3 mars 1924 : les députés turcs abolissent le Khalifat
Le 3 mars 1924, les députés turcs votent l'abolition du Khalifat. La jeune République turque devient ainsi le premier État officiellement laïc du monde musulman.
Quelques mois plus tôt, le général Mustafa Kémal, fort de ses succès militaires face aux Grecs et Arméniens qui s'apprêtaient à dépecer la Turquie ottomane, a fait proclamer la République turque par une Assemblée nationale réunie à Ankara (ou Angora), nouvelle capitale du pays. Lui-même en devient le premier président.
Aussitôt, il entreprend à marche forcée une laïcisation de la société... non sans prendre la précaution de proclamer l'islam religion nationale. Son objectif est de moderniser le pays et plus encore de rendre aux Turcs leur identité nationale en les dépouillant de l'influence arabe.
En 1925, il impose le port de la casquette à visière au lieu du fez traditionnel ; une mesure symbolique destinée à occidentaliser les Turcs et les défaire de leur héritage islamique.
Il interdit, outre le fez, les vêtements traditionnels tels que le voile et les pantalons bouffants.
À Istamboul, Sainte-Sophie, de mosquée, est transformée en musée, tandis qu'à Ankara, le Ghazi fait revivre le passé pré-islamique de la Turquie, notamment l'Histoire des Hittites, habitants indo-européens de l'Anatolie contemporains du pharaon Ramsès II et de Moïse.
Mustafa Kémal introduit le calendrier grégorien en 1926, l'alphabet latin en 1928, en remplacement de l'arabe, le système métrique en 1931.... Il impose le repos du dimanche, instaure l'égalité des sexes, interdit la polygamie et donne le droit de vote aux femmes en 1934 (11 ans avant les françaises).... Il emprunte à la Suisse son code civil, à l'Italie son code pénal, à l'Allemagne son code du commerce....
Enfin, après avoir dépouillé l'ancien sultan de ses prérogatives politiques, Moustafa Kémal achève la liquidation de l'héritage ottoman en abolissant le califat. Cette fonction religieuse faisait du sultan ottoman le chef spirituel de tous les musulmans et le successeur des premiers compagnons du Prophète. Sa disparition après 14 siècles est accueillie avec indifférence en Turquie comme dans le reste du monde musulman.
En témoignage de gratitude, l'Assemblée nationale confère officiellement au président le nom d'«Atatürk» (le Père des Turcs).
Moustafa Kémal (ou Kémal Atatürk) meurt en pleine gloire le 10 novembre 1938, à 57 ans, victime d'une cirrhose du foie, rançon de son goût avéré pour les soirées très arrosées…
Source Herodote.net