QUI VA PAYER LA FACTURE ? Par Abdelatif Rebah
Facebook, 14 mai 2020
Il y a quelques années, du temps de la 3issaba des Ouyahia, Sellal et consorts, le patronat et ses élites maghreb-emergentes*, planchaient déjà, lors d’un symposium, sur la question de la facture, en s’interrogeant ingénument : l’Algérie peut-elle satisfaire la forte demande sociale alors que ses ressources sont limitées ?
Ses ressources sont limitées ! Oui, vous avez bien lu, « ressources limitées » !
On était au temps des « ressources limitées », où Ali Haddad bénéficiait de 124 marchés publics (dont la plus grande partie entre 2012 et 2018), d’un montant de 78 410 milliards de centimes, de 452 crédits auprès des banques, pour un montant de 211 000 milliards de centimes, dont 167 000 milliards de centimes, soit 83%, ont été accordés par des banques publiques.
C’était le temps des « ressources limités » où Mourad Oulmi, le patron de Sovac, faisait des aller-retour, entre le pays et la Métropole, à bord d’un jet privé loué à 600 000 DA de l’heure, ce temps des ressources limitées, où cet oligarque, béni des Dieux, s’offrait des sociétés civiles immobilières domiciliées en France, avec des biens acquis pour un montant déclaré de 24 185 112 euros , ce temps de « ressources limitées », où Mourad Oulmi avait racheté, en 2006, la luxueuse maison de Nicolas Sarkozy à Neuilly-sur-Seine pour le prix de 1 993 000 euros. C’était des temps durs où ce monsieur bien né avait bénéficié, entre 2014 et 2016, de crédits pour un montant total de 12 040 000 000DA
Comment l’Algérie avec des ressources si limitées pouvait-elle satisfaire la forte demande sociale, n’est-ce pas ? Cette pressante interrogation revenait comme un leitmotiv sous la plume des élites maghreb-emergentes, aujourd’hui recyclées dans le hirakisme pour la démocratie et l’Etat de droit. Après avoir applaudi frénétiquement à plus de trente années de casse libérale, au nom du basculement à l’économie de marché.
Ces snipers de la guerre sociale qui ont toujours dans leurs viseurs, les petits porte-monnaie du petit peuple, sont toujours prêts à appuyer sur la gâchette. Au nom des « équilibres budgétaires », « exterieurs », et tout le baratin servi habituellement pour masquer leur responsabilité exclusive dans ce fiasco économique.
Comme s’ils ignoraient que la question de l’équilibre de la balance des paiements qui devient cruciale avec la chute des recettes d’exportation est directement en rapport avec les intérêts et profits des groupes sociaux qui sont derrière les postes d'importation qui ont explosé ces dernières années : les voitures, le ciment, les carburants, le médicament, les climatiseurs, les transferts de dividendes, etc…
Comme si c’était le petit peuple des salariés et des maigres retraites qui avait été à l’origine de la désindustrialisation, du désinvestissement, de l’explosion des importations tous azimuts, des surfacturations, des surconsommations énergétiques, du boom des grosses fortunes, de l’évasion fiscale, de la fuite des capitaux, des dilapidations, malversations, à grande échelle etc, etc.
Source : Facebook
*En référence au site économique libéral Maghreb Emergent (note du blog)