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Publié par Saoudi Abdelaziz

Au moment où émerge une volonté de concorde nationale au Mali, le 30 mai, le président français Emmanuel Macron a menacé de retirer les 5100 militaires français du Mali si le pays cédait « à l’islamisme radical ».  Moins de dix jours auparavant, le 22 mai, le général Lecointre chef d'Etat major, affirmait au « Figaro » : « Nous serons encore au Sahel en 2030 [et] l’Europe sera toujours engagée au Sahel. » 

Crise au Mali: « Il existe une volonté de saboter les accords d’Alger », estime Tebboune

Par Merouane Mokdad, 3 juin 2021. 24h-dz

Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé que la force du G5 Sahel, cadre politico-militaire crée à l’initiative de Paris, n’a pas les moyens de lutter contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne.

Créé en 2014, le G5 Sahel regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. « Le G5  a été créé pour contrer le Cemoc qui était mieux doté », a déclaré Tebboune, dans une interview accordée, ce jeudi 3 juin 2021, à l’hebdomadaire français Le Point. Installé à Tamanrasset, le Cemoc, Comité d’État-major Opérationnel Conjoint, rassemble l’Algérie, la Mauritanie, le Mali et le Niger.

« Certains s’opposent aux avancées de l’Algérie… » au Sahel

Dans ce territoire, certains s’opposent aux avancées de l’Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les accords d’Alger », a accusé Tebboune. Les accords de paix, signés à Alger et à Bamako en 2015, ont été parrainés par l’Algérie. Alger suit l’application sur le terrain de ces accords en concertation avec l’Union africaine.

Tebboune a critiqué implicitement la présence militaire française au Mali, de plus en plus contestée par les Maliens également.  « Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles. Le Sahel est composé de pays que l’Algérie a l’obligation d’aider dans la reconstruction de leurs États. Il ne s’agit pas uniquement d’un programme de lutte antiterroriste », a-t-il souligné.  

L’Algérie opposée à la partition du Mali

L’Algérie envisage-t-elle une intervention militaire au Sahel ? « La Constitution algérienne autorise désormais ce type d’intervention, mais la solution n’est pas là. L’Algérie ne laissera jamais le nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni ne permettra une partition du pays », a déclaré Tebboune.

Dimanche 30 mai, le président français Emmanuel Macron a menacé de retirer les 5100 militaires français du Mali si le pays cédait « à l’islamisme radical ».

« Pour régler le problème au nord du Mali, il faut y redéployer l’État. Via les accords d’Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens », a précisé Tebboune.(...)

Source : 24h-dz

 

Macron vraiment prêt à décamper du Sahel ?

Par Claude Angeli, 2 juin 2021. Le Canard Enchaîné

Les menaces proférées par notre chef de guerre, telles qu’elles ont été reproduites dans l’entretien publié par « Le Journal du dimanche » le 30 mai, ne sont pas d’une aveuglante clarté.

Comme par hasard, les membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) étaient réunis ce même jour au Ghana, et Macron voulait les inciter à réagir contre le second putsch perpétré à Bamako par le colonel Assimi Goïta, président autoproclamé du pays. La diatribe présidentielle soulignait aussi le risque de voir Goïta et ses associés en coup d’Etat pactiser avec l’« islam radical » et négocier avec les groupes terroristes.

Mais Macron n’a pas gagné ; les réactions de ses homologues africains se sont révélées mollassonnes. S’agit-il vraiment de rapatrier l’ensemble des militaires du contingent « Barkhane » environ 5 100 hommes – et de quitter le Sahel ? Comme si le président français voulait punir le Burkina Faso, le Tchad, le Niger et la Mauritanie parce que des officiers maliens se conduisent mal... Surtout, comment interpréter les propos du chef de l’Etat quand celui-ci ne cesse de se montrer incohérent au Sahel ?

En août 2020, lorsque des colonels avaient renversé le président du Mali et pris le pouvoir, Macron ne s’était guère montré enthousiaste. Le 22 avril 2021, en revanche, lors des funérailles du président tchadien, Idriss Déby, il a aussitôt accordé sa caution à Déby junior, son fils, général de 37 ans, ainsi qu’à ses 14 collègues généraux du « Comité militaire de transition », qui venaient de suspendre la Constitution, de virer le gouvernement et de dissoudre l’Assemblée nationale.

Si les colonels maliens n’ont toujours pas la cote à Paris, c’est que certains ont pour guide spirituel Mahmoud Dicko, Grand Imam de Bamako et ancien patron du Haut Conseil islamique du Mali. Toutes les négociations avec les djihadistes reçoivent, si l’on ose dire, la bénédiction de cet imam.

Ce dangereux commerce avec des terroristes n’a pas débuté avec l’arrivée au pouvoir de quelques officiers rebelles.

Macron, ses généraux et ses diplomates savaient que, depuis plus de dix-huit mois – et donc bien avant le coup d’Etat de Bamako –, les gouvernements du Mali et du Burkina ne se cachaient pas de négocier avec des groupes djihadistes, alors que des Mirage et des drones français étaient à la recherche de leurs chefs pour les tuer.

Virage de bord présidentiel

Incohérence encore quand, en avril 2021, le ton change à Paris. Dès lors, la position (non officielle) de l’Elysée peut se résumer ainsi : le « parrain » Macron accepte que ses alliés au Sahel discutent et passent des accords avec des responsables djihadistes, à condition que ces derniers ne soient pas les plus sanguinaires. Exemple de l’une de ces négociations, qui, le 11 avril, a abouti à la création d’un petit califat au Mali : les djihadistes locaux ont, depuis, été autorisés à prêcher en armes et à imposer le voile aux femmes et aux filles dans les villages du cercle de Niono, dans le centre du pays.

Ce virage de bord présidentiel a été confirmé par « L’Opinion », qui, le 6 mai, précisait que les islamistes admis à de futurs pourparlers ne devraient pas « avoir trop de sang sur les mains ». Avant de lancer ses menaces aux colonels maliens, Macron s’était-il concerté avec Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, et avec le chef d’état-major des armées, François Lecointre ?

Sans doute pas, car, en réponse à cette très courte question posée par « Le Canard », les collaborateurs de Le Drian n’ont trouvé ni le temps ni les mots pour convaincre nos lecteurs qu’un ministre des Affaires étrangères ne comptait pas pour du beurre dans la France de Macron. Quant aux chefs militaires, ils ont découvert dans le « JDD » la nouvelle stratégie présidentielle appliquée au Sahel. Et l’un d’eux, gêné, de botter en touche : « En février, le Président avait déjà dit la même chose ! »

Exact, mais, voilà à peine dix jours, le 22 mai, le général Lecointre ignorait ce que Macron avait en tête pour le Sahel. Et il promettait un avenir radieux aux protégés de la France, en déclarant au « Figaro » : « Nous serons encore au Sahel en 2030 [et] l’Europe sera toujours engagée au Sahel. »

Source : Le Canard Enchaîné

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