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Publié par Saoudi Abdelaziz

Nous poursuivons la publication du document confidentiel, daté du 16 décembre 1988, intitulé « Complément d’informations », qui avait circulé au lendemain des émeutes d’octobre 1988, parmi les cadres du Parti d’Avant-garde Socialiste (PAGS).

 

Blida et ses environs :

-Blida : Cela a commencé le jeudi 6/10, à midi. Au moment de la sortie des lycées, des milliers de jeunes se sont rassemblés au centre-ville pour déferler sur les établissements publics. Dans la foule, on entendait des mots d’ordre : « brulez tout », « à bas Chadli », « vive l’Algérie ».

Pendant que la ville vivait ces évènements, et alors que des établissements brûlaient, aucun policier ne se trouvait sur place.

La plupart des établissements attaqués ont été détruits à 100%. Ce sont en ^majorité des édifices publics. Quelques villas ont été attaquées telles que celle de Séridi, ex wali de Blida, Ataïlia…

Des cars, des camions et des voitures ont été incendiés. Des dégâts considérables auraient été constatés à ENIE-UPAE (unité de construction des industries électriques). Ces actes de destruction sont l’œuvre de groupes étrangers à la ville, armés de barres de fer, etc. Les jeunes connus de la ville n’ont pas participé à la casse.

Ce n’est que le soir, vers 18h-19h que les premiers tirs ont été entendus. L’armée est sortie en force avec le général Ataïlia en tête [ce personnage était chef de la 1ère région militaire, celle de l’Algérois, dont le siège était Blida. Proche du président Chadli, Il était célèbre pour sa propension faire à persécuter, dans les années 80, les jeunes couples non mariés. Il fut aussi à l’origine des tirs de l’armée contre les manifestants à Alger en octobre 1988. Il s’était distingué déjà en 1965 pour avoir fait tirer sur la foule qui protestait à Annaba contre le coup d’état de 1965. Ndlr]. Fou furieux, il aurait tiré à plusieurs reprises et atteint les jeunes. C’est à ce moment là que tout a basculé. Les jeunes de la ville se sont lancés dans la ville, se sont organisés dans les quartiers pour édifier des barricades, attaquer individuellement les djounouds et les désarmer, s’attaquer au porte-chars, faisant partie d’un convoi en route vers Alger. On raconte même qu’un porte-char a été brulé ainsi que le char qu’il transportait, qu’un second porte-char a été déplacé, puis brulé, qu’un troisième porte-char a été déplacé en vu de s’emparer du char et de le conduire au centre-ville ! Le char fut descendu et mis en route, mais bloqué plus loin dans une étroite ruelle, les jeunes y mirent le feu ! Les autres porte-chars du convoi auraient demi-tour.

 

Ces opérations auraient rendu le général Ataïlia fou de rage et de colère. Le vendredi matin, vers 6h, au quartier Ben-Boulaïd, il aurait tiré en l’air et insulté la population, demandant à ceux qui sont des « hommes » de sortir. Le même jour, il s’est rendu au quartier Aouiant où les chars ont été brulés et les armes volés, investissant la mosquée du quartier avec ces « troupes » (fait condamné par la population). Il menaça de réduire tout le quartier (Aouinat) en poussière si les armes volées ne lui étaient pas rendues. L’imam de la mosquée lui aurait alors répondu qu’il était assez fort avec ses soldats pour aller les chercher. Les services de sécurité, accompagnés d’un « bouchkara » ont arrêté les jeunes la nuit.

Boufarik : Les manifestations ont commencé jeudi 06 octobre (vers 11h), à la sortie des lycées. Les lycéens n’avaient pas l’intention, au départ, de saccager. D’ailleurs, beaucoup se sont vite dispersés. Mais selon certains témoignages, un nombre important de jeunes avaient débarqué du train qui venait d’Alger. Le chef de gare a aussitôt informé la police et la gendarmerie qui lui ont signifié de se retirer. D’autre part, des groupes de jeunes venus dans un bus privé ont incité les lycéens (lycée Ibn Toumert) à sortir (en les traitant de fils de harkis…).

Les manifestants se sont attaqués à de nombreux édifices publics (APC, Daïra, commissariat, SEF, …) et à un kiosque, lieu de rencontres de responsables et militaires, vomis par les citoyens. Certains domiciles (Dr de l’ENAFLA et Pt de l’APC) ont été pillés.

A notre que les manifestants ont trouvé des pneus, des vidéos et des matériaux de construction au domicile du chef de Daïra. Ce dernier a été d’ailleurs très actif dans la répression qui s’est abattue sur les jeunes et lors des perquisitions chez des citoyens pour « récupérer des objets qui lui ont été volés ». On rapporte à ce sujet qu’un citoyen a été sauvagement torturé sous prétexte que la machine à coudre trouvée chez lui aurait été volé au chef de la Daïra. Mais il s’est avéré, par la suite, que la machine à coudre volée a été retrouvé ailleurs. Le chef de la Daïra a demandé des excuses au supplicié !!!

D’autres témoignage des jeunes, relâchés, faisaient état de l’atrocité de la torture : remplissage de l’estomac avec de l’eau contenant des détergents, supplice de la chaise, membres brisés avec le fusil, pendaisons par les membres pendant plusieurs jours et plusieurs nuits, …

Douaouda : Suite à une rumeur selon laquelle un groupe de manifestants avaient l’intention de mettre à feu le SEF, le 06 octobre, les citoyens appellent la police et la gendarmerie. Ces dernières ne se montrent pas. L’armée (alertée par des gens) envoie une patrouille qui arrive sur les lieux avant l’heure prévue pour les manifestations et repart après avoir fait remarquer aux citoyens que le SEF est intact. A 13h, comme prévu, les manifestants arrivent mais ils sont impressionnés et dissuadés par des citoyens placés tout autre du SEF et décidés à le protéger. Ils rebroussent chemin. Le SEF est sauvé.

A Aïn Bénian et Sidi Fredj les SEF et magasins des galeries algériennes ont été entièrement détruits.

 

 

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