Après la conquête des Babors, Napoléon III visite Jijel

Jean-Marie Déguignet, 1834-1905, écrivain breton de langue française et bretonne
Du 3 mai au 7 juin 1965, l’empereur français Napoléon III fit un séjour en Algérie. Il a notamment passé deux jours dans la région de Jijel. Ce séjour est évoqué dans le « Résumé de ma vie », mémoires rédigées par Jean-Marie Déguignet, sous-officier de l’armée d’occupation (Selon la terminologie militaire de l’époque, la région jijélienne des Babors était située en « Kabylie »). EXTRAITS
« Mon nouveau régiment était dans la province de Constantine où il resta près de deux ans dans l’oisiveté des garnisons.
Ce ne fut qu’en 1863 que nous commençâmes l’expédition.
D’abord contre plusieurs tribus de l’Ouest, sur les frontales de Tunisie que nous tinrent assez longtemps, puis ensuite commença cette longue et terrible lutte contre les Kabyles, ces terribles montagnards qu’aucun peuple vainqueur de l’Afrique n’avait encore pu vaincre.
Ni Carthaginois, ni Romains, ni Maures, ni Turcs n’avaient pu pénétrer dans ces montagnes de la Kabylie où vit un peuple assez semblable du peuple breton, sans histoire et sans origine connue.
Avec l’aide de toutes les troupes disponibles de l’Algérie nous vînmes à bout de les cerner et de les prendre sur le sommet des Babords, en juin 1865, après bien des massacres de part et d’autre ».
Arrivé à Sétif, ville au sud des montagnes de Babors, le régiment de Déguignet est appelé pour défendre le fortin de Takitount, à 41 km de Sétif sur la route escarpée de Bougie, route ouverte par l'armée coloniale entre 1863 et 1870. Après les longs et rudes combats autour du fortin de Takitount, Jean-Marie Déguignet assiste à un autre évènement historique, la visite de l'empereur Napoléon III :
« Ce fut à la fin de cette rude campagne que l’empereur voulut venir faire une visite jusque là-bas. Mais, au lieu de venir jusqu’à nous dans les montagnes, on nous fit descendre à Djidjelli pour être inspectés par le triste sire qui tremblait de peur. Il avait dû regretter d’être venu là, où, au lieu d’être acclamé, il fut sifflé comme un minable combattant. Aussi il s’empressa de gagner son bateau qui l’attendait sous pression où il fut accaparé par des murmures et le chant de « Bon voyage vieux Badinguet. Va-t-en là-bas regarder la colonne ».
Jean-Marie Déguignet, Résumé de ma vie