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Publié par Saoudi Abdelaziz

"On peut affirmer très clairement, après presqu’un an de mandat, que les promesses de tournant progressiste vers plus de justice sociale n’ont pas été tenues".

Par Éric Toussaint, 23 décembre 2021.

Certain·es commentateurs/trices ont pensé que la présidence de Joe Biden allait être l’occasion d’un tournant keynésien aux États-Unis. Les mêmes illusions et espoirs avaient surgi au début de la présidence de Barack Obama en 2009.

Dans les deux cas, l’élection a eu lieu alors que les États-Unis traversaient une grave crise qui pouvait amener le gouvernement à prendre des mesures fortes engageant un virage par rapport à des décennies de politiques néolibérales.

L’administration de Barack Obama aurait pu appliquer des mesures de contrainte à l’égard du grand capital et notamment des grandes banques et des grands fonds d’investissement largement responsables de l’énorme crise qui avait explosé à partir de 2007-2008. De plus, Barack Obama avait promis une profonde réforme du système de santé, de la sécurité sociale, des retraites et la mise en place d’une réforme fiscale visant à faire payer un peu plus d’impôts aux plus nantis à commencer par le 1 % le plus riche. Il n’en avait rien été.

Dans le cas de Joe Biden, celui-ci avait annoncé qu’il demanderait aux plus grandes entreprises et aux plus riches de payer plus d’impôts, il avait promis des mesures progressistes en matière d’accès à la santé, à la protection sociale ainsi qu’un salaire horaire minimum légal de 15 dollars…

Ces promesses lui ont permis de mobiliser en sa faveur une partie de l’électorat qui ne se déplaçait plus vers les urnes. Au début de son mandat, il a nommé Bernie Sanders président de la commission du budget du Sénat ce qui est apparu, à certain·es, comme le gage de la volonté de réellement mettre en œuvre des mesures progressistes. D’autres, dont je fais partie, y ont vu un moyen de coincer Bernie Sanders.

Des promesses non tenues

On peut affirmer très clairement, après presqu’un an de mandat, que les promesses de tournant progressiste vers plus de justice sociale n’ont pas été tenues.

Très vite le salaire minimum de 15 dollars a été abandonné, et le salaire horaire minimum reste fixé à 7,25 dollars.

Aucune mesure n’a été prise pour prélever des impôts nouveaux sur les grandes entreprises et sur les plus riches. Pire, une mesure supplémentaire favorable aux ménages fortunés est proposée par l’Administration Biden et le comble c’est que cela permet à une série d’élu·es républicain·es de dénoncer l’injustice et la fourberie de la mesure comme favorisant les riches. Il s’agit de porter de 10 000 à 80 000 dollars le montant qu’un·e contribuable peut déduire de ses impôts fédéraux au titre du paiement d’impôts locaux (soit municipaux soit les impôts payés à l’État).

Selon une analyse effectuée par le Tax Policy Center, un organisme non partisan, et le Center for a Responsible Federal Budget, 94 % des bénéfices de l’augmentation du plafond de l’impôt sur le revenu à 80 000 dollars iraient au quintile supérieur des contribuables du pays – qui gagnent au moins 175 000 dollars par an – et 70 % aux cinq pour cent supérieurs. La perte de revenus pour le Trésor s’élèverait à 275 milliards de dollars par an.

Très vite le salaire minimum de 15 dollars a été abandonné, et le salaire horaire minimum reste fixé à 7,25 dollars

Le budget militaire a été augmenté et porté à 720 milliards de dollars avec l’appui des Républicains. C’est le budget le plus élevé depuis la deuxième guerre mondiale (et ce malgré le désengagement en Afghanistan).

En matière de travaux publics, l’administration Biden a fait passer, avec l’appui des Républicains, un budget favorable aux grandes sociétés de construction.

Rappelons que c’est aux États-Unis que la pandémie de coronavirus a entraîné le nombre de décès en chiffres absolus le plus élevé du monde : plus de 820 000 morts à la date du 21 décembre 2021.

Malgré l’extrême gravité de la situation, Joe Biden n’a pris aucune mesure qui aurait pu entrer en contradiction avec les intérêts des grandes entreprises pharmaceutiques. Alors que le gouvernement détient le principal brevet pour la production des vaccins à ARN messager, il refuse de l’utiliser et de faire produire des vaccins par le secteur public aux États-Unis ou ailleurs (voir l’encadré « Biden protège les intérêts du Big Pharma aux dépens de la population du Nord comme du Sud ») Toute la production est laissée aux mains du Big Pharma et les brevets que les entreprises privées ont déposés ne sont pas suspendus. L’administration Biden n’a pas offert non plus le brevet qu’il détient aux pays qui auraient pu en bénéficier et qui sont capables de produire eux-mêmes des vaccins si on leur en donne la possibilité. Alors qu’il avait affirmé, en mai 2021, que son administration voulait que l'OMC lève les brevets comme le demandent plus de 100 pays du Sud, Joe Biden n’a pas véritablement agi pour que cette mesure soit prise (…)

Lire la suite de l’article sur Le site du Comité pour l'annulation de la dette illégitime: CADTM

 

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