Le pouvoir veut-il « remettre en cause le pluralisme »?
C'est l'accusation du RCD contenu dans le communiqué incendiaire paru en réponse à des "fuites" sur les intentions du ministère de l'Intérieur de restreindre l'activité du parti.
Communiqué du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD)
24 juin 2020
Le RCD a été rendu destinataire, ce mardi 23 juin, d’une mise en demeure le sommant de renoncer à son activité politique sous peine d’engager une procédure de dissolution à son encontre. Fuitée dans les bras médiatiques de la police politique par l’administration du ministère de l’Intérieur, le courrier en question liste une série de supputations évasives sans aucune précision sur les faits, dates, lieux et autres personnes éventuellement incriminées par ce texte.
Dans les faits, cette missive, signée par le Secrétaire général du ministère de l’intérieur vient en violation de la Constitution en vigueur et des lois qui garantissent l’exercice des activités politiques et partisanes pour tout parti légal. Pour le reste, le RCD ne se réduit pas à un agrément ou à des locaux. C’est d’abord un courant de pensée, une histoire dans le combat démocratique et un idéal de société partagé par des milliers d’Algériennes et d’Algériens.
En vérité, le coup de force du 12 décembre 2019 ne peut s’accommoder de demies mesures. A défaut de légitimité démocratique et de compétence politique, les dirigeants de fait pensent pouvoir assurer la pérennité d’un système mafieux honni par l’écrasante majorité des Algériens par la répression politique, la restriction des libertés publiques en termes de presse, de réunions, la violation des droits de l’Homme et, bien évidemment, la remise en cause du multipartisme.
Avec ce courrier du ministère de l’intérieur, il s’agit désormais, pour la dictature en place, de persécution politique et de lynchage médiatique dans le but de porter atteinte à l’image d’un parti qui refuse de monnayer son autonomie décisionnelle et sa détermination à continuer la lutte pacifique pour une Algérie libre et démocratique.
Les milliers de militants et les centaines d’élus qui agissent dans ses rangs sont des acteurs de la liberté dont le sacrifice fait honneur aux combats et à l’Histoire de tout un peuple.
Vive le RCD
Vive l’Algérie libre et démocratique
Alger, le 24 juin 2020
Le RCD Facebook
Ce que reproche le ministère de l’Intérieur au RCD
Par R. Hamadi, 23 juin 2020. TSA-Algérie
Dans un post mis en ligne ce mardi 22 juin sur sa page Facebook, le président du RCD, Mohcine Belabbas, a affirmé avoir reçu un courrier du ministère de l’Intérieur comportant « des menaces explicites de dissolution » du parti.
Dans le document en question, il est reproché au parti de Mohcine Belabbas certaines de ses activités que le ministère de l’Intérieur considère en porte-à-faux avec les dispositions réglementaires régissant les partis politiques en Algérie.
Ainsi, il est reproché au RCD de porter atteinte « aux caractéristiques de l’État et à ses symboles », de donner l’opportunité à « une organisation illégale de faire des déclarations trompeuses » au cours d’une réunion publique autorisée du parti et d’utiliser le siège du parti pour « la tenue de réunions d’une organisation non agréée » ainsi que pour « des activités en dehors des objectifs tracés, comme l’hébergement de personnes étrangères au parti à des fins de mobilisation et de participation à des activités visant à porter atteinte à l’ordre public ».
Autres griefs reprochés au RCD, toujours selon la même correspondance, « les appels répétés à organiser des rassemblements et des manifestations non autorisés et susceptibles de porter atteinte à l’ordre public » et « l’entrave au bon fonctionnement des institutions publiques », « l’encouragement à leur fermeture par les élus locaux du parti », « sans réaction de l’instance dirigeante pour éviter la déviation de la voie démocratique ».
Enfin, le ministère de l’Intérieur reproche au RCD « l’organisation d’activités non autorisées sur la voie publique », « ce qui constitue une transgression des dispositions réglementaires de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus et une exposition des citoyens au risque de contracter cette maladie ».
« Par conséquent, il vous est demandé, en vertu de cette mise en demeure, de cesser ces dépassements et de conformer vos activités aux dispositions de la Constitution et de la loi organique relative aux partis politiques ainsi que la loi relative aux rassemblements et manifestations publiques, sous peine de prendre les dispositions prévues par la loi », conclut le SG du ministère.
Source : TSA-Algérie