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Publié par Saoudi Abdelaziz

Mark Esper, 2019. Photo DR

Mark Esper, 2019. Photo DR

Quand on évoque le « complexe militaro-industriel », le nom de Mark Esper vient à l’esprit. Quand il s’installe au Pentagone en 2017, il était depuis sept années, vice-président chargé des relations gouvernementales de Raytheon. Un groupe américain spécialisé principalement dans les domaines des systèmes de défense et d'électronique et dans l'aérospatiale.

En 2012, elle se classait au sixième rang mondial des ventes de matériel militaire. Le 3 avril 2020. Raytheon fusionne avec United Technologies pour former Raytheon Technologies. Sa taille critique dans le domaine des missiles fut atteinte à l'occasion des acquisitions des branches spécialisées de Texas Instruments et de Hughes Aircraft. Mais là ne s'arrête pas sa mainmise sur le secteur de la défense car son champ d'action touche de très nombreux segments (électronique embarquée, systèmes navals, contrôle aérien, radars, simulation, logistique).

Clientèle en perspective

«Le partenaire de défense préféré de l’Algérie est la Russie, à qui elle achète 85% de son armement», note le Waghington Post dans un article consacré à la virée algéroise de Mark Esper. Décryptant les motivations de cette visite, le journal américain, cité par El Watan écrit : «Les responsables du Pentagone disent voir une ouverture pour élargir les liens de défense des Etats-Unis avec l’Algérie et, espèrent-ils, contrer l’influence croissante de la Russie à travers l’Afrique.»

Le journal américain poursuit : «Bien qu’elle soit une puissance militaire régionale significative, l’Algérie n’achète pratiquement aucun équipement militaire américain, rejetant les conditions américaines sur les exportations d’armement. Les seules troupes américaines du pays sont stationnées à l’ambassade. Le pays n’invite pas les forces américaines à mener de grandes missions de formation comme le font d’autres Etats de la région ».

Les conflits armés c’est bon pour le business

En 2015, le magazine d’investigation en ligne américain « The Intercept » a publié des enregistrements audio attribués à de hauts responsables des principales entreprises d’armement aux Etats-Unis, «Ockheed Martin», «Oshkosh» et «Raytheon»,  dans lesquels ils se félicitent des gains générés par l’escalade des conflits au Moyen-Orient.

Les trois responsables assuraient aux investisseurs, lors d’une conférence du Credit Suisse, ce week-end, à West Palm Beach (Floride, sud-est), qu’ils ont «tout à gagner» de la guerre contre Daech, la guerre au Yémen, la guerre en Syrie et la crise entre la Turquie et la Russie.

Un autre enregistrement sonore est attribué à Tom Kennedy, membre du Conseil d’administration de Raytheon, entreprise américaine spécialisée dans les industries de la défense. Kennedy se félicite de la «hausse significative» de l’intérêt porté par plusieurs pays du Moyen-Orient pour les solutions de défense offertes par son entreprise [armes et matériel militaire], notant avoir rencontré le roi Salmane d’Arabie Saoudite à ce sujet. Il s’agit, a-t-il dit, des troubles grandissants au Yémen et de la guerre contre les Houthis, ainsi que de la guerre contre Daech en Syrie et en Irak.

Dans un troisième enregistrement attribué à Wilson Jones, directeur de la production d’Oshkosh –principal fournisseur de l’armée américaine en véhicules militaires et blindés-, le responsable affirme que l’expansion et la menace grandissante de Daech au Moyen-Orient a augmenté la demande sur les véhicules blindés M-ATV fabriqués par son entreprise. Evoquant un récent «voyage d’affaires» au Moyen-Orient, Jones affirme, en outre, que les pays de la région veulent «mécaniser leurs corps d’infanterie».

Les principaux fabricants et vendeurs d’armes américains se sont également félicités de l’augmentation du budget de la Défense de leur pays après deux ans de gel, atteignant les 607 milliards de dollars, -à peine 5 milliards de dollars de moins du budget demandé par le Pentagone-; un «régal pour l’industrie», s’est enchanté l’hebdomadaire américain «Defense News».

En 2014, Lockheed Martin a réalisé un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars, ce qui a fait d’elle la première entreprise de fabrication et de vente d’armes dans le monde. Raytheon a réalisé pour sa part un chiffre d’affaires de 22 milliards de dollars au cours de la même année. Source

La boucle est bouclée

En 2017, au moment de la procédure de confirmation de Mark Esper au Pentagone le Journal de Montreal notait : « Il est aussi un proche du chef de la diplomatie Mike Pompeo, aux côtés duquel il a étudié à la prestigieuse académie militaire de West Point. Les deux hommes en ont été diplômés la même année, en 1986. Sur le plan politique, il maîtrise les rouages du Congrès pour y avoir conseillé plusieurs sénateurs, notamment le républicain Chuck Hagel, devenu ensuite ministre de la Défense. Cela pourrait faciliter son processus de confirmation, même si ses liens avec l’industrie de la défense font grincer certaines dents. » Vous avez dit complexe militaro-industriel ? Par la suite, il se permet de remettre à sa place le président du bureau ovale qui piétinait les plates bandes. 

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