60 000 personnes dans les rues d'Athènes
Etranglés par la crise, les Grecs à nouveau en grève
Par Catherine Chatignoux, envoyée spéciale en Grèce
Partie de la place Omonia, la marée des manifestants a lentement remonté, hier en fin de matinée, l'avenue Stadiou en direction de la place Syntagma. Elle est passée, indifférente, devant Strongyllos, le grand magasin de vêtements qui a habillé plusieurs générations d'Athéniens. Mais, cette fois, la boutique est close et sa devanture recouverte de panneaux de contreplaqué. En faillite, comme des centaines d'autres dans la capitale grecque.
La population, elle, descend encore dans la rue pour protester contre les coupes budgétaires, qui vident sans discrimination les administrations, et contre la surtaxation, notamment dans l’immobilier, qui étouffe leur pouvoir d'achat. Ils étaient 60.000 à protester, hier, jour de grève générale avec écoles fermées et service minimum dans les hôpitaux. 35.000 fonctionnaires sont déjà partis à la retraite sans être remplacés et la troïka des créanciers de la Grèce souhaite 25.000 suppressions de postes dans l'administration cette année.
« Politiques sans issue »
Parmi les manifestants, un fonctionnaire qui a vu son traitement fondre de 1.600 euros sur quatorze mois à 1.200 euros sur douze mois, redoute la fermeture du centre de recherche sur l'écosystème dans lequel il travaille depuis vingt-six ans. L'autre danger qui menace les fonctionnaires, c'est de n'être plus payés par l'Etat, qui a eu toutes les peines du monde à collecter l'impôt en janvier. « La grève est notre réponse aux politiques sans issue qui ont essoré la vie des salariés, appauvri la société et plongé l'économie dans la récession », a souligné le syndicat GSEE.
Savas Robolis, qui dirige l'Institut du travail, l'organe de recherche des fédérations syndicales du privé (GSEE) et du public (Adedy), est convaincu que les salariés ne sont pas au bout de leurs difficultés : « Après la réduction du salaire minimum - de 751 euros à 586 euros - l'an dernier, c'est aux conventions collectives que le gouvernement s'attaque aujourd'hui : les niveaux de salaire pourraient se négocier à l'avenir dans chaque entreprise, ce qui entraînera de nouvelles baisses de rémunération. »
Catherine Chatignoux, envoyée spéciale en Grèce. Les Echos.fr