8 mai 1945 : prélude à l’insurrection
Le 8 mai 1945, jour même de la victoire sur le nazisme, des manifestations éclatent à Sétif, en Algérie puis s'étendent à Guelma, Biskra, Batna, Kherrata, Jijel. Violement réprimées, elles seront le prélude à la guerre d'indépendance, qui sera déclenchée dix ans plus tard.
Une semaine auparavant, le 1er mai, une manifestation du PPA clandestin réunit 20.000 personnes à Alger, dans la rue d'Isly. Pour la première fois est arboré en public le drapeau national. La manifestation se solde par 11 morts, des arrestations, des tortures.
Le matin du 8 mai, à Sétif, les militants du PPA descendent dans les rues, ils ont reçu la consigne de ne pas porter d'armes. De nature spontanée, l'insurrection s'étend à des villes voisines du Constantinois.
Des milices d’Européens sont constituées et s'associent à la répression menée par les forces régulières. Cette répression est d'une extrême brutalité. «Certains des miliciens se sont vantés d'avoir fait des hécatombes comme à l'ouverture de la chasse. L'un d'eux aurait tué à lui seul quatre-vingt-trois merles...», notera plus tard le commissaire Berger, dans son rapport sur les événements.
L'aviation elle-même est requise pour bombarder les zones insurgées. Après la bataille, les tribunaux ordonnent 28 exécutions et une soixantaine de longues incarcérations. L’histoire officielle de l’Algérie avance le chiffre de 45 000 morts parmi les populations musulmanes.
Plus tard, le général Duval, responsable de la répression, dans un rapport prémonitoire aux Français d'Algérie, dira le 9 août 1945 : «Je vous ai donné la paix pour dix ans, mais si la France ne fait rien, tout recommencera en pire et probablement de façon irrémédiable»
Source : Herodote.net
Kateb Yacine y était
Parmi les témoins et acteurs du drame se trouve un élève du lycée de Sétif. Il a nom Kateb Yacine, il a 16 ans et sera le plus grand poète et écrivain algérien de sa génération...
Kateb Yacine participe aux manifestations, ce qui lui vaut d'être arrêté trois jours plus tard et détenu durant deux mois. Exclu du lycée, il se plonge corps et âme dans la poésie, se rend à Paris et milite au PPA puis au parti communiste algérien.
Témoignages video : Maître Vergès