faussaires : 132 dossiers de magistrats faussaires, ainsi que
328 noms de personnes dont les dossiers avaient disparu. À l’époque, Benyoucef Mellouk ne se doutait pas que de telles révélations allaient leur coûter cher, à lui et sa famille. Il avait été
licencié, puis emprisonné, et continuait à subir intimidations et menaces.
Aujourd’hui encore, il
subit des menaces de la part “de certains hauts cadres politiques et de magistrats, concernés directement ou indirectement par l’affaire”. “Les historiques de la Révolution et les
moudjahidine authentiques connaissent le dossier. Il faut qu’ils se prononcent tant qu’ils sont vivants”, a souligné, hier, M. Mellouk. Non sans rappeler qu’à l’issue de l’hommage rendu, le
30 mai dernier, à l’hôtel Safir, à Omar Boudaoud, il a interpellé certaines figures emblématiques de la Révolution, en particulier celles qui l’avaient soutenu dans un passé récent, en leur
demandant de briser le silence, surtout d’“assainir les rangs des moudjahidine”. “Je leur ai dit aussi que j’étais victime du régime de la hogra, de l’injustice de la mafia
politico-financière”, a-t-il poursuivi.
D’après notre
interlocuteur, des copies du dossier relatif aux magistrats faussaires ont été transmises à tous ceux censés pouvoir influer sur le cours de l’affaire, c’est-à-dire non seulement la présidence de
la République, les Premiers ministres du temps de Belaïd Abdeslam, le ministère des Moudjahidine et l’Organisation nationale des moudjahidine, mais aussi les acteurs de la guerre de Libération
nationale, à l’exemple des colonels Khatib, Bencherif et Laâbid.
À la veille de la commémoration du 50e anniversaire de l’Indépendance politique de l’Algérie, Benyoucef Mellouk est toujours déterminé à faire la lumière sur un dossier commandé par sa hiérarchie. Une affaire encore pendante devant la Cour suprême.
Hafida Ameyar, 5 juin 2012. Liberté
« L'Algérie est ce qui vient de haut »
Analyse molle d'une sieste
Par Kamel Daoud
Donc Ouyahia a parlé, on s'y est intéressé un peu, mû par la curiosité, puis on s'est endormi. Long, gros, flasque, sans vertèbres ni croyances, abasourdi par la paix qui ne mène qu'à l'oisiveté. On sait ce qu'il faut savoir depuis Gibraltar : il n'y pas d'issues, ni d'escaliers, ni de changement par les urnes ou les armes. Lu dans un journal : des détenus rêvent de décrocher le bac. Pourquoi ? Pour devenir avocat ou pour devenir marin. Là, on comprend mieux. C'est le même en prison : la vengeance ou la liberté. Passons. Belkhadem ? Rien d'intéressant depuis des semaines : on attend sa dissolution et il attend la dissolution de l'Algérie.
Voilà le pays : c'est un pays où
le parti, un parti, ne dépend pas de sa majorité ou de ses avis, mais de son chef. Cela s'appelle un appareil. L'Algérie est ce qui vient de haut, d'Alger et qui va s'atténuant comme un filet
d'eau vers le bas. Belkhadem sait qui le paye, qu'il est l'homme de qui (à garder la phrase tordue) et qui va gagner à la fin. Il sait comment cela fonctionne et qu'il n'y a pas de parti et de
régime, en même temps, sur le même trottoir. Et les autres ? D'abords les ministres : en trois catégories : ceux choisis, aimés, amenés et salariés et méprisés (curieuse relation justement) par
Bouteflika directement. Ce sont de vrais premiers ministres, en même temps que Ouyahia. Ils ne dépendent pas de lui, l'écoutent à peine et font ce qu'il ne dit pas. Il le sait et eux savent
qu'ils sont les hommes d'un autre. De Bouteflika ou de l'autre Bouteflika, souvent. Ensuite les ministres techniques. Genre Maire de plusieurs Alger à la fois. Ils sont des techniciens,
intendants. Ils vont partir. Ensuite les ministres secondaires, venus et nommés pour illustrer soit le féminisme de la Présidence, soit son équilibre régionaliste, soit les amitiés entre centres
de décisions, soit la puissance d'un clan ou d'un autre, soit une zaouïa et pas une autre. La cartographie piège encore une fois la nomination d'un nouveau gouvernement et cela tarde mais le
pétrole coule, même si l'Algérie coule en même temps. En Algérie, le Dey a toujours souffert des Beys et des janissaires. Qui sera premier ministre ? Le choix se pose entre Ghoul et Ouyahia.
Le second est un bon verrou, le
premier est une forme d'ouverture. Le premier a séduit les gens qui décident, le second séduit Bouteflika. On verra.
Et ensuite ? Rien. A
l'international, le Pouvoir a bien vendu sa formule, ses chiffres, son ministre des AE et ses solutions. Comme par miracle, il y a le Sahel et donc Alger est sauvé par Gao. Tout le monde a besoin
d'Alger pour sauver le Mali. Alger, pas les algérois, et encore moins les algériens. Il fallait préciser. Enfin de compte ? Cet absolu « rien » nocturne qui tient entre ses dents le cosmos entier
mais ne sait pas le ramener vers qui l'a lancé si loin du but de l'existence. Il n'y a rien de neuf, de nouveau. Conclusion sur trois nouvelles définitions. Colonisation : c'est ce qui permet à
un peuple de choisir entre la liberté ou la soumission. L'indépendance : ce qui oblige un peuple à partir ou à tourner en rond. La libération : c'est le moment historique où l'on cesse de cirer
les chaussures d'autrui pour, enfin, les chausser.
Kamal Daoud, 5 juin 2012. Le Quotidien d’Oran