A l’âge de presque cent ans, Henri Kissinger continue d’influencer la géopolitique mondiale.
A Pékin en 1971, Henry Kissinger avec le président Mao Tse Toung et le Premier ministre Chou En Lai. Photo DR
Par Dr Mourad Goumiri, 4 juin 2022
Au Forum économique mondial de Davos, l’ex-secrétaire d’état du Président R. Nixon, fait sensation, en allant à contre-courant des idées reçues, jusques et y compris, par celles du gouvernement actuel de J. Biden !
En effet, dans le conflit ukrainien, il rappelle les promesses orales non tenues, par l’Occident, vis-à-vis de l’ex-URSS et de la Russie, après l’accord de la réunification allemande et la chute du Mur de Berlin et de l’extension de l’OTAN, vers les frontières russes.
Créant un séisme dans la conscience collective unanimiste du Forum, il va, au nom de la realpolitik, remettre « les pendules à l’heure », en prenant acte du rapport de force sur le terrain et le fait que la Russie est déjà maîtresse d’une partie du territoire ukrainien. Il convient donc de lui consentir des conditions de paix et de sécurité durables garanties par l’Occident.
Sa proposition est très claire, la paix, via un compromis territorial (cession de la Crimée et du Donbass), pour éviter une guerre perpétuelle qui risque d’embraser le monde entier ! D’aucuns ont crié à « l’accord de Munich », signé avec A. Hitler en 1938, accords concessionnels qui n’ont pas empêché la deuxième mondiale !
Fidèle à sa logique, il presse l’Occident d’ouvrir des négociations dans les deux prochains mois, sur sa proposition pour empêcher que l’escalade ne soit irréversible et incontrôlable et ne débouche sur une confrontation mondiale aux conséquences incalculables.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement américain actuel agit à l’inverse de cette proposition et entraîne avec lui ses alliés otanesques et tente d’imposer, au reste du monde, sa politique et notamment en Afrique, après que le Congrès ait voté la loi HR 7311 qui « punit les états africains favorisant l’essor de la Russie, dans le continent noir, au détriment des intérêts américains biens compris ».
Nuls doutes que le discours d’H. Kissinger à Davos, laissera des traces indélébiles dans la géopolitique et les relations internationales et qu’il va permettre un repositionnement des uns et des autres, dans le concert des nations. Les pays qui refusent de se positionner dans l’un des camps mais qui subissent de plein fouet les conséquences (notamment alimentaires) de ce conflit, ont tout intérêt à soutenir cette proposition de la concession territoriale contre un accord de paix durable qui doit mener à l’arrêt du conflit en Ukraine.
A quand la canonisation d’H. Kissinger par le pape ?
Source : Réveil d’Algérie