Justice sociale et droits civiques inséparables
« L'Algérie a tout pour se reprendre. Sortons du tout répressif, de l'article 87-bis » propose sur facebook le syndicaliste universitaire Adel Abderazak. De son côté le spécialiste des questions sociale, Nouredine Bouderba, met en garde contre les mesures projetées conduisant à aggraver « les inégalités et les discriminations existantes en matière de retraite ».
Régimes de retraites : consécration de l'uniformisation des droits ou des discriminations ?
Par Nouredine Bouderba, 10 septembre 2021
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La création du Fond spécial de retraite (FSR) chargé de gérer les retraites des cadres supérieurs de l’État, pourtant à un moment (1983) ou le législateur consacrait officiellement l'unification des régimes de retraite en Algérie et l'uniformisation des avantages en matière de pensions et d'allocations, allait donner le signal de départ à une série ininterrompue de mesures remettant en cause le principe d'égalité en droits devant la loi consacré par la constitution dans toutes ses révisions.
L'extension sur une base clientéliste, de la liste des bénéficiaires de ce Fond ainsi que des droits qu'il octroie à ses bénéficiaires et à leur ayants-droit, constituent une véritable discrimination au regard des droits et des critères énoncés pour le régime général (CNR et CASNOS) en matière de pensions et d'allocations.
Pourtant le principe constitutionnel d'égalité devant la loi que doivent assurer les institutions de la République est fortement inscrit dans la constitution et à deux reprises.
D'abord dans le préambule de la constitution ou il est affirmé que "...le peuple entend, par cette Constitution, se doter d'institutions fondées sur la participation des citoyens et de la société civile incluant la communauté algérienne à l’étranger à la gestion des affaires publiques et qui réalisent la justice sociale, l'égalité et la liberté de chacun et de tous, dans le cadre d'un Etat de droit républicain et démocratique veut..."
Ensuite dans son article 35 qui stipule "Les droits fondamentaux et les libertés sont garantis par l’État. Les institutions de la République ont pour finalité d'assurer l'égalité en droits et en devoirs...".
Aujourd'hui au lieu d'éliminer les inégalités et les discriminations existantes en matière de retraite et largement décriées par les travailleurs et leurs syndicats, le gouvernement s’apprêterait, selon la presse, à octroyer d'autres avantages discriminatoires à certaines catégories sociales au moment où les 7 millions de salariés s'attendent à une augmentation des salaires et des allocations familiales ainsi qu'à la ré-institution de la retraite sans condition d'âge après 32 ans d'activité et de la retraite proportionnelle et ou les 3.2 millions de retraités s'attendent à une meilleure valorisation de la pension minimale et de l'allocation minimale de retraite, de la majoration pour conjoint à charge et enfin à une actualisation annuelle des pensions et allocations indexées sur le cout réel de la vie. Source : Facebook
Sortons du tout répressif
Par Adel Abderazak, 10 septembre 2021
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La feuille de route tracée par le conseil de sécurité fondée sur le tout répressif s'exécute ces jours-ci à kherrata, Beni ouartilane et Aokas. Le MAK, dont l'existence était insignifiante, est devenu l'acteur premier dans ce scénario répressif.
Tout activiste kabyle est potentiellement makiste. Toute action associative, rassemblement en Kabylie est d'emblée soupçonnée de "makisme". Bref, le MAK a de belles espérances dans la jeunesse kabyle. L'article 87bis le sert plus qu'il ne le dessert. Ça rappelle le FIS des années90 où d'un noyau d'islamistes à la mosquée de Kouba, la répression en a fait un parti de masse islamiste-populiste sur fond de crise et de délégitimation du pouvoir.
Encore un vendredi où l'on doit rappeler les vertus de la démocratie dans le traitement de la crise, de l'effet salutaire des libertés individuelles sur la conscience sociale, de la libération du champ politique et culturel pour renouveler les acteurs politiques et sociaux, de décadenasser le champ universitaire où plus d'1.5million d'étudiants ont besoin de libertés, de créativité, de penser librement. Déboulonner la pensée critique étouffée, c'est permettre à nos universitaires et chercheurs de décrypter nos blocages et nos archaïsmes et nous interpeller sur ce que nous sommes.
La société ne se construit ni autour du religieux ni autour de la pensée unique, ni dans les prisons et encore moins dans le bouti ! Elle se construit autour d'utopies sociales et politiques. Donner du sens à nos vies, c'est donner de la substance à cette nation.
Cette rentrée politique et sociale ne se fera pas sans hirak car le hirak est un acquis, une idée qui mature, un acquis qui en fabriquera d'autres, un repère pour l'avenir. Cette rentrée va nous rappeler la brutalité de la crise économique et sociale et l'absence de toute prospective d'une économie en mouvement pour absorber les besoins sociaux et une précarité sociale grandissante. Cette rentrée va nous rappeler ce fossé terriblement "fossoyeur" entre une gouvernance autoritaire et une société encore réactive à la domestication.
L'Algérie a tout pour se reprendre. Sortons du tout répressif, de l'article 87-bis, libérons tous les détenus d'opinion, démocratisons le champ politique et social, révisons nos politiques publiques trop formatées par le néolibéralisme destructeur. L'Algérie a besoin d'une nouvelle gouvernance, démocratique et éthique. Elle a besoin d'une société qui se sent libre, libre d'exister, libre de créer. L'Algérien a besoin de considération, de travail, de liberté existentielle. Plus de 70% d'algériens sont jeunes et se sentent vieux, cassés, brimés, sans visibilité.
Il n'y a de solution que dans une Algérie démocratique et de justice sociale. Reprenons nos espérances et continuons pédagogiquement à convaincre ! Facebook