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Le blog de algerie-infos

"La vérité est un miroir tombé de la main de Dieu et qui s'est brisé. Chacun en ramasse un fragment et dit que toute la vérité s'y trouve" Djalāl ad-Dīn Rūmī (1207-1273)

Les «fausses urnes électives marque de fabrique du césarisme» selon Boubakeur Hamidéchi

APN, juillet 2022. Photo DR

APN, juillet 2022. Photo DR

Parlement : une chambre de fantômes pour députés fugitifs ?

Par Boubakeur Hamidechi, 10 septembre 2022

«Excédé par le taux élevé d’absentéisme enregistré parmi les députés durant la précédente session, le président de l’APN compte prendre des mesures afin de lutter contre ce phénomène qui discrédite grandement l’institution parlementaire. » Ce sont là les propos de Brahim Boughali qui a décidé, en effet, de saisir les présidents des groupes parlementaires afin d’engager une réflexion autour de cette question.

Car, ne souffrant d’aucune nuance qui atténuerait ce qui lui semble relever déjà du désastre, cet appel rendu public à travers sa parution dans le quotidien Le Soir d’Algérie du samedi 3 septembre dernier, n’explicite-t-il pas, même à demi-mots, la possibilité d’autres boycotts au sein de ce récent Parlement ? Là où, justement, seuls des courtisans glorifiaient une imaginaire promotion de nouveaux députés chez lesquels l’on s’absente déjà des débats, ou bien, l’on évite, sûrement, de voter avec enthousiasme.

Cela dit, en référence aux inquiétudes évoquées, l’on ne fera, donc, pas croire ici et là que les nouveaux députés seraient semblables à leurs dociles prédécesseurs. En effet, ayant si peu à gagner au change personnel et aux changements dans la hiérarchie qui les pilotait, n’ont-ils pas fini par faire en grand nombre de drôles d’« écoles buissonnières » en riposte aux puissants acteurs de l’exécutif ?

Car, avec un tel état d’esprit et même à la suite de concessions politiques, aucun appel à la raison ne semble les satisfaire tant ils paraissent convaincus que leurs avis dans les votes se réduisent chaque fois à des oripeaux de la fausse démocratie de l’hémicycle. Persuadés que le prétendu changement au présent n’est, à son tour, qu’une vieillotte fiction remontant aux années des trafics, il ne restait à la plupart d’entre eux que le fameux boycott se justifiant par des absences.

En somme, ce donneur d’alerte qui n’est autre que le président de l’APN a préféré jouer sur le registre des inquiétudes pour qu’enfin le Parlement dans ses deux chambres admette qu’une armée de législateurs était prête à contester le fonctionnement d’une aussi importante institution.
En effet, jusque-là, se rendre au Parlement pour plaider sa feuille de route n’a jamais été une véritable épreuve pour le gouvernement tant il était habituel que sa déclaration de politique générale se suffisait d’une première lecture laquelle se clôturait par des approbations à main levée.

Ne devant pas déroger aux us et habitudes des précédentes législatures, puisque le régime actuel en a également reconduit l’« invariant » de la simple chambre d’adoption, il nous semble presque logique de comprendre pourquoi les hémicycles se dépeuplent de la présence des élus dont les voix se dissipent d’elles-mêmes à chaque validation ; d’où le reproche éthique qui pousse les parlementaires à la démission.
Sans souvenir de quelques cauchemars taraudant l’exécutif dans ce sens, à moins de remonter le temps et exhumer de l’oubli Ferhat Abbas qui l’avait présidé durant douze mois à peine, l’histoire du Parlement algérien illustre parfaitement les premières péripéties d’une nation au lendemain de son accouchement.

Institution-clef de l’État de droit, le parlementarisme n’avait-il pas été, en permanence, au centre de tous les appétits ? Dans les faits, d’ailleurs, l’Algérie n’avait jamais connu en 60 années une véritable démocratie, hormis la courte parenthèse au cours de laquelle fut investi au poste de président de l’APN Ferhat Abbas et à laquelle accédèrent à la députation des historiques de la dimension d’Aït-Ahmed. À cette époque-là, qui coïncida avec le 3 septembre 1963, la première Constitution fut pourtant rédigée hors de l’hémicycle, pourtant représentatif pour la solennité, et de surcroît adoptée sans débat par une Assemblée au garde-à-vous ! L’Algérie, ce jour-là, venait d’être livrée à un despotisme que des successeurs cultivèrent sans vergogne à chaque coup d’État, laissant des traces dans nos manuels d’histoire.

Mais, au-delà de l’impérative constance que l’on retrouve dans la praxis de la totalité de nos présidents, l’on perçoit chez ces dirigeants l’éternelle préoccupation de soumettre à leurs bottes les parlements. Ceci explicitant cela, la décomposition du parlementarisme que Bouteflika, précisément, avait entretenu durant 14 années, renseigne sur l’inclination de celui-ci à recourir aux fausses urnes symbolisant toutes les sources de la corruption.
Frappé du sceau de l’imposture auprès de l’opinion, le bicamérisme, entre autres, devint, en définitive, le plus terrible acte d’accusation contre les ex-pouvoirs d’El-Mouradia lors des révoltes populaires.

Toute la comédie politique fut jouée durant plusieurs décades. Et c’est ainsi que l’histoire du parlementarisme en Algérie s’est déclinée tantôt à travers une chambre de « chouyoukh » émargeant dans les finances publiques, et tantôt par un aréopage de fidéistes déraisonnables de par leur réputation de pilleurs agréés pour « services rendus ».
Au total, l’on a dénombré un millier de rentiers inscrits sur les « listes civiles » établies par un Bouteflika dont les libéralités furent quasi-monarchiques.
Il est vrai que la mise à sac d’un État a toujours été la conséquence des fausses urnes électives.
D’ailleurs, ces dernières ne portaient-elles pas la marque de fabrique du césarisme version tiers-monde ?

Source : Le Soir d’Algérie

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