21 décembre 1991. Constat de décès de l’URSS et désarroi des communistes
Le 21 décembre 1991, à Alma-Ata, au Kazakhstan, les représentants de onze républiques soviétiques constatent le décès de l'URSS. Née 69 ans plus tôt, le 30 décembre 1922, l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques cède la place à une éphémère Communauté des États Indépendants (CEI). Seules les trois républiques baltes et la Géorgie s'en tiennent à l'écart. Mais dans les années suivantes, les autres républiques vont s'en détourner à leur tour et tenter de vivre en pleine indépendance.
En janvier 1994, j’écrivais dans une tribune paru dans un hebdomadaire algérois :
L’intervention soviétique en Afghanistan, l’affaire des SS 20 étaient d’une certaine manière des manifestations de cette impatience, d’une évaluation infantile des rapports de forces.
Le complexe militaro-industriel et Reagan, en organisant la vaste supercherie dite de « la guerre des étoiles » ont travaillé à piéger la direction soviétique et à l’enfermer dans une logique de course aux armements, détournant les énormes ressources humaines et matérielles de l’URSS de la tâche prioritaire de satisfaction des besoins sociaux.
Mais au fond, pour Brejnev c’était une fuite en avant qui masquait l’incapacité du PCUS à prendre à bras le corps les changements radicaux devenus incontournables. Il fallait renouveler radicalement les forces productives, libérer l’énergie humaine contrainte dans un système politique devenu stérile. C’était les priorités définies dans la Pérestroïka en 1985-1986. C’était une démarche créative, à laquelle se sont greffés des secteurs bureaucratiques aspirant à une reconversion libérale de leurs carrière. Et sans doute en 1985 était-ce déjà trop tard. Le mal était fait .
La deuxième moitié des années 70, c’était aussi l’époque des programmes et accords de gouvernement dans lesquels se sont impliqués les partis communistes un peu partout dans le monde, de la France à l’Irak. Il y avait un vertige par rapport à cette proximité du « partage du pouvoir ».
Je le dit franchement : à un moment donné, dans certaines « couches moyennes », à l’égard du PAGS, il y avait un phénomène d’engouement qui n’était pas étranger à l’idée que la participation au pouvoir était à portée de la main. Une sorte de phénomène opportuniste qui a exercé un effet de retour dans les pratiques politiques du PAGS, infléchissant sa ligne politique.
Plus fondamentalement, je pense aujourd’hui, s’agissant des communistes, qu’il faut dire clairement « Khatena el houkm » : le parti se réclamant des idéaux communistes ne s’associera jamais comme tel à l’exercice du pouvoir d’état. Perpétuellement minoritaires, nos idées et nos propositions, sans cesse renouvelées, sont des ferments, un point c’est tout. Nous regardons en avant. Nous ne sommes pas un parti comme les autres. Nous ne pouvons nous « intégrer » au fonctionnement d’un Etat, quel qu’il soit. Mais sans être une secte de visionnaires. Ce qui suppose que nous devrions faire une différence nette entre les rassemblements électoraux dans lesquels les communistes peuvent et doivent militer, avec d’autres, pour mettre en mouvement le peuple et modeler le rôle des institutions, et la fonction propre du parti communiste moderne qui reste à définir.
Je crois que les marxistes ne doivent pas confondre la mise en commun de leurs réflexions pour le profond travail d’évaluation et de refondation de leur identité, avec le travail plus immédiat visant à susciter un forum démocratique, le développement du mouvement syndical et associatif.
Je suis convaincu que l’on reconstruira une force communiste au service de l’Algérie. Cela correspond à ce que toute société contient en elle de plus profondément novateur et en même temps de séculaire. La réflexion de Marx a ouvert la recherche d’une nouvelle civilisation, où pourrait enfin se combiner la satisfaction égale des besoins humains et le respect absolu de l’individu. (Algérie Actualité n°1476 du 25 janvier 1994).