Comment s'en sortir? « La question vitale » selon Sid Ahmed Ghozali et ... Natacha Polony
« Ni dans l’étalage des lingots, ni dans les placards de devises, la question vitale est comment nous sortirons- nous de l’état de précarité et d’insécurité économiques et sociales qui est le nôtre. Trois fois hélas ! » C’est ce qu’affirme dans un texte diffusé par ses proches, Sid Ahmed Ghozali, éphémère Premier ministre au début des années 90, qui sera remplacé trois semaines après l’assassinat du Président Boudiaf.
La réaction de Sid Ahmed Ghozali à « un faux intégral »
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« Mes amis viennent de me signaler qu’un texte est en train de tourner dans les réseaux sociaux et qui est présenté comme signé de moi. Indûment.
Que cette présentation fût bien ou mal intentionnée, c’est un faux intégral que je dénonce.
Depuis plus de deux ans, peut-être trois, j’ai déserté la scène médiatique.
Ni interview, ni contribution.
Ceux qui m’ont assidûment lu savent bien que si j’ai critiqué sans relâche le pouvoir, ce fut sur ses politiques et ses pratiques détestables. Jamais sous forme d’attaques personnelles.
Celles-ci sont une cachette de l’indigence intellectuelle.
Elles affaiblissent les idées.
Y ont recours les gueux pour exciter des sots.
Tirer sur les ambulances, n’a jamais été ma tasse de thé. À ceux des hauts responsables actuellement face à leurs juges, j’ai dit ce que je pensais de leurs pratiques politiciennes, en leur temps.
Aux mots détestables et scandaleux j’ai répondu par des mots sans injurier ni hurler.
On ne me retrouvera donc jamais du bord des couteaux qui se croisent nombreux dans les entrailles des « taureaux qui tombent »
J’ai rappelé en avril dernier au Chef de l’Etat par intérim que le pouvoir connaissait parfaitement mes idées et l’exhortais, à ne pas décevoir le peuple, « qui, défilant dans la rue, ne demandait pas la lune mais le droit à une vie digne et libre »
Ni dans l’étalage des lingots, ni dans les placards de devises, la question vitale est comment nous sortirons- nous de l’état de précarité et d’insécurité économiques et sociales
qui est le nôtre. Trois fois hélas !
En vous priant de bien vouloir publier la présente aux fins d’éclairer l’opinion
Salam
Sid Ahmed Ghozali. »
Post Scriptum
Affaire Duhamel : des réseaux de pouvoir ? Vraiment ?
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Par Natacha Polony, 14 janvier 2021
(…) Olivier Duhamel a démissionné de toutes ses fonctions, et, soudainement, les médias s’aperçoivent qu’il en exerçait d’innombrables. Un tel cumul ne dérangeait pourtant personne jusqu’à présent. Pas plus que les « amitiés » qui se lient depuis des décennies dans des sphères où toute pensée divergente vaut procès en illégitimité. La dénonciation des réseaux de pouvoir et de l’endogamie entre haute administration, dirigeants politiques, patrons du CAC 40 et milieux d’affaires se voyait même taxée de complotisme, nouvelle dénomination de la « dérive fasciste ».
Fabrique de la pensée conforme
Il y a pourtant beaucoup à dire sur cette fabrique de la pensée conforme qui explique le décalage croissant entre les aspirations des citoyens et les politiques menées depuis plusieurs dizaines d’années. Car il n’est nul besoin, justement, d’imaginer des complots pour comprendre comment se sont imposées les dérégulations, le libre-échange généralisé, une Union européenne réduite à n’être qu’un espace de dumping social et fiscal ouvert à toutes les concurrences déloyales. Et le plus ironique est sans doute que ce n’est ni le constat des dégâts engendrés par les choix politiques de cette caste, ni un sursaut de foi en la démocratie et de prise de conscience de la nécessité de renouveler et de brasser les élites qui ébranlent aujourd’hui ce monde plein de morgue, mais des affaires de mœurs. Olivier Duhamel, bien sûr, président du Siècle, après en avoir été longtemps vice-président puis secrétaire général, président de la Fondation nationale des sciences politiques, membre du comité directeur de l’Institut Montaigne, codirecteur de la revue Pouvoirs présent à la Rotonde pour fêter en petit comité la victoire d’Emmanuel Macron (…) Source : Marianne.fr