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Publié par Saoudi Abdelaziz

Une analyse du Canard enchaîné.

Parly envoie députés et sénateurs sur les roses

Par Claude Angeli, 10 mars 2021

Ces élus qui croyaient naïvement pouvoir débattre de la Loi de programmation militaire et de l’évolution des crédits qu’elle prévoit ont été sèchement rembarrés par la ministre des Armées. Le 19 février, déjà, à l’Assemblée nationale, Florence Parly les a en effet incités à s’intéresser plutôt à leurs circonscriptions qu’à ces questions militaires réservées aux grandes personnes.

Et elle n’a pas pris de gants pour le leur signifier : « Il n’y aura pas d’actualisation législative » de cette loi et des dépenses en matière de défense pour la période 2019-2025.

C’est faire peu de cas de la légalité. L’article 7 de ce texte – qui est la traduction budgétaire de la politique de défense – indique pourtant qu’« une actualisation (vérification des engagements et des crédits) doit être mise en œuvre avant la fin de 2021 », mais qu’importe : cet article déplaît à Emmanuel Macron. Aucun débat public, donc, à l’Assemblée ou au Sénat, a décrété Parly, qui invoque « le manque de temps et un agenda trop chargé »...

Elle a simplement invité députés et sénateurs à se contenter de la parole de Jupiter : « Le président de la République a réaffirmé avec force (formule rassurante ?) que les engagements pris seront tenus et que nous continuerons à mettre en œuvre la loi à l’euro près. »

Macron avait aussi affirmé naguère– avec force... – que les Français allaient être vaccinés « massivement ». On connaît la suite.

Réaction des députés ? Aucune, à ce jour, même les membres de l’opposition n’ont pas moufté. Il en ira différemment, croit-on, au Sénat, où le gouvernement ne dispose pas d’une majorité de godillots.

Débats inadmissibles

Ces mauvaises manières du Président et de sa ministre des Armées n’ont rien de surprenant. Le Parlement est hors jeu. On n’y a jamais débattu des opérations militaires lancées par l’actuel président ou par ses prédécesseurs. Et, après le désastre, en 2011, de la guerre de Libye, dont sont responsables Sarkozy et le Premier ministre britannique David Cameron (approuvés tous deux par François Hollande), aucune commission d’enquête n’a été menée à Paris. A Londres, en revanche – après cinq ans de réflexion –, le comité des Affaires étrangères de la Chambre des communes a rendu public, le 14 septembre 2016, un rapport accablant pour les promoteurs de cette intervention militaire irresponsable, à laquelle Obama avait apporté son soutien – « une terrible erreur », avouera-t-il après avoir quitté la Maison-Blanche.

Autre comparaison en défaveur de la Ve République et de sa Constitution quasi monarchique : en Allemagne, le Parlement vote chaque année le renouvellement ou l’annulation d’un engagement militaire. Et, en Grande-Bretagne, aucune guerre ne peut être décidée sans l’approbation de la Chambre des communes.

Source : Le Canard enchaîné

 

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