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Publié par Saoudi Abdelaziz

Le pain, le lait et le sucre vont-ils s’envoler ?

Le forcing a repris pour mettre fin aux subventions des produits de première nécessité. Le FMI, les néolibéraux -gouvernants et opposants mêlés-les économistes « orthodoxes » participent depuis 2015 à la campagne pour le retour de la « carte d’indigent » symbole de la paupérisation coloniale. 

"Le ciblage des populations qui ont vocation d’émarger au système d’aide directe a commencé. Les tranches des revenus définis, et les canaux de recensements des ménages cibles désignés." C'est ce que révélait avec délectation le 22 février 2018, le directeur de Maghreb Emergent un an jour pour jour avant le déclenchement du Hirak.

El Kadi Ihsan précisait :  "Ahmed Ouyahia se targue en privé d’être le premier homme politique capable de mettre fin au gaspillage ruineux du pain et des produits laitiers (sa phobie du Yaourt bon marché n’est pas surfaite). En réalité, la réforme du système de subventions algériens, que le budget ne peut plus assumer en l’état, attend le feu vert présidentiel pour se mettre à l’œuvre". El Kadi Ihsan encourage Bouteflika à signer : "Les réformes de système sont les plus importantes pour faire évoluer le modèle économique algérien, faire évoluer l’allocation des ressources de l’Etat et rendre l’économie plus efficace". 

"Consensus quasi parfait"

Deux ans plus tôt on pouvait lire ce titre de L'Expression : "L'actuel système coûte trop cher au trésor. L'inévitable réforme des subventions".  Le 4 septembre 2016, ce quotidien "indépendant" proche du pouvoir reprend ces propos d'Ahmed Ouyahia : «Tout le monde peut acheter un sachet de lait à 25 dinars. l'Etat algérien pourrait ne pas avoir les moyens prochainement pour subventionner les produits de première nécessité». Il faut dit-il se limiter à donner des sous aux indigents. Et L'expression conclut :  "Le consensus sur la question est quasi parfait. Il manque la volonté politique d'agir"

Le néolibéralisme n'ayant pas de frontière. Le même jour Liberté, le journal de M. Rebrab titre : "Subventions : la réforme est impérative". Il n'invoque pas Ouyahia mais "les services du Fonds monétaire international (FMI) (qui) recommandent à l’Algérie de supprimer par étapes l’essentiel de ses subventions généralisées et de les remplacer par un programme de transferts monétaires ciblant précisément les ménages à faible revenu".

Consensus d'en haut, rejeté par la « population » ?

Quels sont les inspirateurs les plus résolus de la fin des subventions sociales? Le site économique Maghreb Emergent donne le 7 Octobre 2016, la clé "consensuelle" pour faire face à la baisse des ressources financières pour le budget de l'Etat.

Faire contribuer fiscalement les grandes fortunes? Réduire les surprofits parasitaires? Réduire les dépenses inutiles de l'Etat? Non la priorité est ailleurs.

Le site explique : "La question de la réforme des subventions a pris une telle ampleur qu’elle constitue désormais la ligne de démarcation entre les partisans des réformes structurelles tant souhaitées et ceux qui militent en faveurs du statu quo. De plus, les enjeux qu’elle recèle sont tels que le clivage pouvoir/opposition n’opère plus puisque, dans les des camps, elle enregistre des soutiens".

Ces "partisans" si divers de la fin des subventions sont aussi bien : "des experts, des patrons que par des responsables politiques, y compris par certains nababs qui ont officié dans les labos du système à l’image de Temmar, de Benachenhou et Benkhalfa". Une belle brochette, représentative du peuple algérien dans son ensemble...

Maghreb Emergent ne va quand même pas jusque là. Il évoque le rôle dissuasif de la "population", qui bien que grande absente des médias n'en inspire pas moins de la crainte :

"Le chef de l’Etat sait que l’année 2017, qui est déjà promise par la crise s’amplifie à des turbulences sociales sera difficile. Il sait aussi que les comptes que la population ne lui a jamais demandés jusque-là lui seront étalés en vrac en 2017 si la ceinture se serrait sur elle".

"La question de la structure du système"

Evoquant le nouvel épisode Panama.dz où selon l’article publié par le Monde, l'importateur Bererhi se sucrait chaque mois de plus de 1,2 millions de dollars, en achetant du lait subventionné par sa société Panama, et en se revendant à lui-même en Algérie, Saad Ziane  écrit dans Libre-Algérie en octobre 2016 : "Des connaisseurs disent, en aparté, que c’est une pratique tellement généralisée qu’il en devient presque «injuste » qu’un tel soit cité alors que la plupart restent dans l’ombre".

Il élargit le propos : "Curieusement, cette affaire a été saisie très rapidement pour attaquer les subventions, le dada des libéraux. Pourtant, on le sait tous, si le principe de l’aide ciblée aux démunis – que même le FMI défend – est théoriquement discutable, il ne faut pas occulter que cela nécessite une administration efficiente et éthique qui fait défaut. On se sucre, comme toujours, à l’import et au lieu de poser la question de l’Etat, de sa refondation, on attaque les subventions. Encore une fois, il est nécessaire de rappeler que les questions économiques (subventions ou pas) ne sont pas séparables du politique. Quand le niveau des pratiques de corruption est élevé, il faut cesser de chercher un dysfonctionnement et poser la question de la structure, du système".

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