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Publié par Saoudi Abdelaziz

« Ça suffit, l'exploitation ! », « Finis les salaires de la faim !» Ouvriers agricoles mexicains dans la vallée de San Quintin, en Californie. Photo DR

« Ça suffit, l'exploitation ! », « Finis les salaires de la faim !» Ouvriers agricoles mexicains dans la vallée de San Quintin, en Californie. Photo DR

Une mission "d’opérateurs économiques algériens du secteur de l’agriculture" se rend demain en Californie. Abdelkader Bouazghi, le ministre de l'Agriculture est embarqué  dans ce voyage organisé par le  Conseil d’affaires algéro-américain. Ali Haddad du FCE est aussi partant. "Ces missions aux Etats-Unis sont récurrentes depuis quelques années déjà" écrit  Hasna Yacoub qui fait le point dans l'Expression.

 

LA FABLE DE LA CALIFORNIE

Nouvelle mission d'opérateurs algériens aux USA

Par Hasna Yacoub, 13 Janvier 2019

Malgré la fâcheuse expérience avec les Américains, puisque la ferme gigantesque d'El Bayadh n'a pas encore produit le moindre litre de lait, les opérateurs algériens poursuivent leur mission aux Etats-Unis et cherchent même la signature d'autres mégaprojets.

Le Conseil d'affaires algéro-américain (Usabc) en coordination avec le Forum des chefs d'entreprise et l'ambassade d'Algérie à Washington va encadrer le déplacement demain et pour trois jours, d'une trentaine d'opérateurs aux Etats-Unis «pour s'enquérir du savoir-faire américain, notamment dans les filières de l'élevage et de l'agroalimentaire». Il s'agit d'une mission d'étude, initiée dans le cadre de la promotion de l'investissement et des échanges commerciaux entre l'Algérie et les Etats-Unis.

Mais en lisant cette information, la première impression qui se dégage est celle d'un air de déjà-vu, déjà entendu. Et c'est bien le cas. Car, ces missions aux Etats-Unis sont récurrentes depuis quelques années déjà. En 2016, une délégation d'opérateurs économiques a séjourné en Californie du 10 au 16 avril pour jauger les opportunités de partenariat avec les entreprises américaines dans le domaine de l'agroalimentaire.

Une autre mission avait été organisée, l'année d'avant et qui s'était soldée par la conclusion d'un joint-venture entre le groupe Lacheb et le consortium américain American International agriculture Group (Aiag) pour la création d'une ferme d'élevage de 20 000 vaches laitières et le lancement d'un projet similaire avec le groupe Tefralait à Adrar.

Qu'en est-il de ces deux projets? Une grande déception. Car, le fameux mégaprojet agricole américain à El Bayadh qui a été présenté en 2016 comme la solution à la dépendance alimentaire vis-à-vis de l'étranger est loin d'avoir atteint ses objectifs. Il en est de même pour le second. Faut-il rappeler qu'une grande polémique a enflé autour des deux projets de joint-venture algéro-américains.

Une enquête effectuée par un économiste, publiée en 2017, émettait de nombreuses critiques. L'investigation avait poussé le spécialiste à affirmer que «la partie algérienne pourrait être embarquée, dans un projet aux contours douteux». Il avait assuré que les projets d'El Bayadh et d'Adrar pouvaient nécessiter le pompage en eau «chaque année de l'équivalent du barrage de Beni Haroun sans aucune garantie de résultat».

La firme américaine Aiag et le responsable du Conseil d'affaires algéro-américain n'avaient pas tardé alors à répondre aux accusations infirmant toutes les remarques faites par l'économiste. Cela s'est passé en février 2017. Deux ans après, les assurances données par les Américains n'ont toujours pas été confortées par des résultats concrets sur terrain.

On est loin de l'exploitation des 20 000 hectares de terres pour produire du blé, de l'orge, des pommes de terre, du maïs... De quoi fournir de la nourriture pour une exploitation laitière de... 20 000 vaches! L'autre souci qui n'a pas été réellement débattu en Algérie est l'impact environnemental, et en particulier le besoin en eau.

Au sein du consortium américain partenaire, Aiag, on mesure même ce besoin à 400 litres par vache et par jour. Soit 8 millions pour l'ensemble du cheptel, 8000 m3 par jour. Aiag parle laconiquement d'un projet de barrage. Aucun barrage n'a vu le jour jusqu'à maintenant.

Faut-il aussi parler des risques liés à l'usage d'OGM et de pesticides, qui pourraient représenter un danger de contamination sur la nappe phréatique? Certes, l'Algérie doit atteindre l'autosuffisance alimentaire, mais est-ce que la fin justifie les moyens?

Malgré donc cette fâcheuse expérience avec les Américains, puisque la ferme gigantesque d'El Bayadh n'a pas encore produit le moindre litre de lait, les opérateurs algériens poursuivent leur mission aux Etats-Unis et cherchent même la signature d'autres mégaprojets. Ainsi, la visite de demain sera sanctionnée par la signature de quatre mémorandums d'entente avec des entreprises agricoles américaines, portant sur la création de trois fermes laitières de 30 000 vaches chacune et une unité de transformation de la pomme de terre.

Source : L'Expression

Lire aussi: L'Etat réédite la même erreur. L'alternative à l'agrobusiness existe

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