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Publié par Saoudi Abdelaziz

Couverture du numéro Hors Série N°6 de NAQD

Couverture du numéro Hors Série N°6 de NAQD

Daho Djerbal est maître de conférences au Département d’histoire. Université d’Alger

« Il est important de souligner ici que la décision d’organiser des manifestations de protestation contre la répression systématique imposée par les forces de police à tous les Algériens émigrés et non pas à la seule organisation du FLN vient de la base et non pas du comité fédéral. Ce dernier n’a fait que céder à l’insistance de l’encadrement des quartiers périphériques et des grandes banlieues parisiennes, lui-même soumis à la pression des populations immigrées.

« La colonie algérienne, en effet, commençait à en avoir assez. Elle subissait des brimades quotidiennes : rafles, vexations, vérifications d’identité, visites policières nocturnes dans les hôtels et garnis algériens. Nuit et jour l’Algérien était harcelé par les tracasseries policières ; ne parlons pas des violences dans les commissariats de police, des insultes, ni des exactions des harkis. Même au sein de l’organisation nous avons senti cet énervement de la colonie. »

Il fallait réagir coûte que coûte.

« Le Comité fédéral se porta à Bruxelles ; il tint réunion sur réunion. Nous finîmes par décider une manifestation pour le 17 octobre 1961 ; c’était d’ailleurs une proposition de l’organisa-tion. Les responsables de wilaya avec Zouaoui étaient tous unanimes pour sortir dans la rue après vingt heures, contrairement aux interdits de Michel Debré. Mais les cadres, ainsi que ceux de La Spéciale, n’entendaient pas sortir se balader mais plutôt se bagarrer. Ils étaient certains que la police française réagirait avec sa brutalité habituelle contre les Algériens.

Le comité fédéral fut très embarrassé, non sur le principe d’une manifestation de masse (cent cinquante mille Algériens dans la région parisienne) mais sur l’efficacité des restrictions qu’on voulait apporter et principalement sur l’usage de la violence et sur celui des armes. »

Pour éviter un affrontement généralisé qui pouvait tourner inévitablement en la défaveur des groupes armés du FLN, mais aussi que des pertes civiles au sein de la population française ne dressent immanquablement l’opinion publique contre la cause de l’indépendance, il fallait absolument donner une dimension pacifique à la démonstration de masse de la communauté algérienne.

Le comité fédéral a donc voulu que ces manifestations soient un message politique exprimant la volonté de la communauté algérienne unanime de réclamer l’indépendance et le respect de ses droits en territoire français.

Souligner avec un fort parti pris comme le fait Linda Amiri que ces manifestations ont été plus ou moins ordonnées et imposées de manière impérative à tous les Algériens immigrés nous semble être pour le moins un forçage des faits pris hors contexte.

En fin de compte, un programme à long terme a été arrêté par le comité fédéral et soumis à la base de l’organisation qu’on a convaincu du principe d’une manifestation politique.

La région parisienne avait été choisie comme première étape de ce plan avec interdiction à quiconque de porter la moindre arme, ne serait-ce qu’un canif.

« Une effervescence au sein de tous les rouages de la Fédération régnait. Les agents de liaison ne cessaient de faire le va-et-vient entre l’organisation et le Comité fédéral (...).

TEXTE INTEGRAL : https://assafirarabi.com/fr/41092/2021/10/17/le-17-octobre-1961-ou-lemergence-des-emigres-algeriens-comme-peuple-sujet-de-sa-propre-histoire/

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