Après le 10 mai : les ambassadeurs ont le vent en poupe
“Les relations Algéro- américaines sont en nette amélioration”, a affirmé hier à Algerl’ambassadeur américain Henry S. Ensher. Il confie à propos du 10 mai : « Ce jour-là, j’ai pris un café à la Grande-Poste en toute quiétude ». Des confidences aux journalistes à l’occasion de l’envoi, sur l’initiative du département d’Etat et de Coca-Cola, d’étudiants algériens pour un mois de formation dans une School of Business de l’Indiana. De son côté Martyn Roper, l’ambassadeur de Grande-Bretagne, qui patronne de nouvelles initiatives en faveur de la maîtrise de la langue anglaise, affirme : « Je tiens à souligner que les relations entre les deux pays sont très fortes. Mais, le domaine de l’éducation est l’un des plus importants ».
Ce dynamisme managérial des diplomates anglo-saxons, qui a impressionné les journalistes de Liberté, pourrait être mis en rapport avec un commentaire de Mohamed Larbi qui rapporte dans El Watan les propos de Jeffrey Feltman, secrétaire d’Etat-adjoint américain pour les affaires du Proche-Orient, selon lequel les Etats-Unis ont «reconceptualisé leur approche stratégique aux nouvelles réalités» de la région MENA. En substance, la priorité serait donnée dorénavant accordée non à l’exportation de la démocratie par la force mais à la promotion d’« un nouveau modèle de croissance, un cadre fondé sur des règles, un rôle beaucoup plus important pour le secteur privé et une économie plus inclusive articulée autour de la concurrence ». le Pentagone et Langley ne vont quand même pas être mis au chômage !
Une bourse d’études à 10 étudiants algériens
Par Badreddine Khris,
Dix étudiants algériens suivront à partir de juin prochain un mois de formation à la Kelly School of Business de l’université
d’Indiana.
Le département d’État américain et l’entreprise Coca-Cola ont accordé une bourse d’études à ces étudiants sélectionnés parmi 1 400 candidatures recensées. Ces jeunes font partie de 100 autres
issus des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient (Mena). Ce groupe bénéficiera de l’expertise de cette prestigieuse université pour développer davantage leurs compétences dans le domaine du
business.
Ce sont des porteurs de projets qu’ils développeront grâce à leur talent en Algérie. “En investissant dans cette formation, nous espérons que ces jeunes
étudiants pourront acquérir l’expertise et les nouvelles idées qui leur permettront de devenir des agents de changement et d’action, une fois repartis chez eux. Ils seront de ce fait les futurs
leaders et chefs d’entreprise”, souligne le secrétaire d’État adjoint américain Jeffrey Feltman.
Ce programme s’inscrit dans le cadre du PNB (Partners for a new begining) dont la mission est de promouvoir les perspectives économiques, l’éducation et
d’encourager l’entreprenariat dans la région. En tant qu’entreprise locale dans chacun des pays de la région, la société Coca-Cola veut “rendre plus autonome la future génération
d’entrepreneurs du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, d’Égypte, de la Jordanie et de l’Autorité palestinienne dans le but de créer des entreprises locales et des ONG”, indique M. Curt Ferguson,
président de Coca-Cola Mena. Ces étudiants auront ainsi la possibilité d’apprendre à préparer des business plans, maîtriser les techniques de l’entreprenariat social et du management à but
non-lucratif. Ils suivront également des cours sur les pratiques et les pédagogies commerciales de base selon une formule accélérée de 4 semaines fondée sur les éléments fondamentaux du premier
cycle de Kelly School.
L’ambassadeur : “Les relations Algéro- américaines en nette amélioration”
C’est l’un des meilleurs programmes aux USA, classé number one, pour la formation entrepreneuriale, explique-t-on dans un communiqué émanant de l’ambassade des États-Unis en Algérie. Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée hier à cette occasion, l’ambassadeur, Son Excellence Henry S. Ensher, estime que les relations bilatérales entre l’Algérie et les USA s’améliorent de plus en plus. Les États-Unis restent le premier client de notre pays en matière d’hydrocarbures, affirme-t-il. D’autres produits algériens aussi sont en train d’être exportés. “L’Algérie est un pays qui dispose de fortes potentialités. Nous voulons mettre en place un partenariat qui a pour fondement les réformes projetées par le gouvernement algérien”, explique l’ambassadeur. M. Henry S. Ensher se dit confiant quant à la stabilité de l’Algérie et qu’aucune crainte n’a été exprimée par les Américains avant, pendant et après les récentes élections. “Ce jour-là, j’ai pris un café à la Grande-Poste en toute quiétude”, argue-t-il avec ironie. Cette situation arrange les responsables de Coca-Cola tel que le précise son représentant dans la région Mena : “nous édifierons d’autres usines et augmenterons les capacités de production.” L’entreprise est, en outre, motivée dans ce sens, avoue-t-il, par sa position de leader, sur le marché algérien dans la boisson gazeuse.
Objectif 2012 : un anglais de qualité en Algérie
Par : Hana Menasria,
Des journées de formation pour la création d’écoles de langue anglaise en Algérie ont été dispensées, hier matin, à l’école In-Tuition de Sidi Yahia. La même
manifestation aura lieu mercredi prochain à Oran. Animée par trois experts britanniques, cette formation a vu la participation de professeurs d’anglais et de futurs enseignants de la langue
anglaise de trente écoles privées. Elles visent, aussi, le développement d’une plateforme en ligne pour partager les matériaux et l’expertise dans le développement des écoles.
Cette initiative est inscrite dans le programme start-up, qui aide à améliorer la qualité des établissements privés dans l’enseignement de la langue anglaise
(ELT), dans tout le pays. Initié par le British Council en partenariat avec Macmillan Education et Cambridge Esol, avec le soutien de l’ambassade de Grande-Bretagne à Alger.
D’ailleurs, pour le lancement de cette cession de formation, d’ateliers et de conférences, était présent Martyn Roper, ambassadeur de Grande-Bretagne. “Je
tiens à souligner que les relations entre les deux pays sont très fortes. Mais, le domaine de l’éducation est l’un des plus importants. Ce partenariat bilatéral entre le secteur privé algérien et
britannique est dans le but de développer l’anglais”, a-t-il signalé. Et d’ajouter : “Nous voulons voir plus d’écoles en Algérie. Il y a du progrès et du concret avec la récente ouverture
à Oran et une autre ouvrira le 1er juin à Béjaïa.” Ces rencontres seront articulées sur : comment diriger une école ? Sur les aspects pratiques d’un centre de langue et comment utiliser les
matériaux pédagogiques ?
Les objectifs fixés par le British Council sont axés sur plusieurs projets, notamment une collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale. “Nous
avons formé un total de 1 300 professeurs et, en ce moment, les formateurs prodiguent des cours aux inspecteurs”, a annoncé Jeremy Jacobson, directeur du British Council. Ce programme instauré en
2012, pour l’obtention d’un anglais de qualité en Algérie est aussi de démontrer qu’“on peut combiner business et une langue de grande qualité”, a-t-il indiqué. Suite au partenariat avec
Echourrouk (concours publié sur le quotidien en langue anglaise), le British Council fera appel à la télévision algérienne pour “la diffusion d’un programme en anglais”.
Le chargé de ces projets au British Council, Paul Phillips, espère “voir la concrétisation d’une conférence sur le management d’écoles avec des
experts de Grande-Bretagne pour parler de leur expérience”.
Un service de consultation “on line” avec des experts européens est mis à la disposition des concernés, ainsi que des work-shop gratuits ouverts à tous, au niveau de l’institut.
Liberté, 22 mai 2012
Une nouvelle politique américaine
Par Mohamed Larbi, El Watan
Reconceptualiser. C’est un mot certainement pas si étrange pour les membres de la commission des affaires étrangères de la Chambre américaine des représentants, ces derniers ainsi que les initiés pensant certainement à ce que cela implique. En tout cas, plus qu’un simple changement dans l’approche habituellement suivie. Ce qui a été clairement dit lors de ce débat, ce n’est pas ce que les Etats-Unis envisagent comme politique pour les Etats de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA), mais ce que eux doivent dorénavant faire avec ces derniers.
Que l’on est alors loin et même très loin de la politique suivie depuis des décennies, y compris avec le fameux GME (Great Middle East) par lequel les Etats-Unis envisageaient la démocratisation
d’une région qui s’étend de l’Atlantique au Golfe. Quinze années plus tard, les Américains ont constaté que la démocratie ne se décrète pas, ou plus simplement, qu’ils ont fait tout faux, comme
l’atteste l’idée même de reconceptualisation.
Les Américains ne craignent pas de l’affirmer, car le propre d’une politique est d’envisager le changement afin de ne pas le subir. Justement, des situations que l’on croyait figées sont susceptibles de bouleversement, notamment en Egypte, et cela aura des conséquences sur les rapports avec Israël. L’Egypte n’étant qu’un point, il n’est alors pas exclu que le changement puisse être plus important.
Tout devrait changer, les Etats-Unis ayant «reconceptualisé leur approche stratégique aux nouvelles réalités» de la région MENA. C’est le secrétaire d’Etat adjoint américain pour les
affaires du Proche-Orient qui en a dessiné les contours.
Jeffrey Feltman a souligné que les profonds changements ont «remodelé l’approche américaine pour cette région», laissant ainsi entendre ou suggérant même une certaine surprise puisque ce qu’on
appelle le Printemps arabe a emporté des régimes réputés forts et stables comme en Tunisie et en Egypte. L’effet de surprise passé, les Etats-Unis savent qu’il leur sera «essentiel d’établir
et de maintenir des types de partenariat qui les aident à protéger et promouvoir leurs intérêts». C’est ce qu’on désigne par réalisme américain.
Du pragmatisme aussi, puisque l’orateur soutient en ce sens que «cela demande de la patience, de la créativité et de la flexibilité, dans un environnement en constante
évolution».
A suivre cette logique, tout change. A commencer par «un nouveau modèle de croissance, un cadre fondé sur des règles, un rôle beaucoup plus important pour le secteur privé et une économie plus
inclusive articulée autour de la concurrence au lieu d’étroits intérêts privés basés sur la corruption et d’autres activités destructrices du bien commun».
Il ne sera plus question de chercher la légitimité ailleurs qu’à l’intérieur de ses propres frontières. Bien entendu, les conclusions de ces propos sont nombreuses. Le fait, entre autres, que les
Etats-Unis semblent vouloir prendre acte d’une situation qui leur aurait échappé, tout en montrant une détermination à en tenir compte pour mieux défendre leurs intérêts. Il reste que ce qui
intervient sous la forme d’un avertissement vaut aussi pour les nouveaux régimes dans la région. La légitimité ne viendra plus de l’extérieur. Elle s’acquiert à l’intérieur et nulle part
ailleurs.
Mohamed Larbi, 22 mai 2012. El Watan